mercredi, septembre 30, 2009

Marie de Prémonville " Les matins courts"( Anne Carrière)


«Je dois au corps de cet homme invalide un talent de représentation, de la noblesse et de l’efficience. Je porte en permanence la conscience de la mobilité que mes membres doivent aux siens. Un instinct plutôt qu’un devoir. Nous sommes une entité, avec des forces complémentaires. Les miennes vont enfin servir, et mon corps défaillant, redécouvrir des ressources oubliées. Il faut que le courage saute aux yeux, mais qu’il fasse envie, il faut cracher à la gueule de la pitié, le sourire aux lèvres. J’ai un certain talent pour tout ça. Je suis éperdument amoureuse d’Antoine, j’aime la singularité du handicap car elle nous isole et nous soude. J’en aime les rituels, le vocabulaire, les ruses et même les contraintes. J’aime ce qu’il exige de moi, j’aime me voir en train de le donner, c’est un plaisir solitaire et puissant. Le premier symptôme d’une solitude insondable. »

Les Matins courts est le récit abrupt et troublant d'une singulière traversée du miroir : l'histoire d'une femme qui cherche dans l'épreuve à désarmer les mécanismes qu'elle avait patiemment élaborés pour se tenir à distance des autres et du monde.

1 commentaire:

4decouv a dit…

"Je devais à ses petits bricolages poétiques d'avoir gardé ma capacité d'émerveillement."

La vie d'Olivia est donc un immense puzzle, où chaque mouvement d'une de ses pièces l'entraine dans une chorégraphie de gestes et de rites, dans un ballet de sentiments. Pour chaque vide, une pièce, pour chaque pièce, un espace dédié... Un vide pour un manque ou un deuil. Une pièce, pour un proche, un ami ou un amant. Olivia construit sur ce qui manque et remplit les espaces pour donner vies aux sentiments. Tout comme son métier lui demande d'apporter de la matière pour réparer un livre, pour redonner une énergie nouvelle à des pages. C'est avec cette approche à la fois douce et amer que Marie de Prémonville va nous faire découvrir le charme fou de la relation qui va unir pendant un temps Olivia à Antoine, son compagnon paraplégique.

" Et voilà que, tout à coup, je me fonds dans une chorégraphie calibrée pour moi où mon corps est à la fois le tremplin de celui d'Antoine et son extension."

Les Matins Courts, c'est l'histoire des gestes quasi rituels qui rassurent. Une quête du mouvement opportun, de la symbiose presque parfaite. L'histoire de deux êtres qui vont former, le temps d'une relation passionné, un assemblage à la fois simple et compliqué de plusieurs pièces de puzzle. Deux entités qui, à l'occasion d'un geste du quotidien ou d'une caresse sensuelle, désirent ne former qu'un.

La suite ici : http://4decouv.blogspot.com/2009/12/les-matins-courts-de-marie-de.html

Frédéric Fontès