vendredi, décembre 01, 2006

Colloque Relire Antoine de Saint Exupéry

Sous la direction d'Alain Vircondelet le matin jeudi 30 novembre ( je n'y étais pas), Un autre regard sur l'homme
L'après midi Un autre regard sur l'oeuvre. Claire Deluca, comédienne, a lu des lettres de Saint Exupéry à sa mère:
Ce qui m'a appris l'immensité, ce n'est pas la voie lactée, ni l'aviation, ni la mer, mais le second lit de votre chambre. C'était une chance merveilleuse d'être malade. On avait envie de l'être chacun à son tour. C'était un océan sans limite auquel la grippe donnait droit.

On a retrouvé sa gourmette, mais il n'y a aucun impact de balle sur la carlingue de l'avion, on pense qu'il y a dù avoir un déficit d'oxygène et qu'à 10.000m d'altitude il suffit d'une minute ou deux pour tomber en syncope et que l'avion se serait enfoncé droit dans la mer.

Conclusion du Colloque par Alain Vircondelet:
Nous voici parvenus au terme de cette journée consacrée à Saint Exupéry. Nous tenons a remercier tous les intervenants qui ont éclairé bien des aspects de cette figure somme toute beaucoup plus mobile, ondoyante et inquiète que la postérité a bien voulu le faire croire. Les lecteurs ne s'y sont cependant jamais trompés ayant dans la figure emblématique de Saint Exupéry un reflet de leurs propres angoisses, un frère en humanité. Les atermoiements politiques de l'écrivain qui ont brouillé son image, comme on dit aujourd'hui, l'ont desservi au point souvent d'occulter la violence nocturne de son oeuvre et la modernité qu'elle revêtait. Saint Exupéry et un visionnaire qui a envisagé toutes les évolutions de son siècle et redouté la barbarie d'un "no future". Cela, peu l'on reconnu et ont préféré cantonner l'écrivain dans la réverbération d'une époque dont il n'aurait pas vu ni compris les ambiguïtés et les fractures. On en a fait sinon un admirateur du moins bienveillant de la nostalgie réactionnaire, il n'aurait pas saisi l'avenir du monde, en ne saisissant pas la main de De Gaulle, aurait finalament préféré le confort des villages et des églises, tout un album d'images aux couleurs fanées mais rassurantes, un monde arc bouté sur ss valeurs d'ordre,de famille et de patrie qui n'était plus en phase avec le reste des nations.
Seule sa mort héroique et son engagement ultime l'auront sauvé du déhonneur. Sans eux il aurait rejoint les écrivains entachés du soupçon, Maurois, St John Perse, Giraudoux, Giono. Les écrivains vainqueurs de la guerre et qui pourtant ne l'ont guère faite, Sartre, Camus, Malraux, aragon, Maritain, et tant d'autres, se sont chargés de sa réputation à leur retour en France: Ils l'ont éloigné de l'université, ont voulu ensevelir une oeuvre qui cependant brillait d'un éclat particulier. C'était sans compter sans les lecteurs de l'écrivain qui n'ont jamais démenti de son succès. Aujourd'hui, Saint Exupéry est l'objet d'un paradoxe assez surprenant: il est un des écrivains les plus lus du monde et en France la vente assurée annuelle de Gallimard et cependant le moins reconnu par ses pairs. Ni les livres scolaires ni l'université, comme on l'a déjà dit, ni les histoiriens ne reconnaissent Saint Exupéry. Et pourtant, nous l'avons vu aussi, cette oeuvre et cet homme sont d'une modernité étonnante. Saint Exupéry n'est pas un écrivain angélique ou sulpicien, ce n'est pas un naîf ni un bien pensant. Les interventions de nos intervenants ont bien montré la portée nocturne de cette vie et de cette oeuvre. L'ombre portée de son désespoir, la fragilité de cette oeuvre en apparence forte, les déchirements qui l'accompagnent, le malheur et la douleur, tous deux termes pris dans leur acceptation générale, antique pourrait-on dire, douleur et malheur qui donnent toute leur tonalité à ses écrits. Cette tonalité tragique qui ne se contente pas de prédire la fin du monde heureux et l'avènement de ses termitières , mais tente de rendre des forces, de prévenir, de rappeler à l'ordre moral du monde, à sa dimension poétique, à ses énergies vitales, fait de Saint Exupéry un écrivain pour tous les temps.
Débarrassé de sa gloire posthume, il nous rejoint comme ses lecteurs, en l'apprêhendant par ses mots le rejoignent.
C'est à cette justesse, à cette jonction parfaite qui s'établit entre l'écrivain et son lecteur que conduit, me semble-t-il, la relecture de Saint Exupéry
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La nuit j'avais rêvé de Micheline une vieille copine danseuse au Mogador. Elle commençait à danser une variation, je l'exortais: La technique tu l'as! Oublie! Tu ne décolleras que si tu te laisse porter par l'émotion! Je me demandais à quoi rimait ce rêve avec une danseuse que je n'ai jamais revue. Cela devait avoir un rapport avec le conte: Le Petit Prince.

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