La délicieuse M.A a eut 94 ans, elle devient la doyenne du coin, on a mangé les succulentes tomates offertes par sa voisine, et rissolées durant deux heures au four.
Moment de méditation lorsque mon hôte petit-déjeunant, ouvre sa pelouse aux agnelles qui viennent d'accoucher et se protègent du soleil avec leurs petits sous son noisetier. J'y prélève la poignée d'oméga 3, et secoue le prunier pour notre ration de fruits du jour à même l'arbre. Puis, la tyrannie sadornique, caustique, sadique et drolatique, bref tout en "ique", du patron qui s'évertue à nous fustiger au long du jour afin que nul des habitants du hameau et des environs n'ignorât son pouvoir de séduction. Hors son bricolage maison incessant, nous étions les uns chez les autres pour la rumeur en live, un flux permanent d'histoires et de rires...J'entends gueuler: Tu n'es pas une esclave, tu es mon invitée! Entre ordres et contre ordres je me mets en pilotage automatique, obéissant telle un enfant qui apprend, ce qui me repose et m'évite de penser.
Il m'a rallongé de huit jours mon séjour afin que l'une de ses amies puisse m'enlever pour aller voir des films au festival de Gindou: Alphaville de Jean-Luc Godard, Eddie Constantine y joue son rôle du légendaire Lemy Caution, il y a laissé sa peau de star, son public commercial ne lui a pas pardonné cette traîtrise avec la nouvelle vague. Les femmes de Godard sont toutes robotisées dans leurs blouses d'infirmières ultra sexy pour aimer le client dans ces structures déshumanisées. Anna Karina, belle et douce est l'espionne dont tombe amoureux le héros: "Pourquoi les gens ici sont-ils si tristes- Parce qu'ils manquent d'électricité!" C'est troublant de modernité ce film futuriste, nos centrales nucléaires prenant la tangente, nous gratifiant au passages du petit cancer des familles.
Il y a eu un simulacre de mariage. Je jalousais le camping-car d'un allemand inconnu, on lui intimât l'ordre de me raccompagner à la mer, il nous invitât à dîner dans son vieux moulin et se plia au jeu des photos souvenirs dans une ravissante petite église où mes amis facétieux trouvèrent un encensoir.
Un voisin m'a invitée à la fête des boulistes. Une jeune femme y dansait telle une fée au milieu d'enfants accrochés à sa mini-jupe virevoltant avec frénésie. Une petite de trois ans était en transe. Seule cette femme m'a fait tourner, ses jambes nues et mes épaules qui se dénudaient selon les passes, on devait faire un drôle d'attelage!
En guise d'adieu mon hôte m'emmena dire au revoir aux voisins en me faisant goûter une figue de chacun des figuiers du voisinage.
Dès sur le quai de la gare, la morosité citadine m'a reprise, j'ai même quelques larmes qui ont perlé arrivée à la Gare d'Austertitz.
Tel le brame d'un cerf d'une forêt lointaine chaque appel de l'homme me cause une déflagration viscérale, un tel naturel dans l'expression de ses sentiments.
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