Il suffit de ne pas paniquer dans le creux d'une vie: Un sourire, un chat noir invisible qui cogne son front contre vous afin que vous le caressiez, Une copine qui vous fait des raviolis maison, un magicien qui vous invite à sa représentation, une jeune fille qui vous cède sa place dans l'autobus, un SDF qui vous souhaite Bon week-end! alors que vous ne lui tendez pas la pièce, un paysan qui vous prépare une chambre d'hôte sans jamais oser vous inviter. Les anges sont éphémères comme des libellules, leur temps n'est pas le nôtre, parfois c'est entre deux bulles de champagne qu'ils se manifestent, ils sont sans loi ni foi, certains déchus mais flamboyants d'une poésie de bazar, d'autres d'une légion de Satan qui voudrait séduire pour l'été. Tout le long de mon existence j'en ai rencontré dans les pires cas des croisements dramatiques de l'histoire, tel ce pasteur avec sa famille qui a hébergé une quinzaine de personnes tout le long de la guerre. Il me suffit de sortir dans la rue, de respirer, et un petit miracle se produit. Je lève le pied bien entendu pour emboîter ces lucioles dans leur démarche ailée. Il ne s'agit pas d'être à la traîne: Peut-être oui, peut-être pas! C'est comme enfourcher un vélo pour pédaler le long des quais de la Seine imaginant le vent du large, monter sur un cheval et le laisser aller à l'écurie, s'envoler dans un charter vers le soleil quitte à travailler au pair au Club Med, où faire du stop vers un camping où seules des pâquerettes vous attendent autour de la caravane. La désespérance est un état larvaire, à chaque seconde un inconnu peut vous offrir une rose, au cimetière il y a des feuilles mordorées qui jonchent les pavés qui montent à la crémation. Je me suis toujours refusé à masquer la tristesse par des antidépresseurs, de crainte qu'ils ne me coupent les ailes dans les occasions où les anges passeraient fortuitement, à mon insu, et que je sois incapable de profiter de cette grâce légère, séraphique, qui ne dure qu'un instant.
mardi, décembre 19, 2006
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