Et le sexe entra dans la modernité.
Photographie « obscène » et cinéma pornographique primitif,
aux origines d'une industrie
Frédéric Tachou, 454 p., 33 €, ISBN 978-2-252-03910-6
Klincksieck, « Collection d'esthétique », Paris 2013
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« Au milieu du XIXe siècle, lorsque des photographes parisiens donnèrent naissance au commerce des photographies "obscènes", ils ne fixèrent pas sur leurs plaques de verre des témoignages documentaires sur ce que la loi prétendait confiner dans la sphère privée, mais mirent en scène leurs modèles pour construire une sorte d'utopie sexuelle. L’utilisation de la photographie et ensuite du film imposa ainsi un nouveau paradigme qui inaugura l'ère de la pornographie moderne.
Partant d’une lettre de Paul Eluard adressée à Gala en 1926 dans laquelle le poète raconte avoir vu dans le cinéma pornographique "[...] la passion contre la mort et la bêtise", Frédéric Tachou relève le défi d’une évaluation du phénomène culturel naissant. En s’appuyant sur l’analyse approfondie de photographies et de films produits entre 1850 et 1950, il propose une approche critique des conditions nouvelles dans lesquelles s’est élaborée une relation aussi inédite qu’originale entre le spectacle et le spectateur. L’auteur gage que le système de signes propre à ces photographies et à ces films qui combine illusion et réalité a permis la mise au point d’un instrument redoutable par lequel les fantasmes sexuels des individus peuvent s’échanger avec une fantasmagorie plus collective. Dans des sociétés aptes à transformer tous les domaines de la vie en marchés, où des qualités se changent en quantités, le monde du fantasme ne peut pas être épargné. » [L'éditeur]
L'ouvrage se compose de quatre parties ("La photographie "obscène", source de la pornogaphie moderne", "Hypothèses pour une inscription du cinéma pornographie primitif dans l'histoire", "Phénoménologie et psychologie du cinéma pornographique primitif", Esquisse pour une critique de l'industrie du fantasme"), d'un cahier de photographies, d'une liste de films, d'une bibliographie et d'un index. Dans son blog [les 400 culs], Agnès Giard lui a consacré un bel article.
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