SYNOPSIS
«Nacht und Nebel», la nuit et le brouillard, tel était le destin
réservé par les nazis à leurs opposants politiques qui disparaissaient
définitivement dans les camps de la mort. A leurs côtés et aux côtés des
tziganes, asociaux, homosexuels, handicapés et Témoins de Jéhova, se
trouvent tous les juifs d'Europe, concernés par la «solution finale»,
imaginée en 1942 par les nazis lors de la conférence de Wannsee. Les
libérateurs des camps ont rapporté de leur mission des images
insoutenables, mais nécessaires pour rappeler aux générations futures la
réalité d'une horreur sans nom. Michel Bouquet raconte...
LA CRITIQUE TV DE TELERAMA DU 21/10/2006
Film documentaire d'Alain Resnais (France, 1955). Commentaire :
Jean Cayrol, dit par Michel Bouquet. Image : Ghislain Cloquet. Musique :
Hans Eisler. 30 mn. Rediffusion.
Genre : dire l'indicible.
A l'opposé du lavage de cerveau, il y a le secret de ce film : un
massage de mémoire. Tout commence doucement, avec les images paisibles,
en couleurs, d'un vague terrain. « Même un paysage tranquille... » :
avec la patience implacable du réveilleur, le commentaire conduit tout
simplement à un camp de concentration, là où « une drôle d'herbe a
repoussé ». Les archives en blanc et noir prennent le relais pour
rappeler la genèse nazie de ces lieux, les heures sordides qu'y vécurent
les déportés, mais surtout cette singulière extermination au sortir des
wagons, où « la mort fait son premier choix. Un second est fait à
l'arrivée, dans la nuit et le brouillard ». C'est alors que surgit et
resurgit l'atroce spécificité : « Avec au loin la flamme du
crématoire... », « Il faut anéantir mais productivement... », « Quand
les crématoires sont insuffisants, on dresse des bûchers... », « Les
nouveaux fours absorbaient cependant plusieurs milliers de corps par
jour... » Enfin, le film passe des mémoires aux consciences : « Alors,
qui est responsable ? » (1)
Avec le respect dû à ces morts que charrient les images, Nuit et
brouillard pulvérise la scélératesse négationniste et vaccine contre
toute tentative de revenez-y. Apre et poignant comme une vérité sortie
du puits le plus nauséeux de l'histoire, ce chuchotement d'alarme lancé
dès 1955 par la coalition sacrée d'Alain Resnais et de Jean Cayrol ne
médit pas : il médite. Alors l'intransmissible cesse de l'être.
Antoine Perraud
(1) Pour tenter d'échapper à cette question, les autorités françaises
obtinrent, à la sortie du film, la suppression d'une vue de gendarme
bien de chez nous en faction au camp de Pithiviers...
Antoine Perraud
Antoine Perraud
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