mercredi, février 16, 2005

Le paraitre

J'ai assisté à un atelier théâtre pour retraités. La gastro-anthérite avait laissé au lit la moitié de la troupe. La dizaine de personnes présentes choisissait des textes pour une prochaine prestation. C'étaient des poèmes de Jacques Prévert. Je me suis sentie prise en otage, car j'étais la seule invitée, et tous, déclamaient en me fixant droit dans l'oeil. Leur énergie à me convaincre me vidait au point de sous-neutralité car que je n'ai jamais été capable d'en faire autant. Pour garder mon libre arbitre je ne manifestais ni enthousiasme, ni déplaisir.Les plus culottés, ex enseignants, avait l'habitude du récit avec les enfants, ils cabotinaient, disant chaque mot avec intelligence, jouant le texte, mais non pas la situation. Je me recroquevillais de plus en plus. Je ne me souviens pas d'avoir eu une telle boulimie d'exister sur scène lors d'auditions. J'ai pensé que c'était un reflexe dù à l'âge, on a plus rien à perdre à la retraite, que faire d'autre que de montrer que l'on a encore du tempérament et du savoir faire.
Ils ne pouvaient pas accepter que je ne dise rien, espérant un applaudissement:
"-Dites nous vos impressions! Faites vos critiques!
- Je suis là pour écouter, je suis une écoutante!
Je rougissais de confusion de me découvrir aussi avide qu'eux de reconnaissance, à défaut d'avoir un bonhomme, ayons un public! J'étais navrée pour eux et pour moi même d'y découvrir une pathologie existentielle sans véritable ouverture que les bravos dans des fêtes de patronnage.