mardi, mars 21, 2006
La douche
Quelle manie depuis des décénies, ont les metteurs en scène de théâtre, ils éclairent le décor, c'est très esthétisant, mais le récitant n'a droit qu'à une douche, c'est dire qu'il est délavé avec des cernes qui tombent jusqu'aux mâchoires, lesquelles agrippent la lumière en lame de couteau. Même le pianiste planté avec son piano en biais vers la coulisse du fond n'a que ses mains d'éclairées. Il faut attendre le salut pour enfin voir de la chair humaine, un vrai visage. Je me souviens avoir sévi comme ballerine sur ce plateau du Mogador on voyait dans nos yeux comme dans un trou de serrure car on les agrandissait avec des faux cils. Tout était outré, les lèvres dessinées jusqu'au menton par un crayon, mais les artistes n'avaient pas l'air désincarnés( c'est d'un vulgaire!) la profusion de projecteurs ne nuisait qu'à nos pupilles sensibles, ça pleurait. Reste la voix me direz-vous! Oui, si c'est celle d'un chanteur à voix, d'un acteur de théâtre. Mais on a besoin aussi du regard, à force de sobriété il aurait beau se déchirer les tripes on en verrait que couic, toutes avalées par l'ombre qui donne tant à penser.
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