mercredi, mars 15, 2006

Lalalala.org Didier Dahon

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L'éditorial de mars 2006
La surprise de mars 2006

Vous voulez savoir qui était Denise Benoit. Vous vous demandez quelle chanson de Lucienne Boyer Marie France chanta sur la scène du Trianon (et accessoirement, quelle était la couleur de sa fourrure) le 11 février dernier. Vous aimeriez comprendre pourquoi quelques garçons, parmi plus de six milliards d'êtres humains, sont capables de tout pour un 45 tours de Claudine Longet. Vous souhaiteriez partager votre désamour de Brel ou votre passion pour Monique Tarbès... ou encore votre indignation à l'égard d'un éditeur qui garde dans ses caves un chef d'oeuvre d'Annabel et Frédéric Botton. Vous seriez heureux de lire une interview de l'une des plus grandes interprètes d'aujourd'hui, Annick Cisaruk. Vous désespérez de trouver un jour quelques lignes sur une certaine Mona Mour, que vous avez vu chanter dans un film de Paul Vecchiali, et qui ressemble étrangement à la Mona Heftre qui a fait revivre les chansons de Rezvani au début des années 2000. Vous pensez que Micheline Dax est une des plus grandes interprètes de Trenet et vous avez l'impression que personne ne vous prend au sérieux quand vous osez le dire. Vous n'aimez pas la coiffure de Léo Ferré, néanmoins vous voudriez savoir qui, de Catherine Sauvage ou de Francesca Solleville a le mieux rendu justice à son extraordinaire "Vingt ans". Vous pleurez en écoutant Germaine Montero interpréter "Le pont du nord" de Mac Orlan et Lio chanter "La vérité tout nue". Vous placez la variété, le music-hall, la pop et la chanson française au centre, mais vous savez que Gainsbourg n'était pas René Char, et d'ailleurs vous lui savez gré de s'être toujours réclamé des arts mineurs... Enfin et surtout, vous n'aimez pas Véronique Sanson.
Ne cherchez pas dans la presse nationale. Ne cherchez pas dans Les Inrockuptibles. Ne cherchez pas non plus dans la presse spécialisée (quoique l'on trouve des pages passionnantes dans Je chante!). Oubliez l'immense majorité des histoires de la chanson, trop occupées à analyser avec grand sérieux l'oeuvre complet d'Alain Souchon pour accorder plus de dix lignes à Monique Morelli. Et surtout ne tapez pas "chanson française" dans Google, vous risqueriez de tomber sur une photographie de Chimène Badi. Rien, vous n'y trouverez rien de ce qui vous touche vraiment. C'est bien pour cela qu'il a fallu prendre le maquis et créer lalalala.org. Une revue non pas en papier, mais électronique et virtuelle pour éviter à un amateur japonais de Pascale Borel de faire le tour de la planète pour tenter de dénicher lalalala, éventuellement, au fond d'une sinistre librairie-solderie de Paris. Pour offrir (à terme) de la musique (exemple à côté sur la même page). Pour ne pas avoir à vous demander quelques euros qui de toute façon ne suffiraient pas à payer l'imprimeur... Enfin parce que la vraie Bibliothèque est désormais ici. N'aurait-il pas été inconvenant que certaines voix en fussent tout à fait absentes ?

(lalalala remercie celles et ceux qui lui ont fait confiance alors même la revue était encore plus que virtuelle)

Denise Benoit, soprano
Jean-Christophe Benoit, baryton
L. Benoit-Granier, piano Pleyel

"La jeune boulangère" (trad. Ile de France)

extrait de
Chansons d'amour et de misère
(chants des provinces françaises)

EP 33t Ducretet-Thomson LPP 8719 (1953)

La mère est au piano. Ses deux enfants, Denise et Jean-Christophe, respectivement soprano et baryton, se tiennent devant. Pour Ducretet-Thomson, ils enregistrent neuf "chants des provinces françaises" (l'Auvergne, la Bretagne, le Dauphiné...). Tout l'art d'une famille de musiciens (le père, Henri, fut l'altiste du quatuor Capet de 1919 à 1928, la mère est compositrice, Jean-Christophe chantera Ravel, Poulenc, Fauré...) pour rendre justice à ces piécettes comiques ("Le chien dans la crème") ou sentimentales (Rossignolet console-moi"). Toute la finesse et l'élégance de l'école de Paris pour ramener à la vie ces courtes et parfaites émanations de la terre de France.Tout le génie d'une Denise Benoit de trente ans pour, dans "La jeune boulangère" que nous offrons ici, peindre la malice d'une jeune veuve qui contrefait la douleur convenue ("Je viens de pèlerinage / Mon mari est trépassé") pour mieux faire comprendre au garçon pâtissier qu'elle veut aller danser avec lui: "Vous n'pensez pas qu'à mon âge / On ne fait que de pleurer"...

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