vendredi, juillet 29, 2005

Swing in off Deauville

Depuis le temps que je sillonne Deauville sans jamais m'arrêter dans un bistrot, voici que Le Bing Band de l'école intercommunale nous fait assoir par terre dans la rue pour l'écouter.A voir les pieds s'agiter en rythme, il est clair que ma génération jouit de ces sonorités.Pour un peu, on se parlerait.

Cosette Martel, devant s'absenter afin de préparer sa conférence sur Le Père Goriot de Balzac, elle m'a offert son billet pour Ibrahim Ferrer au Théâtre du Casino de Deauville. Cet homme qui se tient droit, comme raidit afin de ne pas tomber, asseoit de temps à autre un bout de fesse sur une chaise haute. Ainsi il tient les deux heures pour un public qui ne veut pas le lâcher, applaudissant debout, bien qu'il leur montre son coeur fatigué. C'est chaud, c'est tendre et ça balance. Ses dix complices s'amusent entre eux avec l'humour noir au troisième degré des noirs, tout en veillant avec beaucoup de sollicitude à ce que le patron aille bien.Au bout d'une demi-heure, ils avaient tombé la veste. Ibrahim Ferrera gardé sa casquette.Cela dessine sa silhouette longiligne, fragile, alors que la voix reste pleine. On aurait envie de vivre leur vie de musicien.

jeudi, juillet 28, 2005

Conférences d'été Mairie de Trouville

Michel Larivière, sociétaire de la Comédie Française, nous raconte le dramaturge Georges Feydau. Toute l'intelligentsia de Trouville remplit le cinéma du Casino. Moi- même j'ai un plaisir sensuel à écouter un phrasé, une diction parfaite. Quand à Feydau, ce n'est jamais au-dessus de la ceinture bien que d'une précision d'horlogerie, le rire est gras.
Mon verbe est cru, cela choque les mêmes spectateurs qui pourraient être des lecteurs.

mercredi, juillet 27, 2005

Le commissaire Maigret France 2

Il pleut sur Trouville, heureusement nous avons Maigret l'après-midi. Personne ne peut rivaliser avec Jean Gabin mais Simenon reste Simenon. A Propos de Gabin, un jour dans le couloir d'un studio, il était assis sur un banc avec quelqu'un, il m'a lancé un jovial :Bonjour mademoiselle! J'ai été si interloquée de son amabilité que je n'ai pù répondre.

mardi, juillet 26, 2005

Trouville

A la librairie, mes livres sont en rayon, pas un seul exposé, ils n'en ont vendu aucun.
Je me réveille et sous mon lit, de l'eau venue d'où? Les draps ne sont pas encore mouillés. Tout en restant allongée dans l'espoir de me rendormir, je rame avec mes bras afin de mettre mon lit à sec.
Un homme me parle de JS. Tiens! Le voilà à cheval! En contre-bas, une écurie d'où partent des cavaliers pour une promenade; effectivement de profil, je reconnais Stern. Je savais qu'il avait pratiqué le tennis, la voile, le solex, mais pas le cheval. Je me propose de prendre des cours afin de l'approcher sans qu'il y paraisse; "Mais cette promenade, quand est-ce qu'ils reviennent? Une jeune femme préposée aux soins me répond sèchement: -Vous verrez bien quand vous les verrez!"

lundi, juillet 25, 2005

La fête de la Mer à Trouville

Chaque année, j'attends ce jour là pour manger du maquereau grillé. Toutes les petites mains de la Mairie s'affairent afin de servir dans la salle des Congrès la foule qui fait la queue pour ce régal.
Dimanche, j'ai voulu voir à la télé le phénomène Lance Amstrong, il papotait avec ses coéquipiers, je me suis endormie. Les bateaux de pêches avaient déjà pris la mer pour la bénédiction.
En rentrant chez moi, j'ai eu le temps de voir le sprint final au Champs-Elysées. Il faut vraiment s'arracher les tripes pour courrir comme ils le font!

vendredi, juillet 22, 2005

Brigitte Le Breton Maire de Caen, député du Calvados

Brigitte Le Breton nous a invité dans sa magnifique salle de mariage de l'Hôtel de Ville, faite de murs en boiseries claires, surmontées de peintures, tout celà très 18ème. Le discours était simple et chaleureux,J'y ai reçu sept chefs d'états le 6 Juin, ils ont tout de suite été à l'aise dans cette salle, nous avons papoté! Plus sérieusement, ils sont tous très conscients de leurs responsabilités vis à vis de la Paix!
Les étudiants ont reçu leur diplome, et en maitre de cérémonie Maître Blanchard a alterné les congratulations des uns aux autres, (intervenants et élèves),avec une chorale constituée par les mêmes participants. Outre L'Hymme à la joie rebaptisé L'Hymme Européen, chacun eu l'occasion de chanter son pays, c'était émouvant, et de voir la joyeuse humeur de leurs rencontres.
Margaret notre anglaise de choc, a eu le premier prix pour son petit film, le jury et le public étaient unanimes pour l'applaudir.
J'espère de tout coeur que Camille Galap, Jean-Pierre Gohel et François Solignac ainsi que leurs collaborateurs du Pôle Normand, (à propos de collaboration, Laurence Poincheval dont nous avions la primeur de son sourire chaque matin, a été reçue au concours de professeur des écoles )continueront comme par le passé à nous proposer chaque été un nouveau prétexte à venir aux stages de ces Université Européenne d'été, à pied, à cheval ou en voiture, je viendrais! Je ne sais si j'aurais eu le courage comme certains russes de venir en bus depuis Moscou soit trois jours de voyage!
Juillet est passé comme un bonheur d'été...
J'ai demandé à un coiffeur comment cela se faisait-il que les commerçants soient si aimables à Caen: La ville a signé La Chartre de qualité avec la Chambre de Commerce!
Je vais vérifier sur le web, quelle autre ville de France a fait cet effort.

jeudi, juillet 21, 2005

Le Mont Saint-Michel (La Merveille)

Nous avons eu en bouquet final, un guide Tonnere de Brest! Il assène son humour noir à coup de...Son père était tailleur de pierres.

mercredi, juillet 20, 2005

Journée de films

Monsieur Libois, maitre de conférence à l'université de Caen nous présente:
No Man's Land (Danis Tanovié Bosnie-France- Grande Bretagne)
Printemps,été,automne,hiver et printemps (Kim Ki-Duck-corée 2004)
Les Poupées Russes (Cédric Klapish -2005)
Au moment où je tape ça dans le cyberbar, un homme, écouteurs aux oreilles n'entend pas que toute la salle écoute forcément son cinéma. Il supplie sa maitresse de se montrer chatte, lui disant; Comme tu es belle! Comme tu es belle! Je voudrais pouvoir te serrer dans mes bras! J'ai cru que nous allions assister à une scène porno; Je ne voyais de lui qu'une nuque grise, de biais, je pouvais voir l'image de cette femme sur l'écran.

mardi, juillet 19, 2005

Universités Européennes d'été Pôle Normand La Paix

Monsieur Jean François Akandji, professeur à la faculté de droit de Caen: Les minorités en Europe; approche géographique, historique et juridique.300 millions de personnes autochtones, définition minorité: Mission impossible!La France est une, et indivisible: pas de minorités. La minorité est un phénomène qui se construit.
L'après-midi les étudiants ont exposé la situation des minorités dans leur pays:Albanie-Angleterre-Azerbaidjan-Allemagne-Bosnie Herzegovine-Chypre-Espagne-Grande Bretagne-Georgie-Hongrie-Italie-Lithuanie-Mexique-Russie-Slovénie-Turquie-Ukraine-USA. Soit une soixantaine de participants. En les voyant défiler, les deux vieilles retraitées ont dit: "Comme ils sont jeunes!- Eh oui, nous avons cinquante- ans d'écart!"

lundi, juillet 18, 2005

Musée des beaux-arts de Caen Jean-Charles Langlois

Curieux personnage que ce militaire géographe qui devint célèbre à sa retraite par des peintures de guerre. Il relevait mètre par mètre les terrains des champs de bataille pour en faire une toile à 380° qu'il exposait dans une rotonde prévue à cet effet. La difficulté c'était le décrochage qui déchire,ses oeuvres étaient donc éphémères.

Universités européennes Ecrivains Normands

Samedi 12h, une chappe de tristesse, je vois tout le monde se dissiminer pour le week-end: syndromme d'abandon. Je prends comme compagnon Guy de Maupassant et Barbey d'Aurévilly en chercchant l'ombre sous les bosquets, manque de peau ça sent l'urine!
Dimanche le bonheur est revenu. Le pli de se réveiller 10mn avant que le réveil ne sonne est bien pris. Le soleil est encore doux avec un petit vent divin. Les bâtiments entourent le stade du campus et nous sommes quelque-uns à goùter le plaisir de le traverser. Du haut du RU, la ville est à nos pieds. De traverser par le pont levis du Palais Ducal, je me sens châteleine. Le marché est étalé jusqu'au port de plaisance. Il y a longtemps que je n'y achète plus que des fripes pour m'habiller classique. Mais entre les senteurs des troënes le long des chemins et les épices des étals, mes sens redécouvrent une volupté qui ne sera écrasée que par la chaleur de midi. Le campus est quasiment désert, je mange du melon à chaque repas trop contente qu'on l'ai choisi pour moi. Je ne fais aucun plan, les citadins répondent gentiment quand on leur pose des questions sur un lieu où un horaire de bus. Là-haut, nos conversations sont didactiques, après des heures de conférences, c'est soulant. A table, je ne m'assoids jamais avec les jeunes, qu'ils ne craignent pas que je leur reste sur le paltot. Après quelques jours, ils ont pris confiance, ils me sourient lorsque nous nous croisons. Je retourne au Mémorial Respect oblige! C'est tragique jusqu'à la nausée. Rien de plus émouvant que les lettres si simples, si tendres,sans aucune plainte des soldats à leurs familles.
>Toutes les guerres sont civiles, car c'est toujours l'homme qui répand son propre sang. Fénélon Dialogues des morts (1712)
Je n'ai plus à fuir mon mentor, elle est rentrée dans ses foyers. Sa boulimie du savoir comble un creux dans sa vie privée, mais d'en faire un pouvoir, avec moi il faut se lever tôt, j'ai toujours fait l'école buissonière. Mon enseignant de yoga, Nils Hahoutoff nous disait qu'il valait mieux être en dessous de ses possibilités que de forcer son talent afin de ne pas créer des tensions de force. donc, aujourdhui, tout m'est doux, je n'ai pas à rendre compte de mes acquis, je puis me perdre dans la rêvasserie et l'improvisation en dehors des cours.
Les jeunes filles sont si jeunes et jolies, on dirait une pléiade de miss. Elles rient beaucoup, 3-4 garçons qu'elles entourent telles les abeilles un frelon.

dimanche, juillet 17, 2005

films pour la Paix -Pôle Normand

Sept élèves ont tourné des courts métrages. Qu'est-ce que la Paix? C'était, la plupart, une vision de cartes postales sur leur ville, leur vie, qu'ils voudraient idyliques, tout sourire.
Margaret, retraitée anglaise charmante comme on les imagine dans les films a dit que son petit village invitait les enfants d'un village africain pour des vacances: Bien que la nourriture anglaise est ce qu'elle est, c'est mieux que pas de nourriture du tout!!
Une tchèque nous a montré les actualités de sa ville en état de siège avec les agressions de la foule contre la police, et par comparaison, les même rues en temps de paix où tout serait fluide dans la circulation.

vendredi, juillet 15, 2005

Pôle Normand La Paix

Madame Moufida Goucha: Ce qu'est l'UNESCO, et quel est son programme. C'est une belle ambassadrice que l'on nous a envoyé.

Monsieur Philippe Ratte Le concept à l'origine de l'Unesco
Que les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défences de la paix
La clé pour la paix, lutter contre l'ignorance et les préjugés

Défilé à Caen

Il fait très chaud, la ville est désertée probablement pour la plage. Peu de gens derrière les cordons de police. La tribune des officiels est en bordure de l'hippodrome, Place Foch. Vingt minutes avant 18h tout est en place. Hormis les corneilles et un petit garçon qui tambourine contre la barrière en fer en poussant des cris stridents, le silence. Je suis surprise de ce calme, aucun débordement, une sérénité de ville de province, je me suis dit. Et d'un coup, je me suis souvenue que Caen a été la ville martyre durant la dernière guerre.

jeudi, juillet 14, 2005

Université Européenne de la Paix Pôle Normand

J'y suis, j'y reste!
Monsieur Francis Besnard,professeur honoraire de l'Université, Docteur en écologie.
Les déséquilibres écologiques menacent-ils la Paix?
L'écologie c'est la science du garde manger- Mayas disparus, manque d'eau et déforestation. Il faut 15K d'air respiré par homme et par jour.Vie basée sur l'équilibre ( 20 hormones). Stress: débacle hormonale. Seul le soleil est prometteur d'une énergie à maitriser. Peu d'eau douce disponible. 50x100 m besoin de terrain personnel ( terrain de foot).Un américain = deux européens.Paix: pas encore de guerre ou venant de sortir de guerre. L'eau, conflit latent. En 225 il y aura une butée Sans eau, migrations. La consommation d'eau augmentent deux fois plus que la croissance.Je n'ai pas cité les pourcentages que le professeur nous a donné. Il a terminé par: Le sage, c'est celui qui sait!
Entre les cours je foule l'herbe séchée et odorante du campus 1 pour descendre en ville. Les étudiants préfèrent Rouen pour l'architecture mais vivent mieux dans ce campus de Caen si pratique d'accès. En dix minutes nous dévalons les pentes bordées d'arbres pour traverser la cour du château où il y a le musée. J'étais tombée amoureuse de son conservateur tant il chérissait ses tableaux impréssionnistes.

mercredi, juillet 13, 2005

Le Pôle Normand Ecrivains

Un délicieux déjeuner d'adieu sous des parasols dans une des plus vieilles rue de Caen à "La Fringale". Le Pôl Normand fait bien les choses jusqu'au bout, tout a été cadeau durant ce stage. J'espère qu'il vont trouver d'autres sujets afin que je refasse le circuit.J'ai vu une jeune fille russe essuyer une larme, je n'aime pas les adieux, je me suis enfoncée dans la ville sans dire au-revoir. J'ai trouvé mon Vasarelly un recoin dans le restaurant U ou deux vitres se font face et refletent l'ombre des arbres sur un immeuble en béton et sur le ciel, cela bouge au gré du vent, et malgré le soleil il y en a. Et puis il y a les tennis, dès le petit déjeuner des jeunes gens se battent, et puis le stade où courent les jogueurs, et vers le soir, des basketeurs presque tous noirs mettent la balle dans le panier par-dessus leurs coéquipiers. C'est très sain de regarder cette belle jeunesse, sauf que la nuit, je ne rêve que de mes vieux fantômes frustrants comme de leur vivant.

mardi, juillet 12, 2005

bibliothèque de Caen

Nous avons pu toucher et lire les lettres de Barbey d'Aurevilly, quelle élégance dans la caligraphie. Puis nous sommes allés dans une librairie qui vend des livres d'occasion et sert du thé pendant qu'on les feuillette. De façon à me reposer, je reste seule durant les entractes de ce programme. Bagnauder dans une ville inconnue est du mystère, de toutes ces existences qui circulent d'un magasin l'autre. Je regarde comme si j'étais chez les martiens, m'étonnant que les filles fussent à la mode. Toujours, l'on a envie de vivre ce que l'on suppose que l'autre vit. Derrière les fenêtres de chaque ravissante maison, j'imagine le bonheur, et me sens plus triste d'être sur le trottoir. Je comprends ceux qui ne sortent pas, ils ne sont pas confrontés à une rivalité quelconque, la télé est la meilleure des théraphies pour applanir toutes nos ambitions, nos rêves.

lundi, juillet 11, 2005

Le journal d'une femme de chambre (Bunuel-Mirbeau)

La première fois que j'ai vu le film, ces tableaux de la bourgeoisie française ne m'ont pas interessée. Aujourd'hui j'ai apprécié la qualité du film, l'interprétation, la photo, j'ai regardé cela comme des eaux fortes, très cruelles, mais chaque personnage, chaque scène n'en demeure pas moins un cliché. Evidemment, il y a le charme et la sensualité de Jeanne Moreau.

dimanche, juillet 10, 2005

Mémorial de Caen- Plages du débarquement

Il faut voyager avec des étrangers pour voir des sites qui sont à portée de main. Impossible de ne pas verser une larme sur ces si jeunes soldats massacrés dès qu'ils ont mis le pied sur la plage, et la population sous un déluge de feu, ne sachant où s'abriter.
il y a des touristes pour descendre dans les cratères afin de s'y faire photographier!

Un jeune couple à la côte d'amour, Marie ne comprend pas un mot de français mais elle a des yeux étrangement troublants, Denis, professe notre langue dans l'Université linguistique de Nilni-Novgorod. Une ravissante blonde si menue qu'elle à l'air d'une gamine est également prof dans une autre université de la même ville. Elle est déjà si péremptoire que je m'inquiète.
Encore une journée pleine d'émotion, de beauté, nous avons vu la mer, les fameuses plages, et un soleil à 18h.

samedi, juillet 09, 2005

Caen

Dimanche 3 juillet. Une chambre seule, quel luxe! Une étiquette sur les conteners poubelles: Tri de Caen Se laisser trimballer des heures en car, rêvasser sur le paysage sans s'occuper de la géographie, On part de Caen pour arriver à....point.Les jeunes qui font la fête la nuit dorment dans le coin salon du car. Et à chaque fois un nouveau professeur es... quelque chose, plus gâtée tu meurs! Les russes sont très flattés d'être reçus par le Maire ou tout autre personnalité du pays. Hier c'était une comtesse, aujourd'hui un comte, sans compter les conservateurs de musées qui nous montrent leur collections comme si c'étaient des trésors de guerre.

vendredi, juillet 08, 2005

Rouen: l'important c'est l'étude.

Les spécialistes de Gustave Flaubert et de Guy de Maupassant se succèdent, ils ont chacun leur petite chanson. Ce qui m'émeut c'est de les entendre entre eux s'interroger afin de s'informer. Ils assistent aux scéances les uns des autres, c'est de la formation continue, cela nous conforte dans l'intérêt de leurs interventions.
J'ai compris que dans un cours magistral où l'enseignant ne fait que relire ses notes, on s'ennuie. Quand il parle et s'anime, on peut espérer le dialogue.

J'ai rêvé de Stern: j'étais au-dessus de lui et le laissais jouir, trop contente qu'il se sente à nouveau capable de copuler. Cela se passait par terre, ses amis nous entouraient, j'étais juste gênée devant eux que Stern ne fasse pas plus cas de moi: amour propre, frustration, vas t'en savoir!

Je partage dans le campus un appartement avec un jeune Tchèque aux yeux dilatés. Il ne peut me dire quand il rentre, il n'y a qu'une seule clé. Je lui dis: Je ne veux pas laisser la porte ouverte la nuit, et je ne veux pas que tu me réveille en tapant à la porte à n'importe quelle heure de la nuit!- Je comprends, je dors chez des amis! dit-il gentiment Ainsi j'ai gardé l'unique clé et j'ai très bien dormi.

Tout est cadeau dans cette équipée:la modicité de notre participation,l'organisation sans faille, la gentillesse de ceux qui nous encadrent, leur passion pour les sujets dont ils discutent.
Dès qu'il y a histoire, il y a vie. Je me demande s'il vaut mieux s'interesser à l'individu en premier, ou aborder d'abord son oeuvre. Je n'ai rien lu de ce dont on parle, je gobe tout de ce qui est dit à propos des créateurs. J'en suis heureuse comme une gamine. C'est une vie de rêve que d'être étudiant! - Sauf qu'ils ne trouve pas forcément d'emploi à la fin de ses études! m'explique le prof de latin:De mon temps, nous n'avions pas tout ce luxe, mais à la sortie , un travail assuré! Je la heurte avec ma négligence à faire des devoirs, elle me pompe avec sa science à tous propos. Ce n'est pas une aventure puisque vous suivez le troupeau sans savoir! - C'est une aventure de ne pas s'inquiéter où va le troupeau! L'émotion bourgeonne sur ma fesse. Flaubert est mort de la syphilis. Dans ce temps là on ne connaissait pas cette maladie, les furoncles, la folie, les douleurs articulaires en étaient les signes dont les médecins ne venaient pas à bout. Est-ce ces maux, ou les mots cassants que j'entends quant à ma conduite, ou le plaisir que deux conférencières aient pris la peine de lire quelques pages de mes écrits: lors d'une pause à Trouville, pendant qu'ils visitaient la pharmacie de Flaubert, j'ai rencontré au Monoprix un journaliste: Je viens de voir dans le journal que vous avez sorti un nouveau livre, j'aimerais l'acheter! - Venez au car! Je l'ai présenté aux autres, il a raconté qu'une pièce de lui se jouait au Château d'Aguesseau, c'est un montage sur la correspondance Sand-Chopin et Sand-Flaubert, nous étions en plein sujet.Au déjeuner, j'avais raconté quelques coincidences, c'était la preuve par dix. Toutes ces interférences bonnes ou mauvaises me tournent les sangs.

mardi, juillet 05, 2005

La crise de nerf

Dimanche, pas de communication pour Rouen, sauf tard, comment arriver à 10h du soir dans une ville étrangère, puis rechercher un campus qui est en soi une ville étrangère.
Je tente le stop , une mémère à chien-chien engueule son toutou: Ne m'énerves pas! Il fait chaud pour tout le monde! Et puis tu viens de boire!
Autant aller me coucher, puisque personne ne s'arrête, pire, devant mon pouce levé, des jeunes gens en voiture mettent leurs pouces vers le bas, comme César qui condamnait ses gladiateurs.
Une connaissance venait de me dire: Votre vie est interessante, mais vous le savez bien que vous n'êtes pas un écrivain!

Coup de grâce aujourd'hui avec les conférenciers qui expliquent tous les critères qui permettent de juger s'il y a oeuvre littéraire ou pas, j'étais au bord de la crise de nerfs. Je resterai auditeur libre, sans participer aux exercices de style qu'ils demandent aux charmants jeunes stagiaires venus de Russie, de la Tchécoslovaquie, et de la Norvège lesquels s'y prêtent de bonne grâce.
Maintenant je comprends mieux comment j'ai pû être décortiquée avec pertes et fracas par les instits en retraite de Deauville.

En rencontrant sempiternellement des femmes pour bavarder, leurs mots véloces qui étourdissent, les empêchant de tomber, j'imagine nos ventres béants faisant un énorme cratère de cendres, et ce trou m'envoie au fond fin de mon lit totalement vidée de douceur.