dimanche, janvier 09, 2005

Anne-Marie Rassam

Chaque fois que j'entends parler de Claude Berri, je pense avec tristesse à sa première femme, Anne-Marie Rassam. Un jour, à la terrasse du Flore, elle m'a agrippé le bras avec nervosité. Je l'avais entrevue lors de tournages de son mari qu'elle accompagnait, moi, au bras ( si je puis dire, car nous ne nous prenions jamais le bras en public) de son opérateur Ghislain Cloquet. Je trouvais cette femme extrèmement simple et discrète, cela me touchait, je lui ai vendu mon livre Une chambre pour un moment (Denoël). Le fait que j'y parle de mon séjour à Saint Anne a fait tilt. Je suis restée à son chevet durant un an. Elle n'était pas malade organiquement, seulement très exaltée et révoltée d'être éloignée de toute activité professionnelle après avoir été la productrice de son ex-mari.Elle habitait une ravissante petite maison dans une cour, face à La Chambre des Députés dans laquelle elle se barricadait de peur qu'on ne vienne la chercher pour l'emmener de nouveau disait-elle, dans un hôpital psychiatrique. Je n'ai jamais vu personne frapper à la porte hormis ses rares invités. Pour la rassurer, je dormais aux pieds de son lit ou dans la chambre du bas afin d'éviter les sonoritées d'une télé sans laquelle elle ne pouvait s'endormir. Anne-Marie, de peur d'être abandonnée, avait un art consommé de vous retenir, vous racontant une vie fabuleuse, entre son métier de cinéma et sa culture orientale due à un père diplomate. Je ne savais rien de ce qui était vrai, mais j'étais fascinée par sa mémoire et cette vie flamboyante entre Hollywood et les studios parisiens.Au bout d'un an, elle s'est lassée de ce que je ne faisais rien, ne touchais à rien, sauf d'aller aux courses longtemps afin de sortir de cette atmosphère confinée