lundi, octobre 16, 2006

Comment gagner sa vie avec un buveur

Je ne prenais jamais qu'un citron pressé. Sans gite et sans couverts, pour ne pas m'énerver sur la molesquine, j'exigeais que l'on me verse l'équivalence des wiskys bus par mon partenaire afin d'avoir de l'argent de poche. André Delvaux à qui je racontais ma rouerie de survie. Vous pourriez allez beaucoup plus vite si vous faisiez comme cet humble paysan chinois qui avait rendu un grand service à l'Empereur. Demandes- moi ce que tu veux!- Je voudrais que vous mettiez des grains de riz sur votre échiquier. Un grain sur la première case, puis deux sur la deuxième, quatre sur la troisième, huit sur la quatrième, en doublant ainsi le nombre de grains sur chaque case. Quand l'échiquier fut plein, l'Empereur fùt ruiné.
C'était trop déprimant d'exiger des petits sous. J'ai fini par acheter une poudre vomitive que je mettais dans son wisky. Cela prenait des heures, que le maitre d'hôtel ne voit rien, ni ses amis agglutinés autour de la table, et lui allant au pipi-room. Le pire c'est qu'il rentrait chez lui pour vomir, ma soirée d'amoureuse était gâchée, j'ai fini par lui dire qu'il n'avait pas le cancer et je me suis exilée en Allemagne.

J'ai aussi gagné ma vie quelques mois avec un ami malheureux? Sa belle venait de le quitter, il m'en parlait des heures durant, m'invitant à diner pour ce faire, je n'en pouvais plus trouvant ces repas indigestes. Chaque fois que vous évoquerez votre mésaventure, vous me payerez, je vais faire le contraire du psychiatre, vous faire payer pour vous empêcher d'y penser.

Parfois les choses tournent rond. Vendredi dernier, Jean-Claude Drouot m'avait offert des places, j'ai cru qu'il savait, que c'était pour me consoler, il n'avait pas encore lu le journal.
Cet après-midi, Nicole, une amie du Club Med dont j'étais sans nouvelles depuis longtemps voulait m'inviter à déjeuner: Est-ce que c'est toujours ton bistrot le Select? -Oui oui oui! Au son de ma voix elle a estimé que ça urgeait, l'instinct de l'amitié.
Jean-Batiste Thiérrée, tel un preux chevalier m'a accompagnée au crématorium bien que fâché comme moi tant de fois avec notre ami défunt. Une copine m'a ramenée chez elle, tout était brouillé tellement nous parlions, et le soir, réponse aux questions, Agnès Varda présentait sur Arté son film Les Veuves de Noirmoutiers, tout restait en famille, tous ces signes... On se dit que l'énergie, affective ou autre, ça circule.
J'ai suivi un inconnu à l'hôtel, il m'a demandé mon âge et depuis combien de temps...J'ai tout dit, il était tendre et plein d'humour, nous avons rit de ne pas réussir au mieux, sans capote on ne pouvait pas aller plus loin. Je pouvais garder la chambre jusqu'au lendemain midi. La partie de jambes en l'air n'a fait que raviver mon chagrin. Telle dans une ville étrangère j'ai un peu trainé à Montparnasse dans le quartier de mes amours défuntes et je suis rentrée piqueniquer dans la chambre pour voir la Pompadour se démener avec la Cour du Roi Soleil. Il est trop beau, trop de charme Vincent Perez, et cette belle histoire qui a duré vingt ans...

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