samedi, mai 30, 2015

Les adieux d'Aurélie Dupont à l'Opéra

Chaque fois que je vois une danseuse classique, je pense à Ghislaine Fallou, elle avait tout, la grâce, la technique et elle était complètement habitée. Ghislaine était de la même promotion qu'Aurelie, celle- ci avec un ravissant visage, je ne sais si c'est pour cela qu'elle a été choisie pour le concours de première danseuse, question sensibilité je préférais Ghislaine, qui a du patienter deux années de plus. Et je ne sais pour quelle raison personnelle, elle a craquée au moment où elle pouvait passer étoile. Patrick Dupont prenait Ghislaine comme partenaire, lors de Galas en dehors de l'Opera, sa mère me passait les lorgnettes mais je repérais cette danseuse au milieu du corps de ballet.je regrette sa disparition comme celle d'une étoile à peine entr'aperçue, elle n'avait pas trente -ans.
La danse et la folie sont de même essence.

  • www.youtube.com/watch?v=Fs_ZicBQso8
    30 déc. 2006 - Ajouté par swanodette89
    Guislaine Fallou is perfect. ... song is played at the piano during the first lesson with Christiane ...
  • L'ecole de ballet, opera de paris - YouTube ▶ 3:50 www.youtube.com/watch?v=Fs_ZicBQso8 30 déc. 2006 - Ajouté par swanodette89 Guislaine Fallou is perfect. ... song is played at the piano during the first lesson with Christiane ...
  • Daniel Wallard par l'historien Benoit Noël.Musé Montebello Trouville

    C'est toujours plus intéressant d'écouter un inconnu  parler d'un proche, cela élargit le champ, on en apprend bien plus, foin des bruits de couloir ou des ragots de cuisine. Benoit Noël connaît ses sujets par cœur, il raconte leurs histoires avec fougue, comme si  il les avait vécues, rencontré tous les personnages illustres que Daniel Wallard avait photographiés, je lui demande comment il garde sa fraîcheur "J'ai un jardin, je jardine!"
    Conférence de Benoît NOËL, historien d'art : 
    "Edgar Chahine, peintre-graveur"

    Jeudi 4 juin 2015 - 18h30
    Musée de la carte à jouer
    16 rue Auguste Gervais
    ISSY-LES-MOULINEAUX


    Exposition : "Edgar Chahine - un regard arménien"

    Du 22 avril au 19 juin 2015
    Salle Boullée de l'Hôtel de Ville
    ISSY-LES-MOULINEAUX

    Le bonheur ça se pique! Léo Ferré

    vendredi, mai 29, 2015

  • Laetitia Lambert, Auteur à Laetitia Lambert

    www.laetitialambert.fr/?author=2
    Avec la complicité artistique de Teresa Demarcy – Motta Interprétée par Olivier Broda ...Pessoa Voyages de l'insomniaque .... 15 mn | Super 16 mm | Format 1.33 | Avec Térésa Demarcy-Motta et Dorothée Blanck | Images Laurent Dhainaut |.
  • « Nous vivons tous dans ce monde à bord d’un navire sorti d’un port que nous ignorons vers un autre port que nous ne connaissons pas mieux, nous devons tous avoir les uns envers les autres une amabilité de voyageurs » Fernando Pessoa

    jeudi, mai 28, 2015

    Chacun son Panthéon.

    Octobre, le froid descend, les feuilles s'étiollent, les cimetières fleurissent, c'est l'automne!

    Jacques Sternberg (Anvers, 17 avril 1923 - Paris, 11 octobre 2006), romancier, pamphlétaire, essayiste, journaliste et chroniqueur, préfacier, est l'auteur de romans et de nouvelles touchant à la science-fiction et au fantastique.

    Ghislain Cloquet, né le 18 avril 1924 à Anvers et mort le 2 novembre 1981 à Montainville (Yvelines), est un directeur de la photographie belge.

    • Nom : Loew Jacques- cinéaste
    • Date de naissance : 31/12/1914
    • Lieu de naissance : Paris (France)
    • Date de décès : 24/12/1975
    • Lieu de décès : Paris (France)

      Fanny Blanck -Liberman (1911- 1992)



      Suzy Perreault _Infirmière au Club Mediterranée morte lors de la cannicule  (1 juin 1945- 3 aout 2003)




      Karl Loesch Ambassadeur pour la RDA plus petit que Fidel Castro 


      dimanche, mai 24, 2015

      Agnès Varda -Palme d'Honneur- Cannes 2015

      "Je suis française, je suis femme et mes films n'ont ni gagné ni fait gagner de l'argent", rappelle la cinéaste. Elle dédie sa palme "de résistance et d'endurance" aux "cinéastes inventifs".
      C'est un ravissement pour moi, à chaque fois, de revoir Corinne Marchand dans " Cléo de 5à 7", et Agnès Varda a été très longuement ovationnée, on sentait de l'émotion dans la salle, et moi j'en avais devant ma télé."



      samedi, mai 23, 2015

      L'ambivalence

      J'ai des amis qui sont complètement "blanc et noir" avec eux j'ai l'impression d'être sur un manège, "Le grand huit", ils ont forcément du talent et du charme " Je suis un salaud, mais un si gentil salaud! " me disait l'un d'eux. Peut être l'attrait du fruit défendu? J'ai avec eux le sentiment de vivre par procuration, rien à faire, pas de travail, ne pas se fatiguer à séduire, il en faut de l'énergie pour mentir, surtout se mentir à soi même sans tomber dans la déprime, l'alcool aide. Comment résister à un sourire d'enfant alors que dans l'heure qui suit on vous fait un enfant dans le dos.
      L'ambivalence m'a toujours chanté, je ne parle pas de l'ambiguïté qui me paraît sale, Non! Des personnes totalement généreuses tant que vous êtes orpheline, qu'elles ont le pouvoir, et totalement garces lorsqu'il s'agit de leur intérêt, ou d'un problème d'identité, j'imagine toujours une femme de ménage portugaise qui deviendrait vedette à l'Olympia et que son patron ne reconnaîtrait pas, il m'est arrivé de regarder la télé avec un protecteur, et qu'étant en gros plan à l'écran, celui-ci demande "Mais où êtes-vous?" Ou qu'une copine parle fort pendant la projection au point que son mari lui dise"Mais tu ne veux pas que je l'entende?"
      D'autres me disent de me protéger, mais de quoi, du ronron? Un jour on m'a offert les œuvres de Nina Berberova, je me suis totalement identifiée à sa pianiste qui est amoureuse d'une Diva, elle accompagne celle-ci avec dévotion, tout en étant jalouse au moment des applaudissements du public, Comme la pianiste  j'admire la flamboyance tout en restant assise sur ma chaise.

      vendredi, mai 22, 2015

      Qui a dit "Protégez-moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge!"

      Plus je reprends des forces, plus je m'aperçois  avoir été allégée lors de mes absences dans mon habitat.
      Un couple de brocanteurs s'était chargé de m'apporter du linge à l’hôpital, ils ont fait le ménage et mis un invité à eux dans mon habitacle pour deux-trois jours, je n'ai réussi à récupérer mes clefs qu’après trois mois, et le ménage si bien fait que je ne retrouve rien. Faut-il imputer à deux aides ménagères le souci de littérature, des manuscrits et livres se sont volatilisés, avec des trousseaux de clefs.
      Et une copine de clinique à laquelle j'avais acheté un pack de Jacques Demy, fait la sourde oreille depuis que je lui ai demandé de me prêter 4 DVD en vue d'un documentaire.
      Et ma petite chambre estimée à tant par le notaire, usufruit inclus, amputée de 5,000 euros par je ne sais quelle opération du Saint Esprit.
      J'ai oublié lors d'histoires de lit, avoir été prélevée durant mon sommeil de photos de travail, soit jalousie, soit  fétichisme, depuis j'ai tout donné à la Cinémathèque Française.
      Je comprends mieux un ami réputé cynique me disant" Mes enfants attendent que je crève pour l'héritage, et bien je ne crèverais pas!"
      Par contre j'ai été dotée par le chirurgien d'une jambe plus longue de trois centimètre, "C'est la faute à votre hanche!" Alors, de crainte de perdre l'équilibre, je marche si vite que mes connaissances sont surprises d'un si rapide rétablissement.

      jeudi, mai 21, 2015

      http://www.mapado.com/trouville-sur-mer/daniel-wallard-photographehttp://www.mapado.com/trouville-sur-mer/daniel-wallard-photographe
      Conférence de Benoît NOËL, historien d'art 

      "Daniel Wallard, photographe"

      Samedi 30 mai 2015 - 17h


      Musée Villa Montebello
      64 rue du général Leclerc
      TROUVILLE

      mardi, mai 19, 2015

      ""Oui, je crois qu’un livre a toujours deux auteurs : celui qui l’a écrit, et celui qui le lit. Michel Tournier

      Le fameux chignon banane d'Alexandre

      Rien n'est jamais perdu, la semaine passée, rencontre avec  Jean-Jacques Astruc, musicien, je le vois une guitare sur le bras, www.akadem.org/.../bob-dylan-et-moi-de-jean-jacques-astruc-18-02-20..www.akadem.org/.../bob-dylan-et-moi-de-jean-jacques-astruc-18-02-20..je lui demande s'il accompagnerait un chanteur,Yann, qui vit à Trouville.
      Il me donne RV pour un café dans le Marais ce lundi et vient avec une connaissance, "Nous avions 25 ans tous les deux ! me dit cet homme, j'étais alors modèle chez Alexandre le coiffeur, et lui administratif, nous nous sommes raconté durant trois heures, nos souvenirs   coiffure concordaient, et c'était très doux cet évidement dans le temps. Après son partenariat avec Alexandre, il est devenu journaliste,.


      www.youtube.com/watch?v=s3yVQV6Sibk
      7 sept. 2014 - Ajouté par Ganci Chris
      ANNIVERSAIRE Arlette Gilles - SURPRISE NICLAS CANTELOUP. Ganci Chris ... ▶ 3:18 www.youtube.com/watch?v=s3yVQV6Sibk 7 sept. 2014 - Ajouté par Ganci Chris ANNIVERSAIRE Arlette Gilles - SURPRISE NICLAS CANTELOUP. Ganci Chris ...

      vendredi, mai 15, 2015

      Club Méd -Complément d'enquête. TV2

      J'étais très contente de voir Arlette Gilles à l'écran, témoigner de son attachement sentimental à  Gilbert Trigano , mais ces collaborateurs chefs de village tel que Jean-Pierre Bâtard , parlaient d'or: le gîte, le couvert, peu d'argent mais eux payés à l'année. Les petits GO (gentil organisateur), intermittents ou au pair, nous n'avons pas eu nos points retraites, je vous laisse imaginer le confort dans nos vieux jours.
      Restait le cabotinage, le plaisir de s'exhiber chaque soir sur scène, d'être en représentation toute la journée auprès des GM ( gentil membre), nous avons appris à nous débrouiller de tout, des talents se sont révélés, à force de pratique, les GO étaient décontractés, moins compassés sur scène que des professionnels, et en ce qui concerne la drague, va pour les garçons, les filles c'était mal vu par la gent masculine un brin féodal, à peine matcho:"Tu comprends, m'a dit l'un d'eux, vous faites partie de notre cheptel, comme des chamois, si vous allez avec l'étranger, on ne vous connaît plus!" Sylvie Trigano avait raison de n'avoir pas aimé le film "Les bronzés"  trop caricatural, sous la ceinture.
      Le luxe, j'étais contente  de pouvoir m'initier à plusieurs sports, d'être obligatoirement bronzée, au point que mes amis, me voyant partir au Club, me jetaient un envieux "Bonnes vacances" sans vouloir comprendre que nous étions corvéable à merci et que le manque de sommeil minait nos nerfs.
      Et nous étions comme sur un bateau, les chagrins d'amour laissés à terre, certains disaient " La légion des cœurs brisés" Dans ce sens, cela m'a souvent sauvé la vie, j'en suis reconnaissante à Gilbert Héron et sa femme Arlette Gilles qui m'ont recueillie à chaque trafalgar, pour les beaux yeux de ma sœur Suzy qui était leur infirmière préférée.
      www.youtube.com/watch?v=niIxHI2sjRk

      lundi, mai 11, 2015

      CRITIQUE DE FILM

      L'HISTOIRE

      Cléo (Corinne Marchand) attend les résultats d’examens médicaux. Persuadée d’avoir le cancer, elle tente de se rassurer chez une voyante… en vain. Frivole, la jeune chanteuse va tout faire pour taire ses angoisses…
      Le film se déroule le premier jour de l’été, le 21 juin 1961, en temps réel, de 17h à 18h30. En quête d’elle-même, Cléo déambule dans Paris, depuis la rue de Rivoli jusqu’à son appartement situé sur la rive gauche, depuis la gare Montparnasse jusqu’au Parc Montsouris.  Ce parcours est parsemé de rencontres, de visions, de révélations et d’émotions contradictoires. Influencé par Hans Baldung Grien, ce film est la peinture cinématographique d’un thème éternel : la beauté et la mort.

       

      ANALYSE ET CRITIQUE

      En 1955, La Pointe courte, film pré-Nouvelle Vague d’une insolente liberté formelle, frappait déjà par son étonnante modernité. Sept années plus tard et trois courts métrages supplémentaires à son actif, Agnès Varda confirme avec Cléo de 5 à 7 sa place singulière dans le paysage cinématographique français. Bien plus fluide que La Pointe courteCléo de 5 à 7 est une peinture de la vie parisienne dans toute sa modernité. Tout comme Manet un siècle plus tôt, Agnès Varda continue de redéfinir les codes de son art, en prenant en compte un héritage pictural ancien. Elle soulève avec ce film des enjeux esthétiques qui traversent l’ensemble de son œuvre. Non sans contradictions, elle mêle le documentaire et la fiction, se nourrit de la réalité la plus concrète pour mieux y extraire des images abstraites et puise son inspiration dans la peinture et la photographie pour élaborer une mise en scène d’une étourdissante mobilité.
       
      La contrainte semble être le maître mot de Cléo de 5 à 7, non seulement parce qu’il s’agit du premier long métrage de la cinéaste réalisé sous la houlette de producteurs, mais surtout parce que le scénario du film se déroule en temps réel, de 17h00 à 18h30. En reconstituant chaque seconde de l’attente de Cléo, Agnès Vardarévèle une fois de plus son talent à valoriser les temps faibles. Bien loin de la frénésie et de l’éclatement narratif d’une série télévisée comme 24h chronoCléo de 5 à 7 se rapprocherait davantage de la structure duTrain sifflera trois fois. Mais dans le film d’Agnès Varda, le dénouement, c’est-à-dire le résultat des tests médicaux de Cléo, importe moins que la trajectoire de la jeune femme pendant ces quatre-vingt-dix minutes qu’elle vit en passant par tous les états, des rires aux larmes, de la frivolité à la conscience aigüe que la mort se tapit dans l’ombre du hors champ. Dès le prologue chez la cartomancienne, Agnès Varda expose, comme l’oracle d’une tragédie grecque, toute la matière fictionnelle de son récit jusqu’au sort funeste qui guette l’héroïne. Une fois de plus chez la réalisatrice, la structure du film est d’essence littéraire ; divisée en treize chapitres soigneusement minutés, cette déambulation dans Paris n’est pas non plus sans évoquer les descriptions impressionnistes de Rilke dans Les Carnets de Malte Laurids Brigge.
       
      Avec Cléo de 5 à 7Agnès Varda célèbre la beauté des corps féminins, filmés dans un idéal de perfection artistique. Dorothée Blank, déjà lumineuse dans L’Opéra-Mouffe, pose nue pour des sculpteurs dans un atelier. Ce geste de l’artiste au travail est une belle métaphore de la pratique cinématographique d’Agnès Varda qui considère Corinne Marchand comme un modèle « transformable à souhait. » (1) Dans un entretien pour Positif du mois de mars 1962 (n°44, p.7), Agnès Varda explique que la nudité, thématique centrale de ses films, est « un point de rencontre entre un univers qui est beau formellement et un univers beau moralement. » Il y a toujours une qualité abstraite, et rarement érotique, dans les corps nus filmés par la cinéaste, car elle recherche dans la nudité la possibilité picturale d’exprimer l’idée de beau. La représentation de la femme obéit ainsi à des canons esthétiques anciens. Agnès Varda a tourné Cléo de 5 à 7 avec les peintures et les gravures d’Hans Baldung Grien à l’esprit. La chair blonde de ces jeunes femmes, enlacées par de sinistres squelettes, rappelle inévitablement celle de la superbe et sculpturale Corinne Marchand.
       
      « Idole, elle doit se dorer pour être adorée » (2), comme l’écrit Baudelaire. Cléo se flatte d’être regardée et adore contempler les miroitements trompeurs de son superbe visage. Pour oublier sa maladie, elle aspire aussi à se réfugier dans le plaisir superficiel des robes et des chapeaux. Vedette montante du yé-yé, Cléo est comme ces belles blondes des films américains. (3) Le choix de Corinne Marchand est loin d’être un hasard.Agnès Varda connaissait parfaitement la carrière de la jeune actrice : « Bernard Toublanc-Michel l’avait repérée au Théâtre Mogador où elle jouait une Américaine en bermudas auprès de Georges Guétary. Il la suggéra à Jacques [Demy] pour l’une des danseuses de la Cigale dans Lola. Elle y a fière allure avec ses bas résilles et son chapeau claque. » (4) Dans le film de Demy, Corinne Marchand joue cette danseuse qui répète avec sensualité sous les yeux émerveillés des marins américains. Quelques instants plus tard, elle est rejointe par la brune Lola, au bon souvenir du duo formé par Jane Russell et Marylin Monroe dans Les Hommes préfèrent les blondes. De même, les chansons de Michel Legrand impriment dans Cléo de 5 à 7 un rythme de comédie musicale avec pour décor la représentation réaliste de Paris, loin des clichés en carton pâte desmusicals.
       
       

      Les paroles des chansons, écrites par Agnès Varda, ajoutent du sens et une profondeur au film. Au fond, qui est Cléo, cette « Belle Putain », qui expose son corps insolent comme un objet de plaisir, ou la royale Cléopâtre, que ses amants et ses musiciens viennent divertir ? Et que dire de la chanson poignante et déchirante Sans toi, interprétée par Cléo dont un moment de grâce et d’abstraction en noir et blanc inoubliable ? En plus de faire partie des plus belles scènes du cinéma français, ce cri d’amour constitue l’apogée du film et en illustre avec force le thème central : la beauté et la mort. Le texte fait écho à certains poèmes de Ronsard qui avertissent les jeunes femmes du caractère éphémère de leur jeunesse. Tout au long du film, les symboles de la vanité - les horloges à foison, les miroirs incalculables, les instruments de musique, les cartes à jouer - se glissent derrière le vernis documentaire et photographique des images. Ce symbolisme déguisé peut aussi prendre un tour plus explicite lorsque les enseignes des magasins Rivoli Deuilou Bonne santé sautent au visage de Cléo comme autant d’avertissements lugubres.
       
      La chanson Sans toi marque surtout un tournant dans le trajet parisien de l’héroïne : Cléo finit par arracher ses atours d’idole capricieuse pour se prendre en main et observer le monde qui l’entoure. La balade parisienne se transforme en flânerie baudelairienne ; la caméra ne retranscrit plus le narcissisme ébouriffant de la jeune femme mais exprime ses impressions et brosse les portraits fugaces des passants anonymes. Elle croise aussi des bateleurs qui se transpercent le biceps ou avalent à pleine bouche quantité de grenouilles. Ces visages grimaçants, à la manière des personnages peints par Bosch, accentuent l’angoisse douloureuse de la chanteuse. Chez Agnès Varda, le paysage fait toujours sens comme dans les tableaux de la Renaissance. Elle refuse de filmer des espaces quelconques : Cléo se promène au milieu de symboles et de signes, qu’il convient de décrypter pour saisir toute la richesse sémantique de l’œuvre.
       
       
       

      Pour éviter que cette flânerie ne se transforme en chemin de croix pour le spectateur, Agnès Varda a ressenti le besoin d’introduire aux deux tiers du film, en guise d’entracte, un petit film muet et burlesque dans lequel jouent ses amis de la Nouvelle Vague, Jean-Luc Godard, Anna Karina, Georges de Beauregard et bien d’autres encore. En plus de s’insérer comme une respiration bienvenue dans la continuité en temps réel du film, Les Fiancés du pont Macdonald témoigne de la tentation d’Agnès Varda de revenir au cinéma des origines, au croisement des Frères Lumière et de Méliès. L’héritage des Lumière était déjà perceptible dansLa Pointe courte. De nombreuses études ont fait le rapprochement entre la naissance du cinématographe et l’impressionnisme, notamment dans la manière dont ces deux arts parviennent à saisir l’instant présent et les bouleversements de leur époque. Les modes de représentation ne cessent d’évoluer, l’urbanisation grandissante transforme les grandes villes. Agnès Varda filme une capitale en constant mouvement, où circulent dans la chaleur de l’été, les voitures - Citroën Déesse ou Idée (5) -, les bus, les tramways et les trains.
       
      Ce mouvement continu embrasse aussi des questions sociales et politiques comme la Guerre d’Algérie qui prend une dimension inattendue avec le personnage d’Antoine, souriant, plein d’humour et de facétie. Antoine Bourseiller, homme de théâtre brillant, malheureusement décédé le 21 mai dernier, joue le rôle de ce soldat en permission qui s’apprête à repartir au front. La peur de mourir de Cléo se reflète dans les propres angoisses du soldat :  « Avec moi, vous auriez toujours peur. Moi, mourir pour rien me désole. Donner sa vie à la guerre, c’est triste. J’aurais préféré mourir d’amour. » A l’inverse du Petit soldat de Jean-Luc GodardCléo de 5 à 7 ne fut pas inquiété par la censure, sans doute parce que la Guerre d’Algérie ne constitue pas le sujet principal du film. Agnès Varda délivre aussi son message pacifiste en toute simplicité, sans aucune véhémence. Cette scène de rencontre avec Antoine dans le Parc Montsouris baigne dans une lumineuse sérénité et les sujets graves sont abordés avec légèreté.
       
      Cléo n’est pas un personnage immuable, elle se transforme et se régénère, malgré la menace de la mort qui pèse sur elle. C’est le premier jour de l’été comme le rappelle Antoine. Cet homme curieux de tout aime partager sa culture avec sa charmante interlocutrice sur telle variété d’arbre ou sur les résonances sémantiques de ses deux prénoms, Cléo et Flore : « Florence, l’Italie, la Renaissance, Botticelli, une rose. Cléopâtre : l’Egypte, le Sphinx, et l’aspic, une tigresse... » Ces jeux sur le langage renvoient à l’identité profonde des êtres et des choses. Comme le démontre Jean-Paul Sartre, le langage est un « miroir du monde» (6) ; grâce aux images et aux jeux poétiques, le langage aide à Cléo à se révéler à elle-même et à s’ouvrir au monde.
       
      Cléo de 5 à 7 est un film de sensations ; celles-ci circulent dans l’image, d’un plan à l’autre, naissent de ces contrastes entre le noir le plus noir, celui de la robe de Cléo, et le blanc le plus lumineux, celui des pelouses impressionnistes du Parc Montsouris. L’épanouissement de ces sensations est également facilité par la destruction de la perspective dans l’image. Le spectateur voyage dans les rues étriquées de Paris, se perd dans les reflets trompeurs des innombrables miroirs ou se retrouve nez-à-nez avec les visages des acteurs ou des figurants, souvent filmés dans un télescopage de plans frontaux qui rappellent inévitablement Manet et les peintres modernes.
       
      A cet égard, le chapitre VIII dans le café du Dôme est essentiel, car Agnès Varda s’inscrit dans un contexte culturel qui épouse un siècle de modernité picturale. Dès le début du XXème siècle, le Dôme rassemblait des artistes et des marchands d’art, parmi lesquels Max Ernst, Picasso ou Gauguin. A l’instar de Picasso qui vivait à la fois entre le quartier Montparnasse et le Montmartre des Surréalistes, Agnès Varda, installée rue Daguerre au début des années 1950, est tiraillée entre la rive droite des Cahiers du Cinéma (Truffaut,GodardRohmer, etc.) et les inclassables de la rive gauche (Alain Resnais et Chris Marker). Parmi les tableaux abstraits et les affiches d’exposition qui tapissent les murs du Dôme, se détache nettement dans plusieurs plans la reproduction du portrait de Berthe Morisot au bouquet de violettes peint par Edouard Manet en 1872. Manet, c’est le premier peintre de la modernité, celui qui aplanit l’image, détruit la perspective, présente ses sujets dans des compositions frontales et redéfinit de la sorte la place du spectateur par rapport au tableau. De même, Agnès Varda entreprend de remodeler l’espace cinématographique traditionnel. Le décor parisien ne lui permet plus de jouer avec la perspective renaissante comme dans La Pointe courte. Dans Cléo, il n’y a plus de profondeur de champ, il n’y a plus d'horizon. (7)
       
      Dès le prologue, le regard caméra règne en maître : le spectateur se retrouve pris dans le flux des sentiments, des émotions et des sensations que vivent les personnages. Cette utilisation massive du regard caméra, très originale et peu commune au cinéma, se fait naturellement chez Agnès Varda, influencée par sa propre pratique de la photographie et du documentaire. Par ce biais, elle invite le spectateur à pénétrer dans l’espace de la représentation ; ce dernier est apostrophé par des figurants, qui dans les rues ou les cafés, se tournent avec insistance vers la caméra (8), comme certains personnages dans les tableaux de Manet. Dans la séquence du café du chapitre II, il y a une allusion discrète à deux œuvres du peintre : Chez Le Père Lathuilleet Un Bar aux Folies Bergère. Agnès Varda fait preuve d’une étonnante virtuosité dans la manière qu’elle a d’observer et de filmer ce café parisien dans ses moindres détails. Très subtilement, elle met en valeur les conversations et les regards des ces personnages anonymes qui donnent vie au décor.
       
      Cléo de 5 à 7 est un grand film lyrique et passionné, indémodable et toujours d’une éclatante modernité. La mise en scène d’Agnès Varda respire, vit et palpite au rythme des humeurs de la bouleversante Cléo, mais aussi des personnages secondaires, tous finement traités. Avec ce film, Agnès Varda fait preuve d’une audace prodigieuse, saluée par l’ensemble de la critique de l’époque. Portée par ses nominations dans les prestigieux festivals de Cannes et de Venise, la cinéaste accède enfin à une reconnaissance internationale.

      (1) Agnès Varda, Varda par Agnès, ouvrage réalisé sous la direction de Claudine Paquot, Paris, Cahiers du Cinéma, 1994, p. 52
      (2) Charles Baudelaire, « Le Peintre de la vie moderne », Ecrits sur l’art, Paris, Librairie Générale Française, 1992 et 1999, p. 543
      (3) A noter que Madonna exprima à plusieurs reprises son envie de jouer dans le remake américain de Cléo de 5 à 7. Ce projet a été abandonné. Dans son essai, Agnès Varda se remémore sa rencontre avec la chanteuse : « Elle croyait devoir faire un film très américain. Elle avait peur de ma liberté de cinéaste. Bon. Je la regardais, avec son doux visage tellement proche de celui de Corinne Marchand. Je comprends qu’elle se soit identifiée à Cléo. » (Varda par Agnès, p. 60)
      (4) Agnès Varda, Varda par Agnès, p. 52
      (5) Lorsque Cléo et Angèle circulent en taxi, Cléo se réjouit d’être confortablement assise : « C’est une Déesse, j’aime ça. » La conductrice la contredit : « Ce n’est pas une Déesse, c’est une Idée. » Cette remarque est révélatrice du parcours de Cléo qui passe d’une représentation divinisée d’elle-même à une idée précise de ce qu’elle est vraiment. Agnès Varda joue avec le mythe de l’automobile. Cléo de 5 à 7 n’est finalement ni plus ni moins qu’un voyage initiatique entrepris à bord de différents moyens de locomotion urbains. Comme dans un road movie, la route de Cléo est alors ponctuée de rencontres décisives.
      (6) Jean-Paul Sartre, Qu’est-ce que la littérature ?, Paris, Gallimard, 1989, p. 21
      (7) Très admirateur de l’esthétisme de Manet, Jean-Luc Godard explique les techniques cinématographiques pour créer de tels effets  : « Si j’utilise une focale entre 30 et 40, c’est qu’elle permet de donner une impression de rapprochement et en même temps de garder de la netteté, de la profondeur de champ et de la perspective, alors que le 50 est un objectif rapproché qui détruit la perspective, un objective plus impressionniste. Manet par exemple est un peintre qui est passé du 32 au 50. » (Jean-Luc Godard par Jean-Luc Godard [tome 1 1950-1984], Paris, Cahiers du Cinéma, 1998, p. 466)
      (8) En peinture, ce type de personnages a été théorisé par Albert sous le terme d’admoniteur.

      DANS LES SALLES

      DISTRIBUTEUR : CINE TAMARIS
      DATE DE SORTIE : 19 MARS 2014

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