un incertain regard
La disparition d'Alain Resnais
Alain Resnais est mort, je me permets d'écrire
ici ce petit billet en hommage à l'homme qui, avec son compère Chris
Marker, m'a donné envie de devenir cinéaste.
Dans ce film on voit bien que tout est possible aujourd'hui et qu'Alain Resnais est adepte du collage, de l'utilisation de toutes les techniques qu'il trouve à sa disposition. Je ne vais pas écrire ici un article de critique de cinéma, ce n'est pas mon rôle. Mais au lendemain de sa disparition, je me souviens qu'Alain Resnais avait fait ses études à l'IDHEC comme monteur, et j'ai choisi de suivre exactement sa trace. Je me souviens que modestement, il s'entourait d'auteurs brillants, Marguerite Duras, Jean Cayrol, Jorge Semprun, Jacques Sternberg. Ce que j'admirais le plus dans son œuvre, quand j'étais étudiant, c'est qu'il était pour moi le prototype de cet honnête homme, réalisant à chaque fois des œuvres maîtrisées, aux formes différentes, mais totalement construite, tout en traitant de sujets politiques, moraux, que si peu travaillait.
Il a fait des films, pas traité des sujets. Pourtant c'est lui le premier qui a réalisé un film sur la destruction des juifs en Europe, à une époque où un silence complet régnait. Je me souviens du choc, de la révélation pour moi à onze ou douze ans quand j'ai vu Nuit et brouillard. Je me souviens de ma joie, en montrant, à un de mes enfants, alors âgé de 10 ans, qui est resté scotché devant Les statues meurent aussi. Alain Resnais a construit une œuvre profondément politique, ancré dans son époque, jouant le rôle même dévolu aux artistes: émouvoir, faire réfléchir, prendre position, ne jamais injurier l'avenir.
Le producteur, Jean-Louis Livi, a fait une petite introduction avant la projection, parlant de lui comme d'un jeune cinéaste préparant déjà le suivant. Tout le monde savait dans la salle qu'Alain Resnais était vraiment malade.
Quand je suis rentré à l'IDHEC, Louis Daquin m'a demandé ce que je voulais faire, et je crois bien lui avoir répondu par bravade: "Je veux faire Alain Resnais". Je crois, modestement, que j'ai bien réussi, à suivre cette voie: je serais toujours, quoiqu'il arrive, en train de préparer le prochain.
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Alain Resnais pendant la mise en scène de Providence © dr
Grâce à mon camarade Christophe Ruggia, j'ai pu voir son dernier film, Aimer, boire et chanter, une œuvre incroyablement intelligente et subtile. Une adaptation de la pièce de théâtre Life of Riley d’Alan Ayckbourn
qui sort ce mois-ci en salle. Les acteurs y sont particulièrement
justes. Ils interprètent un texte qui les fait naviguer selon leur rôle
et les péripéties, entre la sincérité, les confidences, le mensonge, les
manigances, et la répétition d'une pièce. Alain Resnais nous
entraîne à sa suite, lentement tout d'abord, puis complétement, dans une
jubilation intellectuelle qui est bien trop rare aujourd'hui. On voit
dans ce film, à la fois le plaisir qu'il a à mettre en scène et comment
il trouve des solutions au manque de moyens...Dans ce film on voit bien que tout est possible aujourd'hui et qu'Alain Resnais est adepte du collage, de l'utilisation de toutes les techniques qu'il trouve à sa disposition. Je ne vais pas écrire ici un article de critique de cinéma, ce n'est pas mon rôle. Mais au lendemain de sa disparition, je me souviens qu'Alain Resnais avait fait ses études à l'IDHEC comme monteur, et j'ai choisi de suivre exactement sa trace. Je me souviens que modestement, il s'entourait d'auteurs brillants, Marguerite Duras, Jean Cayrol, Jorge Semprun, Jacques Sternberg. Ce que j'admirais le plus dans son œuvre, quand j'étais étudiant, c'est qu'il était pour moi le prototype de cet honnête homme, réalisant à chaque fois des œuvres maîtrisées, aux formes différentes, mais totalement construite, tout en traitant de sujets politiques, moraux, que si peu travaillait.
Il a fait des films, pas traité des sujets. Pourtant c'est lui le premier qui a réalisé un film sur la destruction des juifs en Europe, à une époque où un silence complet régnait. Je me souviens du choc, de la révélation pour moi à onze ou douze ans quand j'ai vu Nuit et brouillard. Je me souviens de ma joie, en montrant, à un de mes enfants, alors âgé de 10 ans, qui est resté scotché devant Les statues meurent aussi. Alain Resnais a construit une œuvre profondément politique, ancré dans son époque, jouant le rôle même dévolu aux artistes: émouvoir, faire réfléchir, prendre position, ne jamais injurier l'avenir.
Le producteur, Jean-Louis Livi, a fait une petite introduction avant la projection, parlant de lui comme d'un jeune cinéaste préparant déjà le suivant. Tout le monde savait dans la salle qu'Alain Resnais était vraiment malade.
Quand je suis rentré à l'IDHEC, Louis Daquin m'a demandé ce que je voulais faire, et je crois bien lui avoir répondu par bravade: "Je veux faire Alain Resnais". Je crois, modestement, que j'ai bien réussi, à suivre cette voie: je serais toujours, quoiqu'il arrive, en train de préparer le prochain.
Moi aussi, Alain. Un de mes films préférés.
Bon sang ce que j'avais pleuré, la 1re fois.... "Muriel" et "Hiroshima",
les films que j'ai vus le plus grand nombre de fois, je crois....
Tous les acteurs l'aimaient. ( Je m'étais
fait engager comme figurante sur "La vie est un roman, en 1982, pour
pouvoir observer sa façon d'être et de travailler, et il nous traitait
nous, les figurants, avec beaucoup de respect et d'amicalité). Et je me
souviens du choc reçu à " Providence". Merci Pol pour votre billet.
Merci Pol. Je copie le commentaire que j'avais mis ce matin sur un autre billet aujourd'hui avec de menus changements
Il est allé rejoindre Chris Marker avec qui il avait réalisé, en collaboration avec Ghislain Gloquet, "Les statues meurent aussi". Un grand bonhomme à la palette aussi grande que son coeur.
Et pendant ce temps, comme en écho inversé au documentaire cité plus haut, Tillinac vient sur le "service public" faire la promotion de son dernier livre "Du bonheur d'être réac" (tout un programme) et dit, au cours d'un entretien hallucinant "on ne peut pas être ému par toutes les cultures...". Quelle époque de régression mentale parmi ces gens. Et si loin d'Alain Resnais.
Voir à 2:32:57 là
Il est allé rejoindre Chris Marker avec qui il avait réalisé, en collaboration avec Ghislain Gloquet, "Les statues meurent aussi". Un grand bonhomme à la palette aussi grande que son coeur.
Et pendant ce temps, comme en écho inversé au documentaire cité plus haut, Tillinac vient sur le "service public" faire la promotion de son dernier livre "Du bonheur d'être réac" (tout un programme) et dit, au cours d'un entretien hallucinant "on ne peut pas être ému par toutes les cultures...". Quelle époque de régression mentale parmi ces gens. Et si loin d'Alain Resnais.
Voir à 2:32:57 là
PIPO,
Pitié ! Pas ce lourdaud limité et fier de l'être (Tillinac) à côté de la finesse intellectuelle et esthétique (avec ses failles) du disparu !
Trouvons-lui, s'il le faut, un réac d'une autre envergure. Ça existe. Hélas ...
Pitié ! Pas ce lourdaud limité et fier de l'être (Tillinac) à côté de la finesse intellectuelle et esthétique (avec ses failles) du disparu !
Trouvons-lui, s'il le faut, un réac d'une autre envergure. Ça existe. Hélas ...
Je suis loin d'avoir tout vu de Resnais, et certains films m'ont paru mineurs ou moins réussis que les autres...
Mais je reste marquée par L'Année dernière à Marienbad (de la SF comme on n'en faisait jamais en France à cette époque !), La vie est un roman, Mélo (le titre a bêtement manqué me le faire rater, ne faites pas la même erreur ;-) et l'éblouissant Smoking / No smoking. Parmi les derniers, Les Herbes folles.
Mais je reste marquée par L'Année dernière à Marienbad (de la SF comme on n'en faisait jamais en France à cette époque !), La vie est un roman, Mélo (le titre a bêtement manqué me le faire rater, ne faites pas la même erreur ;-) et l'éblouissant Smoking / No smoking. Parmi les derniers, Les Herbes folles.
Beau billet sur un homme de talent et de conviction.
"Nuit et Brouillard" ce soir sur France 2 en
remplacement de James Bond. A ne pas manquer ! Et vivement aussi la
rediffusion de "Muriel" et d"'Hiroshima mon amour". Des films que j'ai
vus et revus moult fois, avec la même émotion, toujours intacte....
Un grand jeune homme de 91 printemps est parti et nous laisse tous orphelins. RIP, Alain !
Un grand jeune homme de 91 printemps est parti et nous laisse tous orphelins. RIP, Alain !
Bien sûr, je recommande...
Et bien non, finalement, ils ne l'ont pas
passé.... Honte ! Ils l'avaient pourtant annoncé sur Twitter.... Mais
j'espère qu'on aura une VRAIE rétrospective, avec N&B, mais aussi M,
et plein d'autres....
A l'heure des montées de violence en
Ukraine, rappelons cet excellent film d'Alain Resnais, collaborant avec
le professeur Henri Laborit, Mon oncle d'Amérique, dont voici 2 petits extraits:
Henri Laborit, Mon Oncle d'Amérique. 1/2
Henri Laborit, Mon Oncle d'Amérique. 2/2
Si on réfléchissait plus à ce qu'il y dit, il y aurait certainement moins de conflits dans le monde!
Henri Laborit, Mon Oncle d'Amérique. 1/2
Henri Laborit, Mon Oncle d'Amérique. 2/2
Si on réfléchissait plus à ce qu'il y dit, il y aurait certainement moins de conflits dans le monde!
Merci M. Alain Resnais pour tout ce bonheur fabriqué et que j'ai dégusté comme des pâtisseries subtiles.
Un moment qui colle à ma mémoire et auquel je suis très attaché, Sabine Azema chantant la chanson de France Gall; "Résiste .. Pourvu que tu existes .."
Un moment qui colle à ma mémoire et auquel je suis très attaché, Sabine Azema chantant la chanson de France Gall; "Résiste .. Pourvu que tu existes .."
Merci M. Alain Resnais pour tout ce bonheur fabriqué et que j'ai dégusté comme des pâtisseries subtiles.
Un moment qui colle à ma mémoire et auquel je suis très attaché, dans "On connaît la chanson", Sabine Azema chantant la chanson de France Gall; "Résiste .. Pourvu que tu existes .."
Un moment qui colle à ma mémoire et auquel je suis très attaché, dans "On connaît la chanson", Sabine Azema chantant la chanson de France Gall; "Résiste .. Pourvu que tu existes .."
Scoop !
On l'a retrouvé, il est décédé.
Vous avez dit : "Disparition" ?
Cela ne change rien au talent de cet homme, ni à la qualité de votre billet, mais cette expression me sort des yeux...
On l'a retrouvé, il est décédé.
Vous avez dit : "Disparition" ?
Cela ne change rien au talent de cet homme, ni à la qualité de votre billet, mais cette expression me sort des yeux...
"Nuit et Brouillard" ce soir sur France 2...
Ma première rencontre avec ce grand cinéaste !
Ma première rencontre avec ce grand cinéaste !
Disparu ?
Non, il a juste "tourné le coin", et nous n'avons pas fini d'entendre et de voir tout ce qu'il nous a conté...
Non, il a juste "tourné le coin", et nous n'avons pas fini d'entendre et de voir tout ce qu'il nous a conté...
Je me rappelle du simplissime, brillant,
rude, éblouissant et percutant Nuit et Brouillard, mais aussi des
emmerdentissimes L'Année Dernière à Marienbad et Hiroshima Mon Amour
(avec la collaboration de la chiantissime Guiguite). Après j'ai arrêté.
Moi qui n’était déjà pas fana du ciné, ça m'a complètement vacciné.
Désolé de déplaire au chœur des adorateurs mais si ça a bien commencé, ça n'a pas forcément bien suivi... Quant à la fin, je ne la connais pas.
RIP quand même.
Désolé de déplaire au chœur des adorateurs mais si ça a bien commencé, ça n'a pas forcément bien suivi... Quant à la fin, je ne la connais pas.
RIP quand même.
Nous nous sommes tant aimés ...
À un jour près, son ombre tutélaire serait venue "planer" sur des Césars de longue date totalement nuls.
Le siècle va définitivement basculer (culturellement), car, en France, il reste deux "grands". Eux disparus (à Dieu ne plaise), tout un pan de ce qu'est PROFONDÉMENT le cinémaTOGRAPHE (pour le dire comme Bresson) aura aussi disparu !
N-B : Je ne suis pas sûr que "Nuit et brouillard" soit tout à fait le "premier" film sur le sujet. En France, sans doute. À ce qui fut "l'Est", c'est moins sûr. Mais restons-en à la "Nuit" et à la ridicule et ignoble censure de son flic français enlevé du plan ... puis remis
merci d'avoir rédigé si vite.
Je reste pour ma part un attaché névrotique de Muriel. Rarement apprécié, je trouve.