mercredi, mars 23, 2011

(105)J’ai tellement envie de faire l’amour, mais je n’ai personne sous la main. Il y a bien là un amant occasionnel dont j’accepterais un petit coup de “revenez-y," s’il ne partait rejoindre une autre femme tout aussi occasionnelle. Elle est plus âgée que lui, orthophoniste de profession, cela doit le rassurer.
Enfin je trouve deux duvets identiques que j’assemble par les fermetures Eclair. Je m’enfile dedans et m’imagine qu’à deux, à moins de rester dans le dos l’un de l’autre, on ne doit pas pouvoir bouger pour la copulation.
Renaud vient m’engueuler: Laura s’est évanouie à un moment, quelque part, peut-être au bistrot qui est à côté. Je m’assois à sa droite, franchement près de lui sur le banc, et je tente de lui expliquer que je me suis fait sortir par les enfants de Laura le jour où on l’enterrait, lui, pour ne pas être un témoin de trop entre elle et nos amis communs.
« Je pars en voyage pour travailler, vous devriez vous occuper d’elle » dit Renaud toujours grondant.
Alors je m’énerve et deviens hystérique pour raconter que Laura n’est pas si gentille que ça, qu’elle est même méchante quand il s’agit d’autre chose que de sa volonté de gouverner, de cabotiner etc. « D’ailleurs, vous êtes aussi méchant l’un que l’autre, aussi dictatoriaux, comment avez-vous fait pour réussir à vivre ensemble ? » Il faut dire que la première phrase de Renaud avait été d’un mépris terrible pour ma tenue négligée, me signalant un coton qui dépassait de mon entrejambe, sans que je puisse m’expliquer pourquoi je l'avais mis. Je ne me souviens plus de la phrase exacte, mais elle était dans le genre esprit subversif qui ne fait pas de cadeau.
Il part au loin, dans un pays chaud, exactement ce qu’il n’aime pas. D’un coup, je le vois habillé tel une jeune femme en robe de cocktail décolletée verte à volants. « Vous êtes très jolie ! » lui dis-je, bien que sa tête soit celle d’un homme. Mais je sens bien à mon sentiment d’abandon que c’est Laura qu’il emmènera pour l’accompagner.

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