vendredi, décembre 03, 2004

Le cirque Arlette Gruss

Sur la belle esplanade de Reuilly ne traine pas une seule feuille morte. Plusieurs cirques se font face: Pinder avec ses rayures jaunes et rouges, Phénix, et de l'autre côté, Arlette Gruss avec un chapiteau blanc et des triangles rouges.
Les placeurs ne parlent pas francais, le mien dit être polonais. Les promenoirs sont complètement aseptisés, aucune odeur d'animal. Pas de vente de Pop-corn, peut-être pour ne pas en croquer dans la salle et que les animaux par l'odeur alléchés...L'éclairage est tamisé avec des lustres style bohème, une vieille dame s'est cassé la gueule entre deux rangées. Les tabourets blancs et or des fauves sont déjà disposés sur un tapis rouge. Pas de sable ni de sciure. Rien à voir avec les petits cirques de mon enfance qui sentaient le rance. On se croirait dans un salon de luxe.
C'est vendredi 14h.Un public de retraités invité par les mairies, pas d'enfants, pas de visiteurs pour la ménagerie, ni de gourmants pour les friandises. J'espère que les municipalités rétribuent généreusement les artistes, car le pourboire doit être chiche. Dès qu'on a une place gratuite, on économise sur tout et la retraite rend chiche.
Je manque le coche, chez Darty j'hésitais entre une appareil photo numérique ou une caméra. J'attends d'être capable de faire les manipulations seule, sur internet.
Il y a quatre mats qui soutiennent le chapiteau. les spécialistes de la poursuite (projecteur) montent là-haut.
Il est moins une...On entend les grognements des félins en coulisse. La cage est surmontée d'un filet, s'ils s'avisaient de la grimper, ils ne pourraient se jeter sur le public. En plus, aujourdhui, ils n'auraient que de la vieille carne! Les cannes concurrencent en nombre le bâton du dompteur.
Les placeurs ont une livrée à galons, toujours sexy.
Il y a un vrai orchestre.Monsieur Loyal, blond et sec annonce le titre du spectacle Fantaisie. Le dompteur vient d'Allemagne avec six lionnes, lesquelles réclament des bisous pour travailler. Il murmure aux bêtes, tout dans le sourire. Pas de cris d'effroi ni de rires d'enfants, ça manque! Les accéssoiristes sont de vrais acrobates, ils démontent la cage en 45 secondes. Arrive un couple de contorsionnistes. Le chinois Tang a une grâce princière, la femme, Yolande, fait tout en force, même le sourire assassin. Le jongleur Karl vient de Hongrie. Il est jeune, beau et son art est classique. Le clown fait on ne peut plus simple, il a des cordes à sauter qui lui sont confisquées les unes après les autres par monsieur Loyal. Il finit par ôter son pantalon pour sauter avec. Puis, avec un avion de petit enfant qui monte jusqu'au cintre et retombe du haut du mat, un parachute s'ouvre enfin pour attérrir parmi les spectateurs avec le petit ourson en peluche, ça marche! Les chinois sont à l'honneur dans un numéro de sauts périlleux à travers des cerceaux. Ils sont 9, parfaitement synchronisés. Ils ont eu la médaille d'or en 20003.

Et puis je pense au très beau film de Beneix sur un couple qui travaille ensemble avec les lions. La femme se couche sous eux, elle était très troublante.

La beauté me donne le cafard, n'en être que le spectateur, et pas le créateur.