jeudi, février 09, 2012

Walter Lewino

Si j’étais lui 28 septembre, 2010Posté par walterlewino dans :
POESIE-LITTERATURE,SOCIETE , trackback
L’ennui c’est qu’on ne dispose que d’une vie. Difficile de remettre ça. Reste le rêve. Imaginons qu’on se nomme Mohammed Benmachinchose, qu’on a dix-huit ans. Père, trente ans d’usine, nesachant ni lire ni écrire, mais baragouinant assez bien le Français, mère pareil. On habiterait La Courneuve, Clichy-sous-bois ou quelques-unes de ces citées qui expliquent pourquoi les gitans restent accrocs à leur roulotte. L’école ? on s’y serait fait chier pendant une bonne dizaine d’années, sauf pour le sport, et encore ! dès la sixième on aurait été davantage attentif aux fesses
de la prof, superbes, vraiment bandantes, qu’à ce qu’elle tentait de vousinculquer, vous sentiriez confusément que vous avez tort, mais comment faire autrement ? Pas facile de piger quelles sont les clés de la réussite sociale et de l’épanouissement personnel quand tout autour de vous ce n’est que misère etrépression. Libéré vers la seizième années vous auriez vite découvert que le mot liberté est un vain mot quand on ne sait pas quoi en foutre. Travailler ?
puisque, paraît-il, c’est ainsi qu’on ramasse des thunes, mais où chercher, à qui s’adresser, quand on traîne un petit casier de rien du tout ? Pour des peccadilles commises comme en s’amusant. Une histoire de carte de crédit récupérée dans le sac d’une vieille qui viendrait de se ramasser la gueule contre un trottoir et qu’on aurait bien gentiment aidée à se relever ; des emmerdes, dont une saignante, avec les vigiles de Carrefour et de Discorama ;cette tentative de taguer des slogans anti-flics sur les murs d’un commissariat conduite sans permis, vous avez vu combien ils demandent pour vous le faire obtenir ce foutu bout de papelard, hélas, circonstance aggravante, ce serait dans une voiture d’emprunt, mais comment feriez-vous, si vous n’aviez pas une thune, pour vous procurer une tire, sinon en l’empruntant à un nanti qui, si ça se trouve, conduirait comme une patate. Des broutilles, quoi, mais des
broutilles qui feraient grimacer la meuf du service pour l’emploi où tout le monde sait qu’ils ne vous trouvent jamais de boulots valables. Alors vous iriez traîner avec les potes qui vous ressemblent, dans les escaliers ou dans les caves de la cité, on se demande à quoi elles leur servent, ces caves, ils y foutent jamais de pinard. Les escaliers ce serait mieux, vous pourriez charrier les gens qui montent et qui descendent puisque l’ascenseur il y a longtemps qu’il serait naze, surtout les filles, il arriverait même qu’il y en aurait unqui provoquerait grave et qui après crierait au viol, c’est pourquoi vous auriez interdit à vos deux frangines de renter seules à l’appart. Les potes, ça deviendrait votre vraie famille. De temps en temps il y en aurait un qui ramènerait un peu de shit ou d’herbe. Et un jour un de ceux-là, un affranchi, vachement sympa, vous proposerait de lui filer un coup de main. Il s’agirait de mater dans le cas où des flics débarqueraient sur le secteur où il dealerait. On vous expliquerait à quoi on reconnaît un mec des stups en civil son type de bagnole et sa façon de conduire. Tout de suite la mèche vous conviendrait, enfin des thunes. Et un beau jour votre nouveau pote comprenant que vous êtes un gars sûr vous proposerait de prendre à votre compte un petit bout de son territoire.La suite coule de source. Vous deviendriez de plus en plus gourmand, votre petit territoire ferait des petits jusqu’au jour où vous feriez piquer avec un gros paquet de thunes sur vous et de pas mal de coc. Un an de cabane ferme. C’est là que vous rencontreriez ce grand caïd au baratin gigantesque qui vous expliquerait que la cam c’est terminé et que l’avenir est aux braquages en oubliant de vous dire qu’en cas de coup foireux on en prend
pour vingt ans. Ça ne raterait pas. Fin du cauchemar

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