jeudi, mai 31, 2007

"Aller-Retour dans la journée" FR2

Cette petite historiette au demeurant sympathique, est par trop artificielle, presque caricaturale. Le drame de l'absence du père ou de la mère, que ne digèrent pas les enfants, Jean-Claude Delarue en a fait matière à débats. La vie c'est à fois pire et plus simple, les intervenants avaient tous la larme à l'oeil d'avoir eu à surmonter ce problème. Une psy m'avait dit un jour qu'il valait mieux avoir des parents mythiques que l'ont puisse admirer, qu'un sale con de père à domicile...

Nouvel Obs

"Rêve d'un compagnonage masculin sous le signe du chiffre 7, 7 h. 7 jours ou 7 ans. écrire journal réf. 902 90" Parmi une centaine de réponses, deux hommes ont répondu de concert en pondant un canular, j'ai appris plus tard que c'était deux proches: Devinez lesquels?.....

mardi, mai 29, 2007

Marin, petit bonhomme!

"Le vieux, c'est derrière moi! Le jeune c'est devant moi, ça pousse! Qu'est ce que c'est que d'être adulte? demande t-il à son arrière grand-mère - C'est quand tu auras 15- 100-ou 1000 ans! - 15 ans c'est beaucoup plus de vie que 1000!"
nouvellerevuemoderne.free.fr/expocollages.htm -

dimanche, mai 27, 2007

La douceur

C'est toujours surprenant, la douceur! Déjeuner sur l'étal d'un marché, converser dans un square avec un inconnu venu du Nord pour me rencontrer, je lui raconte ma vie d'égérie des heures, sans aucune tension, il est "toute écoute"...J'espère ne pas l'avoir saoulé avec mes vieilles histoires de femme. Ce sont des journées de grâce comme on croit ne pas les avoir méritées.

vendredi, mai 25, 2007

La défenestration

C'est terrible, en Corse, ces deux gamines 14-15 ans qui se sont donné rendez-vous pour se défenestrer, quelle violence!

jeudi, mai 24, 2007

Et de rire!

Michel Cimes et son comparse ont attrapé un fou rire. Peu après ils montraient un reportage sur les séances de rires forcés à effet thérapeutique, leur comédienne invitée pour témoigner n'avait pas trouvé ça drôle.
Puis je suis allé à la Mairie du 3ème où y avait une conférence sur le rire. La seule chose qu'il me semble c'est que les gens méchants sourient beaucoup, façon de se faire pardonner leurs garceries. On dit aussi que Le sourire est la politesse du désespoir! Que les humoristes ne se moquent que d'eux-mêmes alors que les gens d'esprit rient des autres! Et puis quoi encore? Le rire de Topor, effrayant, lui avait valu de jouer dans un remake le rôle qu'avait tenu Peter Lore dans un film de vampire.

mardi, mai 22, 2007

Dormir avec un homme

Dormir avec un homme, rêve de toute ma vie. Un seul homme m'a offert cette grâce: la confiance d'un sommeil mutuel sans problème de désir, d'affirmation amoureuse, juste la tendresse d'une chair contre l'autre, libido endormie. De quoi panser nos émois extérieurs à ce havre humble d'un lit partagé en toute gratuité. Respect du repos de nos coeurs blessés par d'autres. Chacun nous avions un ennemi au dehors qui en voulait à notre peau sous couvert de passion, d'amour, de sensualité, que sais-je... La bagarre était trop harde. comme deux soldats à couverts dans la tranchée, nous participons à la trêve de la nuit.. Je me collais à ce dos d'homme bien en chair, fleurant l'odeur rousse du pain d'épices, reprenant des forces dans ces saveurs, pour mieux trahir cette nuit de non-amour en ressouffrant la journée des impossibles de la passion. Lui même allait de ci de là manger du homard me disait-il, après la maigre sardine de sa soirée que j'étais.
Il y avait bien des disputes de vieilles filles quand l'un de nous deux trahissait en étant plus heureux, plus tard dans la nuit. Pour faire bon poids à la disponibilité de ses maîtresses, je disparaissais dans la cave, attendant son retour. Ainsi, c'est lui qui faisait la scène, ne me trouvant pas au logis. Un petit jeu cruel: à celui qui vivait le plein de son aventure extérieure à notre pacte de paix, ensembles, la nuit.
Il avait le choix de ses maîtresses, je n'avais qu'un amant. J'étais jalouse de ses innombrables jeunes filles, lui l'était de ma fidélité à un être unique. Ce n'était pas simple. Parfois on prenait l'air pour mieux nous retrouver dans ce no-man's-land, pour lequel on avait pris goût tous les deux.
Il y a des nuits, où soucieux de son travail, je le fatiguais. :Vous comprenez, vous êtes dans mon dos comme un singe accroché à son rocher! Je résiste! Je résiste! Et cela m'épuise! Il s'est marié tout bonnement. Je n'ai plus jamais eu cette volupté: dormir avec un homme. Peut-être qu'aimer c'est rentrer dans une quatrième dimension...Personne ne peut vous l'offrir...Ni vous la refuser...(1974)
Ce soir sur Arté un reportage sur la beauté des femmes au Festival de Cannes, un vrai florilège. Soudain j'aperçois le dos de Ghislain, il est à la caméra pour filmer Catherine Deneuve et Françoise Dorléac dansant et chantant dans Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy. C'était un long travelling, la caméra montée sur une grue. C'était fort de café! Je venais à peine de retaper sur mon blog ce vieux texte le concernant, c'était lui le dos contre lequel je m'accrochais voluptueusement pour dormir.
Mon enseignant nous avait dit qu'il y avait une mémoire cellulaire si les choses étaient justes, c'est peut-être vrai aussi pour les sentiments, ce qui expliquerait l'énergie des coïncidences.

Les oiseaux de Paris

La moindre bestiole a de quoi manger dans les villes sur les trottoirs, dans les squares. Dans la campagne aseptisée par les insecticides, les oiseaux n'ont plus d'insectes à se mettre dans le bec, dans la cour où ne courent plus les canards, les oies, les poules, ni les chiens après, aucun grain ne traîne, à peine une salade dans le potager d'un vieux paysan qui ne cultive plus sa terre et ne peut s'acheter du mais. C'est pour cela qu'on ne voit plus les mésanges. Ce silence les rend tristes, leurs femmes acariâtres, et nous touristes surpris par un calme peu ordinaire, on peut prendre des petits chemins creux sans voir âme qui vive.
Dans mon quartier je vais au jardin public casser la croûte aux heures de soleil. Les enfants sont avec leur nounous, et les petits vieux et vieilles qui n'adressent la parole à personne se rabattent sur les pigeons pour faire amis amis moyennant quelques miettes, c'est ce qui nous vaut, outre des fiantes sur les bancs, un ballet d'oiseaux de branches en branches avec des couic! couic! joyeux. Pas de quoi désespérer!

dimanche, mai 20, 2007

C'est fou!

Patrick Sébastien qui nous offre les plus beaux numéros de cirque de la terre ne se contente pas d'avoir plusieurs casquettes, maintenant ce sont des perruques. Il a réussi à mystifier son monde en se rasant la tête pour entrer dans la peau d'un repris de justice qui écrit ses mémoires. Il dit aimer flirter avec la folie comme tout un chacun, surtout les artistes. Et c'est une belle entrée puisque son livre a du succès et la reconnaissance de l'intelligentsia. Salut l'artiste!

Quand les autos penseront, les Rolls-Royce seront plus angoissées que les taxis! (Henri Michaux)

samedi, mai 19, 2007

Au Port de l'Arsenal

Il y a des péniches à vendre, leurs ventres arrondis sont très séduisants, on imagine un habitat acceuillant comme le bassin d'une mère, manque le marin...Et puis, cela ne prend pas la mer, le fantasme n'est pas complet.
J'ai sorti mon vélo de la cave, croyant que le dimanche, il y aurait moins de circulation, nous étions samedi. N'empêche, quel plaisir de retrouver un partenaire, et de faire les quais avec lui.

vendredi, mai 18, 2007

Politiconneries ( Walter Lewino)

Gauche droite ! gauche droite !
La gauche veut faire payer les riches, la droite veut faire travailler les
pauvres
La gauche aime les chats, la droite aime les chiens
La poésie est de gauche, la prose de droite
Les grandes décisions de gauche sont prises par des gouvernements de droite et celles de droite par des gouvernements de gauche
La gauche croit au paradis et la droite à l'enfer
La gauche aime l'Amérique du Sud et la droite celle du Nord
La gauche a raison à court terme et la droite à long terme
La gauche aime les reines et la droite les rois
La gauche est célinienne et la droite proustienne
La gauche habite à l'Est, la droite à l'Ouest
Le Christ est de gauche, Dieu de droite

Qui dit mieux ? A vous de jouer

W L

Le coma

Tout devient minéral en moi: le corps, la tête, je ne sais si je suis comme une pierre creuse, sans pensées, sans sens, ou bien si tout est tellement durci, comme du plomb, que rien ne pénètre. Depuis le temps, je n'ai pas encore compris le système de cet état comateux. Il est une chose sure, c'est que dans cet instant de vide il y a déconnections des centres nerveux puisque sans faiblesse organique, d'un coup mes pieds se dérobent sous moi et je tombe comme une masse, sans réflexe aucun pour me retenir, sans crispation non plus, puisque décontractée je ne me fais jamais aucun mal. C'est un fait qui me paraît étrange qu'une douleur, un chagrin psychique puisse être d'une telle intensité à vitrifier un être humain sans qu'aucun organe, coeur, foie, rate, viscères, ne soient impliqués, et somme toute demeurent en parfaite santé...Sauf le manque d'appétit à vivre, à remettre un pied devant l'autre, à être séduit, si ce n'est à être dénoué par l'objet même de son malheur. Alors, l'idée du suicide est trop embryonnaire dans un cerveau où je ne peux juxtaposer une pensée sur l'autre, pour réfléchir à une exécution possible...Ainsi le temps passe...Quelques minutes...quelques heures...ou quelques jours...jusqu'au hasard d'un coup de fil, d'une rencontre qui me fasse bouger, m'égaie à ne pas attrister autrui, ce qui fait dire que je suis drôle à raconter mes malheurs : Les malheurs d'une bécassine moderne! dit Nathan. C'est un endormissement qui n'implique aucune rage, aucune rancoeur, aucune violence contre autrui, aucun besoin, aucune exigence, puisque telle une plante je demeure minéralement en vie. C'est ainsi que je rêve la folie: être pétrifiée comme le héros de "L'Homme au Crâne Rasé" d'André Delvaux. Le plus beau plan fait sur "la folie" au cinéma: un homme qui croit avoir tué son amour, soit pour oublier le meurtre, soit pour ne pas oublier son amour, il s'endort doucement dans un gros plan séquence qui dure des minutes...

J'ai retrouvé mon enfance!

En perdant ma jeunesse j'ai retrouvé mon enfance! Cette phrase m'est rapportée par Jacques Baratier lors du vernissage chez Pierre de Chevilly. Il faut que je lui redemande de qui est cette phrase. Je me rends compte, dans ces soirées parisiennes, qu'il y a très peu de gens qui font passer la sauce: Baratier est l'un d'entre eux, mais le champion, celui qui trouve des gags à jet continu, avec qui l'on peut rire tant et plus tellement il a des fulgurances de génie, c'est Roland Topor. Il faut dire que je ne le rencontre pas tous les soirs. Il vient d'arriver un truc très étrange: Je lui parle de son père dont je viens d'apprendre le décès par une tierce personne. Oui! Les gens l'aimaient beaucoup! Je vais essayer de faire une expo avec ses peintures! Je ne sais si c'est l'émotion, mais dès ce moment, et pour la première fois depuis que je le connais me semble-t-il, Roland a prit un accent yddish Europe Centrale pour s'adresser à moi. Cela ne l'a pas quitté de la soirée. Jamais je n'avais su qu'il avait cet accent. On aurait dit qu'à son corps défendant il était investi par le parler de son père. Nous étions nombreux au bistrot, puis cinq au restaurant, il m'y avait invitée. Ses amis et sa compagne lui faisaient vis à vis, nous deux côte à côte, et chaque fois qu'il s'adressait à moi, sa bouche se déformait par le phrasé un peu douloureux spécifique des juifs d'Europe Centrale. Schwarzenberg, Elie Wiesel ont ce type de rictus assez pénible à regarder: La douleur du monde qu'ils portent sur leur visage. Roland qui rit comme un fou, avait aussi cette distorsion pour dire des choses graves sans y mettre d'importance. Vraiment, c'était très étrange de l'écouter cet amour qui lui sortait de la bouche quand il racontait le disparu. Est-ce le petit enfant qui ressortait par la juiverie d'un dialogue entre lui et le père qui venait de le quitter? (octobre 92)

jeudi, mai 17, 2007

La parité (Walter Lewino)

L'ANTI-PARITE

L'égalité des hommes et des femmes? Une plaisanterie. Egaux en quoi?

Leur grandeur a toujours étaient d'être complémentaires.

Et la complémentarité suppose obligatoirement une différence. La vieille
histoire du tenon et de la mortaise, du pouce et de l'index, du proton et du
neutron, de la pluie et du soleil... Seraient-ils égaux au lieu d'être
complémentaires que tout se casserait la gueule.

Fort de ces évidences, de ces clichés diront certains, on se demande quel
est l'intérêt de la parité en politique.

Une solution parmi d'autres:

Une Chambres des députés uniquement composé d'hommes élus uniquement par des
hommes...
... et un Sénat uniquement composé de femmes élues uniquement par des femmes
Il s'agirait bien évidemment d'un vrai Sénat aux pouvoirs identiques à ceux
de la Chambre

Le bon couple fonctionne de cette manière. L'homme roule des mécaniques, la
femme met de l'huile dans les rouages. Il pose les problèmes, elle suggère
les solutions. En un mot il commande et elle décide.

Bien sûr j'utopise

Walter Lewino

dimanche, mai 13, 2007

A l'eau! .A l'eau!...

Avec la pénurie annoncée de l'eau, chacun demande à l'autre: Tu prends des bains ou des douches? Un jour de Noël, une belle maman qui me recevait pour la première fois chez elle: "Qu'est-ce qui vous ferait plaisir comme cadeau? - Un bain!"
Au jour de l'An: "Alors! Quoi comme cadeau? - Un bain! - Mais mon petit, vous avez déjà pris un bain la semaine dernière!"

L'âme adore nager ( Henri Michaux)

La nouvelle revue moderne est arrivée!.....Demandez la nouvelle revue moderne!..

jeudi, mai 10, 2007

Mairie du 3ème

Michel Chaudanson, après nous avoir projeté le truculent film The Decameron (Pier Paolo Pasolini-1971) il nous a présenté Stéphane Mazurier lequel nous a rafraîchi la mémoire sur les aléas et les succès de Hara Kiri. Delfeil de Thon a eu la gentillesse de l'écouter en souriant.
Evidemment il a été question de la fameuse fête pour la fin d'Hara Kiri dans une émission de Michel Polac et du tollé de la presse qui s'ensuivit. J'avais écrit mon petit mot d'humeur:
Samedi 2 janvier à Trouville. L'humour n'est pas roi à "Droit de Réponse" si l'on veut parler de la politesse la plus élémentaire: Suffert l'ennuyeux a du bien rigoler de vous voir tous aussi chiants. Une galerie monstrueuse d'intellos-éthiliques, j'en ai le coeur qui bat de honte devant cette agitation déliquescente d'anarchistes célèbres.
Ma copine était tout aussi hystérique pour contester l'émission, m'empêchant de l'écouter. Si cette contagion a gagné tous les foyers, on peut dire que vous avez crevé l'écran. Gainsbourg ponctuant les discours par des "pouette! Pouette!" de son ballon de baudruche. Sternberg noyé par l'alcool agitait ses mains en l'air pour s'accrocher à du solide...
Deux heures avant, aux actualités télé, un reportage sur les clochards ivrognes de Nanterre. Leurs regards et leurs propos étaient empreints de dignité, se réclamant de la seule liberté, ils n'avaient pas le fâchisme d'empêcher leur voisin de s'exprimer. En fait d'empoignade, la seule qui ait relevé le gant, attendant avec classe qu'on l'interroge pour les "cinq dernières minutes", et avec humour, ce fût Valérie Mairesse.
Jeudi prochain, c'est Rika Zaraï qui chantera pour nous.

mercredi, mai 09, 2007

L'humeur noire

Ce n'est pas impunément que l'on flirte avec des humoristes noirs, sans avoir une intimité certaine avec la mort. Ils ont beau faire rire, la folie, le suicide, ne sont pas rares dans le rang des dames qui les bassinent avec l'une ou l'autre de ces afflictions..

mardi, mai 08, 2007

La mère

Deux nuits consécutives j'ai rêvé de ma mère morte: j'avais dormi dans son lit, je voulais être aimable, peut-être la caresser, mais j'eus le sentiment que la vieille femme était enceinte: "Trois- quatre mois?- Ça va bientôt se voir!" Par la fenêtre j'aperçois des branches qui s'agitent, nous sommes dans le haut d'une colline, les branches oscillent de plus en plus, elles sont énormes, autour les pins ne bougent pas, il n'y a pas de vent, puis plus rien. Je dis à ma mère: "On vient de voler un arbre" Oh! On vole de tout par ici!" Ma soeur sort de la cuisine où elle a du dormir. Il manque un petit évier en coin dans la pièce principale. Ils n'ont pas le replacer après avoir refait la peinture! dit-elle, indifférente. J'ai l'impression qu'elles vont déménager, dans du plus grand, peut-être à cause du bébé à naître.
Nous sommes au Club Med en train de chercher au réfectoire de quoi prendre un petit-déjeuner: Je t'attends au village pour faire des courses! me dit ma mère. Je prends le train et descend en même temps qu'un blondinet moniteur de ski qui est accompagné d'une jeune fille. Personne à la station, je dois descendre plus bas. Je marche sur un remblai à gauche des rails. Mes chaussures sont ferrées, je glisse avec aisance comme sur des patins dans les anfractuosités du petit chemin. Arrive un pont au dessus d'un gouffre. Je dois passer à l'extérieur pour ne pas risquer me faire faucher par une rame dans cet étranglement. En me collant fortement à la paroi, une pierre se détache, je la garde à la main de peur qu'en la lâchant je ne sois emportée par son poids dans les eaux tourbillonnantes. Je fais avancer cette masse tout en adhérant au mieux à ce qui reste du pont. Arrivée sur le talus, je laisse tomber la pierre. La pente est de plus en plus raide, je suis toujours les rails, aucune station en vue. Je finis par me retrouver à plat ventre, mon vieux manteau de loup me protège du froid et de la boue. Les rails disparaissent sous l'eau, les poils de la bête me permettent de glisser comme sur un traîneau qui va si vite que je ne puis interroger les rares passants qui remontent la pente de ces villages déserts, toujours aucune station en vue. Je finis par atterrir sur une grève où des flonflons d'une fête résonnent pour des embarcations à quai.. Si je ne retrouve pas ma mère, il me faudra rebrousser chemin, aurai-je la force de remonter cette colline? Cela me réveille.

Ma cure "au vert" a fait effet dans l'instant où je la pratiquais, le nervosisme parisien est revenu aussi sec avec les informations courantes.

lalalala (Jérôme Reybaud)


La surprise de mars 2007



Tandis qu'Olivia Ruiz, Grand Corps Malade et Bénabar, reçoivent chacun sur la scène du Zénith une Victoire de la musique devant des millions de téléspectateurs, tout un réseau souterrain d'interprètes et d'auteurs superbement ignorés s'organise dans l'espace virtuel de l'Internet, plus particulièrement dans la galaxie MySpace, qui ressemble un peu plus chaque jour à un refuge, un abri, un maquis même, où les recalés d'Universal et de SonyBMG, ou ceux qui n'ont même jamais songé à envoyer leurs oeuvres au moindre label, ou encore ceux qui se produisent eux-mêmes, se rencontrent et parfois s'associent, par affinités. Certes le pire côtoie le meilleur ; les pages préformatées imposées par MySpace sont laides et peu pratiques ; les usages sont rudimentaires (tutoiement, anglicismes etc) ; la qualité des photographies et des fichiers audio est souvent exécrable... mais des fils malgré tout se tissent, se lient, se nouent, au gré des connexions et selon le principe élémentaire dont Eric Rohmer a jadis fait un film : les amis de mes amis sont mes amis, et ainsi de suite, jusqu'aux rencontres les plus improbables, et parfois jusqu'aux découvertes les plus touchantes, auxquelles il arrive de se matérialiser. Marie France, qui voulut en avoir le coeur net lors d'un concert récent à Paris, interrogea d'ailleurs son public, et put constater que plusieurs spectateurs étaient des "amis" de MySpace... Voilà comment l'on tisse sa toile aujourd'hui, voilà comment l'on peut parvenir à toucher les dix, cent, mille, dix mille personnes qu'une conjonction de hasards extraordinaire a rendus réceptives à vos textes, vos inflexions, vos soupirs, vos silences... Voilà comment l'on envoie des bouteilles à la mer en 2007, et voilà comment elles tombent dans de bonnes mains, le cas échéant. Voilà comment, enfin, l'un des auteurs les plus secrets, les plus profonds et les plus émouvants - Marie Möör - peut, sans label, sans contrat, sans soutien d'aucune sorte, du moins en son nom propre (1), illuminer vos nuits - votre Nuit - de ses textes, des ses images et de ses titres, qu'elle publie dans l'immensité virtuelle pour rien, c'est-à-dire très précisément pour vous, qui savez l'entendre, et qui l'avez découverte parce qu'un ami vous a présenté un ami qui etc. Le principe des constellations secrètes remplacera-t-il la logique de l'affichage et de la "communication de masse" ? Preuve de sa force et de son adéquation avec une certaine chanson française, Jacques Duvall et Elisa Point lui ont déjà consacré une ligne (amusée) dans une chanson uniquement disponible pour l'instant sur... MySpace : "Est-ce que tu seras jalouse de mes amis sur MySpace ? / Nul ne sait / Nul ne sait ce qui nous attend..."

(1) Car le groupe nommé Rose et Noire que forme Marie Möör avec Laurent Chambert, a bien, lui, un label (Discordian), et c'est heureux. Vous pouvez d'ailleurs écouter des titres de Rose et Noire... sur leur page MySpace.

lundi, mai 07, 2007

Dimanche à Paris

J'ai toujours aimé Le Centre Pompidou, ne serait-ce parce qu'en s'élevant dans l'escalador, on voit les toits de Paris. Sur le Parvis, le théâtre de rue fait la fête, beaucoup de badeaux mêlés aux pigeons qui picorent les miettes. Sur le fronton :Si le monde était clair, l'art ne serait pas. (Albert Camus)
Et la piscine est gratuite pour ceux qui n'ont pas quitté la Capitale pour voter.

dimanche, mai 06, 2007

Jacques Sternberg par Phil Fax (extrait)

(Collage de Philippe Lemaire) nouvellerevuemoderne.free.fr/expocollages.htm -

Me voici en train de remuer des souvenirs et des livres. S'étalent devant moi
La Géométrie dans l'impossible, Mémoires provisoires, Vivre en survivant, le Dictionnaire des idées revues, Les Pensées et Profession : mortel, son testament littéraire. J'ai sur mes étagères son Topor, divers romans et recueils de nouvelles et de vieilles revues où sa patte s'est posée : Fiction, Bizarre, Plexus, Kitsch, Mépris… D'une boîte aux trésors où je conserve calendriers de pin-ups, pulps et revues obsolètes, je viens d'extraire le n°33 de mars 1954 de Photo-Monde. Sous la plume de Jean Gallian, ce mensuel destiné aux amateurs d'art photographique présente les photomontages d'un inconnu nommé Sternberg : "Qui est Jacques Sternberg ? Un peu journaliste, un peu écrivain, un rien dessinateur, quelques nuances de journalisme, un grand enthousiasme joyeux pour la désespérance et la neurasthénie, enfin un spécimen typique de la faune qui hante et a toujours hanté depuis deux mille ans, les jungles assez civilisées de la rive gauche de la Seine au flanc des coteaux de Sainte-Geneviève et du Mont-Parnasse. Un avenir improbable le mènera probablement en un entresol d'une rue tranquille d'Auteuil où il écrira des contes charmants pour la jeunesse, couronnés par diverses académies." A lire l'hommage posthume que lui a décerné le Ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, on pourrait penser que cette prédiction s'est réalisée : "Avec Jacques Sternberg, la littérature francophone perd l'un de ses représentants les plus singuliers, le créateur d'un univers déroutant…" Les maigres articles qui ont suivi son décès ne parviennent pourtant pas à cacher que Jacques Sternberg n'occupera jamais qu'un strapontin au panthéon de la République des Lettres. Il était tout à fait lucide sur ce point et donnait volontiers dans l'autodérision, comme dans cette notice qu'il rédigea pour le Dictionnaire des écrivains contemporains de langue française par eux-mêmes1: "Il serait sans doute téméraire de prétendre que Sternberg est un écrivain incomparable, mais on peut en revanche affirmer que son itinéraire d'auteur n'est guère comparable à celui de ses confrères et contemporains. Peut-être parce que ce camé d'écriture est resté durant toute sa vie le cancre qu'il fut à l'école qu'il haïssait, incapable d'engranger les connaissances, enfermé à double tour dans sa lucidité d'ignorant imaginatif. Qui a toujours préféré l'effort physique à la réflexion intellectuelle, la course aux filles à la vaine recherche d'une métaphysique et les dérives consolantes aux servitudes du grand cross-country de la réussite. Cela donna une vie assez agitée malgré son sur-place dans l'espace et la pensée, une suite de dérapages provoqués par une constante confusion mentale et le refus de toute responsabilité sociale, avec comme nerf moteur une véritable soif d'écrire à travers tout, en état second le plus souvent, envolée exacerbée qu'aucun refus ou échec n'arriva jamais à contrer."
C'est étrange à quel point des lecteurs peuvent être en osmose avec leur auteur de prédilection: intelligence, sensibilité, tout est dans leur chronique, au point de rendre jaloux des proches qui n'y avaient vu que du feu! ( ou presque)
http://nouvelle revue moderne.free.fr

Le cinéma

Christian Leciaguecahar est monté à Paris. J'avais le trac de rencontrer ce chroniqueur de cinéma
coindu cinéphage La vieille actrice face à un jeune critique! Nous avons marché dans Le Jardin du Luxembourg...Il m'a parlé de la merveilleuse Julie Christie toujours intemporelle. C'est parce qu'elle ne court pas après le temps! lui ai-je répondu.

jeudi, mai 03, 2007

A Benauge

J'imagine toujours gagner à la loterie alors que je ne joue pas. Un croisière ça c'est sur! Un grand studio vide avec des meubles à roulettes. Mais dans l'idéal, où ferait-il bon vivre? Il me suffit d'être invitée dans la campagne française pour avoir le coup de foudre. C'est une merveille quand les gens ont les moyens de leur bon goût. Un phrase entendue dans ma jeunesse, mon hôte me la balance aujourd'hui: Imbécile heureuse! J'ai une bouffée de douceur tendre. Un vrai plaisir que de suivre les ordres de ce vieil ami qui se veut ironique, cinglant: Maintenant tu débarrasses, tu fais la vaisselle, tu vas chercher l'échelle! J'obéis comme une enfant, contente d'apprendre. C'est un bonheur que d'éplucher les pommes de terre assise sur une pierre envahie de mousse à l'ombre d'un arbre en regardant les moutons, de dormir malgré le chahut que font les grenouilles en rut, de marcher sur les chemins en humant les odeurs de l'herbe mouillée par l'averse. De voir cet homme bricoler du grenier à la cave, et s'en y être invité, débarquer à n'importe quelle heure chez ses voisins et surtout chez un trésor de vieille dame, ( plus de quatre-vingt-dix ans) qui va le chercher à la gare et le ramène au train dans sa voiture. Il boit méthodiquement, soit le matin, soit le soir, mais se réserve une lucidité ricanante pour nous choquer où écrire. Je lui ai dit que si je gagnais à la loterie, je prendrais un chauffeur et lui, me commenterait tout le paysage de France. Sa curiosité n'a de cesse que d'éveiller la nôtre en pointant tous les détails, les noms des gens, des monuments, sur chaque parcours. Nous n'avons jamais été amants, aucun mensonge entre nous, si bien que nous faisons bon ménage, que je n'ai jamais connu un homme plus attentionné avec ses invités, il n'y a qu'en public qu'il s'amuse à bousculer. Il m'a plongée dans un livre de Singer Shoshoa Un jeune écrivain reste dans la Pologne de tous les dangers car il aime son amie d'enfance restée " demeurée". Dans une boutique de commerce équitable il voit un beau panama, le met sur ma tête, gardant son vieux sur lui. Le lendemain, invités à un déjeuner chez un ancien ambassadeur: Mets ton chapeau! Il veut que je fasse la belle chez ses amis. Je lui demande après quelques jours: " Il est à qui ce chapeau, à toi ou à moi? - Espèce de salope, c'est le mien, je me le suis acheté parce que les miens sont pourris, moisis! - Alors pourquoi as-tu dis à chaque fois, mets ton chapeau?"
Je laissé celui-ci sur la patère.
J'ai mis mon sac à dos sur la table pour le départ, il devait me raccompagner au train. Au moment de le prendre j'ai vu le chapeau posé dessus.
Pour ce séjour, j'avais pris le minimum: "Peux-tu me prêter un stee-shirt pour dormir? - Tu n'a qu'à prendre la chemise de nuit qui est dans l'armoire de ta chambre!"
Un vrai rêve cette chemise de nuit de grand-père en pilou, comme on n'en trouve plus dans aucun marché. Durant la nuit, comme je gigote beaucoup, je sentais le tissu craquer, chaque nuit un peu plus, je n'ai rien dit sur cette déchirure, la femme de ménage pourra imaginer que j'ai été violée.
J'ai mis le panama sur le siège à côté de moi dans le train, ainsi je prolongeais notre intimité en l'imaginant sous le chapeau. Il me faudra attendre mon tour pour revenir dans son hameau perdu en haut d'une colline sans communication, ni internet, ni portable, que les visites de courtoisie où chacun entre dans la maison de l'autre, rien n'est fermé, je n'ai jamais ressenti quelque chose de plus civilisé.