mardi, octobre 11, 2011

La fuite

C'est un exercice de style que j'exerce de naissance, l'art de fuguer: l'exode, l'école, le pensionnat, arriver juste avant le lever de rideau quand j'étais danseuse, l'amoureux transi qui voulait que je lui offre un ressemelage pour avoir battu le pavé, la cave ou je passais les nuits, lorsque mon concubin avait à faire au dehors, aller au Bain Royal, pour ne pas attendre le: On vous appellera! des productions de films,et sans RV spécifique d'un amant, je prends le train comme d'autres l'autobus, c'est pour dire, qu'aujourd'hui, je me suis demandé, mais pourquoi cette semaine d'octobre, juste parce que je suis sans projet, Eh bien c'est l'anniversaire de la disparition de Jacques Sternberg,cinq ans déjà, et son ami Walter Lewino qui m'offre une semaine de vacances dans son fief, sans savoir que d'une pierre il fait deux coups, m'éloigner d'un chagrin d'amour, l'autre m'ayant dit: Je t'aime toujours, mais je veux plus! J'ai fait un pacte avec le diable!
Cette nuit j'ai rêvé que je rencontrais Sternberg en chemin, il poussait à la main un tricycle avec une petite remorque vide à l'arrière, il était accompagné par une jolie jeune fille, je suis arrivée par l'arrière, me collant à son dos, mes bras ceignant sa poitrine, et le visage enfoui dans son cou, je pleurais, les larmes mêlées aux baisers coulaient sans fin, il était ému par mon chagrin mais continuait sa route avec la jeune femme.
J'ai aussi rêvé d'Alain Resnais qui présidait autour d'une table, je n'étais pas invitée mais comme par discrétion on ne s'asseyait pas près de lui, j'ai pris place, et c'est gentiment qu'il me demanda: Dorothée, pouvez vous préciser les circonstances de votre naissance en Allemagne? Un autre qui me connaissait m'a aussi adressé la parole en m'appelant par mon prénom, j'étais flattée de cette reconnaissance dans ce petit comité, j'ai commencé à raconter puis me suis dit, il faut que je montre mon livre à Resnais puis, me réveillant, je me suis souvenu les lui avoir offert, tous, après le tournage des "Herbes folles"

Chaque matin je ramasse quelques noix, prends les figues mûries du jour à l'arbre, et une grappe de raisin à la treille juste au dessus de ma chambre, j'ai le sentiment d'avoir été invitée dans le jardin d'Eden;
Cela me rappelle qu'une fois Claire nous avait demandé de ramasser les noix, à ma soeur et moi, elle secouait l'arbre pendant que nous nous penchions à terre, Suzy, d'un tempérament lymphatique, après quelques efforts: Ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que je ne les vois pas!
Une autre fois que nous la saisissions sous les bras pour l'obliger à courir car la séance devait commencer, nous allions voir le film d'Agnès Varda "L'une chante, l'autre pas" Suzy : Arrêtez, je sens le vent siffler dans mes oreilles!

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