Ce sont des cochons
« Que voulez-vous que je réponde à
d’aussi ineptes balourdises ? m’interrompit-il dès les premiers mots de
mes explications. Les gens qui ne voient dans mon livre que de la
pornographie ne peuvent être eux-mêmes que des porcs... On ne convainc
pas des porcs... Quand ils sont gros, on les tue ; c’est tout ce qu’on
peut faire pour eux...
« Sérieusement, que vous dire ? En
montrant une femme de chambre violée à douze ans par un vieux sale, en
la laissant raconter elle-même sa vie de jolie fille tentante, en proie à
la horde de ses maîtres, de leurs fils, de leurs cochers, valets de
pied, jardiniers, palefreniers, j’ai voulu, non pas apitoyer le
bourgeois sur tant de fatale misère – le bourgeois ne plaint pas le sort
des domestiques –, mais j’ai voulu au moins montrer la navrante
tristesse de servir les autres, j’ai voulu expliquer que, dans la
solitude, dans le mépris et l’ingratitude qui l’accablent, dans
l’atmosphère basse et viciée où elle vit, la pauvre fille est bien
excusable de manquer de vertu !
« Mais j’ai voulu aussi, comme c’était
mon droit, comme c’était le sien, que sa peine fût au moins vengée par
sa clairvoyance ! J’ai voulu que rien des tares, des ridicules, des
vilenies du pseudo-patriciat moderne n’échappât à son flair aguerri, à
son œil sagace. Et, en effet, elle a vu des choses, elle a reniflé,
comme elle dit, l’odeur de leur linge, de leur peau, de leur âme !
« Ah ! Je les comprends, allez, ces
hypocrites protestataires ! Étudiants, ils culbutent les petites bonnes
de l’hôtel Cujas et les serveuses des bouillons ; mariés, devenus
notaires, ou juges, ou notables commerçants, ils mettent à mal les
paysannes de leur province qui les servent ; leurs fils font comme eux ;
leurs domestiques, séduits par de tels exemples, les imitent : ils le
savent parfaitement, mais le leur dire un jour, leur montrer qu’on les a vus,
qu’on connaît leurs sales débauches, leur piètre hypocrisie, cela les
rend fous, et, soudain, onctueux et indignés, ils appellent cela de la por-no-gra-phie !...Je connais ça. Je vous dis que ce sont des cochons ! »
Octave Mirbeau cité par Jules Huret, La Petite République, 29 août 1900
in Octave Mirbeau/Jules Huret, Correspondance, Interview & articles,
Du Lérot, éditeur à Tusson (Charente) [édition établie par Pierre Michel], 2009
in Octave Mirbeau/Jules Huret, Correspondance, Interview & articles,
Du Lérot, éditeur à Tusson (Charente) [édition établie par Pierre Michel], 2009
Jeanne Moreau est l'actrice la plus bandante du cinéma français, quand je la vois présenter les Césars, toutes les comédiennes font pâle figure à côté d'elle. (Sternberg détestait que je prononce le mot "bander" Est-ce que je mouille, moi?)
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