mercredi, octobre 11, 2006

Back Street (Kim Basinger) 2

Il m'avait dit d'aller voir le film de Basinger "Back Street" afin de justifier ses mensonges, que je comprenne toute l'ambivalence des sentiments d'un homme adultère.

N'ai-je pas le droit à la tristesse? Je ne peux pas pleurer, que veiller en regardant la télé, c'est aussi légnifiant qu'un cachet. Aucun sanglot ne veut sortir de ma poitrine. Peut-être que si quelqu'un me parlait, et que je raconte. C'est le troisième homme pour lequel je n'aurai pas le droit d'assister aux funérailles, ai-je tant démérité d'une humble tendresse? Il va me hanter comme les autres l'ont fait des années dans la froidure du vide, sans poitrail où se nicher. La légitime peut pencher sa tête sur un visage mort, y laisser couler ses larmes, rien de charnel ne m'est permis dans ces disparitions. Et l'on s'étonne que je crie sur le papier, trouvant indécent cet acte contre nature, écrire afin que viennent les larmes, écrire pour dénoncer l'injustice que l'on fait à une femme non mariée. J'ai choisi d'aimer sans liens matériels, la société se venge qui tisse les interêts. Les hommes ont peur de la souffrance, ils prennent la main d'une toujours plus jeune. Petite satisfaction d'orgueil, j'ai anticipé de huit jours le dernier baiser. Comme un animal qui ne veut pas se laisser écarter j'ai été au domicile conjugal et j'ai pris de plein fouet le sinistre de cette fin de vie. Il n'a pas repoussé ma chaste caresse sur sa joue.
Une ex-infirmière rencontrée lors des manifestations durassienne me disait qu'autrefois, dans les hopitaux, lorsque les soignantes étaient compatissantes, les maitresses avaient le droit de visite le matin. Encore fallait-il que l'on sùt quand, et et dans quel hôpital nos hommes étaient soignés, ce qui n'est pas le cas ici. des mois avaient pù s'écouler sans que ses amis ne sachent où le joindre.
Je n'avais pas dormi cette nuit, vers 21h on m'apprit qu'il n'était plus. Contre l'insomnie je griffonne des mots, je tue la mort par des mots. J'aurais dù mourir à trente ans, comme une vieille carne j'ai encore le jarret solide. Est-ce que cela a un sens, tant d'années me sentant damnée à une vie organique avec à peine quelques misères, mais la détresse de ne plus aimer, aucune épaule où se reposer. Ils sont tous partis plus gourmands de vie que moi, à croire que végéter rime avec longévité.

A l'enterrement de François Mitterrand il y avait la femme, la maitresse et la fille cachée. Cette générosité était-elle politique ou politesse du coeur?
Il faut dire que cet homme m'avait reniée dans ses derniers écrits: Certes, j'ai eu une liaison avec une certaine D.B. mais c'était dans les années où je buvais! On ne pouvait être plus muffle. Sa fragilité de vieillard avait recouvert cette cruauté de matamore. J'aurais pù le consoler de ses lâchetés. Rien ne vient ni honte ni regret, seulement l'insomnie, le sommeil qui fuit, et ce temps d'oubli qui tarde depuis des temps. Il en a coulé de l'eau sous les ponts depuis notre dernière nuit, mais il disait qu'entre nous le dialogue ne s'était jamais arrêté. Bien qu'étouffé par son mal il a pù me murmurer: Vous êtes encore belle! Je n'ai pas à me plaindre, c'est un bel adieu.

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