87 Cadeau de Noel 21 mai, 2008
Posté par walterlewino dans : CINEMA , trackback
Un triste matin de Noël, William, 30 ans, silhouette cafardeuse, marche somnambulique, mèche en travers du visage, pousse la porte d’une brasserie qui n’a pas fermé de la nuit et qui pue les tristes lendemains de fête. Il commande un double express et un croissant. À la table d’à côté, Dorothée, 45 ans (?) chevelure frisottée, légèrement fardée, juste ce qu’il faut, yeux verts. Elle sourit à William et lui demande d’une voix monocorde où pointe un soupçon d’ironie pourquoi il a l’air si triste. Il s’en défend, lui, triste ? un peu fatigué, sans plus, il a horreur de ces lendemains de fête. Elle aussi.
La conversation se poursuit de table à table. Un sourire bon enfant et chaleureux ne cesse d’éclairer le visage de Dorothée. Après un petit silence elle lui annonce qu’elle va lui faire un cadeau. Ah ! oui quel cadeau ? Elle va lui permettre d’assister à son suicide. Quoi ? Mais oui, mais oui, elle a décidé de partir avant que l’année ne redémarre. William croit à une plaisanterie, cela l’amuse.
Elle lui propose de l’accompagner chez elle pour assister audit suicide. Pourquoi pas. On sent bien qu’elle ne le drague pas, qu’il s’agit d’une sorte de marivaudage sur le thème du suicide.
Le marivaudage se poursuit dans le métro pratiquement vide puis dans le minuscule pavillon, bloqué dans la cour d’un petit immeuble de la banlieue Est où Dorothée vit en compagnie de Ouistiti, un petit chien ébouriffé qui aussitôt se jette amicalement sur William et entreprend de le léchouiller.
William accumule les arguments classiques. Pourquoi se suicider. Elle est jolie, non, elle a un boulot, une fille s’il a bien compris, et Ouistiti que va-t-il devenir sans elle…
Tranquillement sans se départir de son sourire, Dorothée a réponse à tout. Qu’on lui donne d’abord une bonne raison pour continuer de vivre. Jolie ? merci, mais quand elle était jeune avec cinq kilos de moins cela ne lui a valu que des emmerdes. Sa fille ? elle n’a plus besoin d’elle, c’est tout juste si elle lui téléphone une fois la semaine, elles n’ont plus rien à se dire. Son boulot ? démarcheur immobilier, vous voulez rire, bidon et compagnie. Ouistiti ? c’est en effet un problème, lui aussi en a peut-être assez de poursuivre cette vie de cons.
William est de plus en plus troublé. Et si elle ne bluffait, pas si elle allait réellement se foutre en l’air, là, devant lui ? Ils en viennent à discuter de quelle manière elle entendait le faire.
Depuis un an qu’elle ne pense qu’à ça elle a tout imaginé. La pendaison, par exemple dans le bois de Vincennes, tout à côté. Elle craint de ne pas savoir comment s’y prendre, où trouver la corde qui convient. Se défenestrer ? pas facile ici, au rez de chaussée. Petit rire… Au revolver ? oui elle possède une arme, mais c’est un truc de mec. Sous le métro ? pas très sympa pour les usagers. Les barbituriques ? bof ! on n’est pas sûr que ça fonctionne.
William recommence à respirer. Alors rien n’est possible ?
Mais si, mais si, c’est à la fois un secret et une surprise.
La conversation s’éternise. William commence à avoir la dalle. Hélas le frigo est vide il n’y a plus le moindre morceau de pain dans la baraque. Elle a fait le grand vide puisque plus personne ne pourra en profiter après sa disparition
Elle suggère à William d’aller chez le Chinois au coin de la rue chercher un peu de bouffe. Pour elle, c’est inutile, pour Ouistiti pareil.
William hésite un moment et fonce à grands pas chez le Chinois.
Brusquement il s’arrête, hésite, voit un bar ouvert, s’y installe, commande une bière, puis deux, puis trois, puis un sandwich dont il avale avec difficulté la moitié. Finalement il décide de revenir chez Dorothée.
La porte est fermée à clé. Les lumières sont éteintes. On entend Ouistiti qui hurle à la mort puis se jette furieusement contre la porte. William appelle Dorothée ! Dorothée ! Personne ne répond.
William de nouveau est dans le métro. La bouche ouverte il retrouve avec peine son souffle. Il est hagard.
Sur les pubs qui défilent figure un petit chien assez semblable à Ouistiti, on entend de nouveau ses hurlements à la mort.
William se bouche les oreilles.
FIN
Un scénario qui en vaut bien un autre. Producteurs, réveillez-vou
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