jeudi, février 16, 2006

Le feu

Chez des amis je décide de faire la vaisselle. L'évier rempli à moitié, l'eau se met à fumer, elle est brûlante et risque de déborder. Je verrifie les deux robinets chaud-froid, ils sont fermés. En regardant en-dessous afin d'y dégager des affaires, sac, chaussures déjà trempés, j'aperçois un gros tuyau de gaz percé de trous par lesquels s'échappent des flammes. La femme qui est debout à ma gauche reste interdite. L'homme qui est allongé dans l'alcove ne bouge pas. "Il faut sortir! dit la femme,désignant les grandes baies vitrées derrière nous.- ça va faire un appel d'air et ce sera pire! Il faut éteindre le compteur à gaz! Mais aucun des deux ne bouge.Je n'arrive pas à localiser ce compteur. Le feu a prit dans la réserve de bois qui est sous le lit.C'est ce qu'il s'appelle un incendie! dis-je.
Le matin, au marché, j'avais acheté un choux, cuit à la vapeur il est si délicieux que j'en ai mangé midi-soir.
A l'époque du TNP j'avais appris que Jean Vilar souffrait d'un ulcère à l'estomac, comment une simple élève aurait pù lui dire de se faire des jus de choux crus. Des années plus tard Jean-Claude Drouot m'a fait lire un livre où Jean Vilar racontait ses difficultés insurmontables pour maintenir le TNP à flot. Des comptes d'aphoticaire, il devait rendre compte de chaque sou des subventions accordées, il ne se payait que de feux, lorsqu'il jouait.
Toujours les jours de marché je guette la grande silhouette de Madame M. C'est mon Modigliani à moi, avec son beau visage triangulaire penché sur le côté et ses yeux étirés de chat. En réfléchissant pourquoi je suis si sensible aux portraits du peintre, je me souviens avoir postulé pour le rôle de sa maitresse lorsque Jacques Becker cherchait des comédiennes pour son film. Il ne m'avait pas retenue. Je me rappelle que sur une photo d'identité de mon père jeune, je trouvais une ressemblance dans le regard farouche et romantique du visage de Modigliani, quoique ses joues fussent pulpeuses et celle de mon père ascètiques.

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