mardi, octobre 31, 2006

C'est la Toussaint

Des enfants se baignent encore dans La Manche, le froid rend leurs cris plus aigus. Le bruit n'est pas venu jusqu'ici, à moins que l'on ne pratique le" Pas de vagues!" Podda m'a enlevée dans nos vieilles contrées, je ne bois que de l'eau, elle pas. Anniversaire pour tout un chacun, Ghislain est parti un 3, j'ai eu 7 ans de gelure.
Travaillons! Travaillons! disait-on dans L'Oncle Vania (Tchécov) On veut me faire honte de ne pas lire, mais si c'est pour jouer les bas-Bleus dans les salons de thé...Je supporte de moins en moins ces réunions ponctuelles qui ont pourtant l'intérêt de voir des têtes autres que la caissière de grande surface. Voir ces dames se goberger de leurs lectures mais ne pas s'intéresser au vécu qu'elles ne prennent plus à bras le corps. Vivre! Vivre! N'importe quelle aventure! Partir en mer, mais voilà, mon capitaine n'avait jamais été au delà des bouées! Et pour d'autres, j'ai tellement le mal de mer qu'ils n'ont jamais pù me comsommer à bord, cela limite le voyage. Il ne me sert donc à rien de draguer le long des quais. Il faut inventer une vie...Le rêve n'est qu'une anti-chambre, on y reste aux abords.

lundi, octobre 30, 2006

Je suis pistée

Je suis pistée sur la toile je le vois, cela m'oblige à une auto-censure et de jouer au chat et à la souris, l'histoire y retrouvera bien ses petits.
Toujours ces gens qui mettent les bras derrière le dos, se protègent de je ne sais quelle calamité, et finissent frustrés par baisser leur pantalon. Ma poitrine est à nouveau libre. J'ai eu durant quarante ans la vie pourrie par des chantages affectifs, puis la dernière année parce qu'on ne m'appelait plus, maintenant il y a l'après. Partout il fait beau, cela donne envie de déménager.

vendredi, octobre 27, 2006

Jean- Batiste Baronian Marabout

Lors de nos incursions à Bruxelles le passage obligé c'était chez Baronian. Sa maison était jonchée de livres jusque dans la cage de l'escalier. L'érudition de Jean-Batiste était t-elle que j'étais jalouse du temps qu'il prélevait en bavardage sur ma courte lune de miel. Un jour il demanda si Sternberg avait un texte pour sa collection chez Marabout. J'avais était séduite par Sternberg avec sa Géométrie dans l'impossible et Géométrie dans la terreur, je le dis: Ah! en voilà une bonne idée! Je vais rééditer ces textes! qui devinrent: Contes glacés
(recueil de : Jacques Sternberg ; Belgique › Verviers : André Gérard/Marabout, 1974)

Voyage en sol majeur (Georgi Lazarevski) L'Autre écran

C'est un délicieux documentaire sur un vieux couple. la femme ne se soucie que de trouver un fauteuil Ni trop dur, ni trop mou! et faire entendre la musique qu'elle aime à son petit fils. Le mari veut voyager, au Maroc de préférence. Il n'ose depuis quarante ans qu'il joue du violon dans un orchestre philarmonique. J'avais peur du chef d'orchestre qui pourtant n'a jamais fait de mauvais rapport sur personne! Je n'ai jamais osé lui demandé d'être soliste! Sur le mur de sa chambre lorqu'il était jeune, une femme avait inscrit: Avant de sortir pense à moi,ose! La femme étendue devant la caméra. Je suis une vieille feuille accrochée aux branches de son arbre! Et pourtant, je ne tombe pas! Comment se fait-il? L'homme devenu sourd a vendu son violon, c'est la seule chose qu'il regrette, dans l'idéal il aimerait finir en gardien de phare, en pleine mer, tout seul avec des livres et un chat. Sa femme dit n'avoir jamais été heureuse , pas un seul jour, alors que nous voyons des photos de jeunesse où ils étaient beaux, élégants, tous deux. Il y a beaucoup de malice de leur part à se laisser aller à ces confidences devant la caméra de leur petit-fils qui a amené son grand-père de 91 ans dans un périple au Maroc. Lorsqu'il retrouve ses quartiers c'est un homme changé, il a été dans la lumière et du coup regarde et interpelle ses concitoyens.

Eric Losfeld

J'aimais beaucoup les samedis matins. Eric Losfeld ouvrait sa boutique rue de Verneuil Le Terrain Vague, face à la maison de Serge Gainsbourg toute noire à l'intérieur. On s'attendait les uns, les autres,dans la rue. Losfeld distribuait de l'argent de poche à ses auteurs pour passer ce jour de libations, ensemble. Et le bataillon s'en allait rejoindre le groupe de la BD et des cinéphiles à la librairie Le Minotaure gardée par Claude André. Cela faisait des tablées conséquentes au Procope, rue Mazarine. Lors des déjeuners, leurs bavardages a été ma seule école littéraire.
A propos de Losfeld, lorsqu'il a été enterré, j'ai juré sur sa tombe que je n'irai pas sur celle de Sternberg. Celui-ci trop paniqué par la mort ne s'était pas déplacé de trouville où il avait pris une villiégature. J'ai pù ne pas me parjurer car il a été incinéré.

Jean Claude Drouot- Orson Wells

Jean-Claude Drouot n'arrête pas de grandir, à chaque rôle. Il a fait de l'immersion durant des mois,et sur le plateau c'est Orson Wells qui est là!

jeudi, octobre 26, 2006

Duremberger, Sternberg, Brando

A La Coupole, à la table à côté se trouve en train de déjeuner seule, Suzanne Duremberger. C'est une femme adorable et la scripte fétiche de tous les grands metteurs en scène. C'est sa pose déjeuner, elle travaille sur le film Le Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci. Je luis dis que Sternberg a une grande passion pour Marlon Brando. Le tournage se fait dans une rue perpendiculaire au boulevard du Montparnasse (rue Vavin je crois) dans un immeuble en céramique blanche (1920). Elle nous invite à rencontrer le monstre sacré entre deux prises. Celui-ci est lové tel un félin assoupi dans un fauteuil Club en cuir marron. Il connait les écrits de l'écrivain, on les laisse discuter un petit quart d'heure. J'étais fière que par mon intermédiaire Sternberg ait pù rencontrer son idole qui n'a pas lancé un oeil sur moi. Je ne sais si c'est à la suite de cette rencontre que Sternberg a écrit L'Anonyme.

mercredi, octobre 25, 2006

La fausse veuve

Je m'étais préparée telle une veuve à recevoir les doléances des gens qui nous avaient connus ensemble. Mon enseignant de yoga disait qu'il ne fallait pas fuir mais toujours entrer dans l'oeil du cyclone, j'ai donc laissé mon portable allumé. C'est sur les doigts d'une seule main que j'ai compté les manifestations de compassion.

Amanda Lear

Nous sortions de La Pochade d'un vernissage de dessins de Chaval. Devant nous, la grande Amanda Lear en mini et cuissardes, c'était un spectacle. Ne sachant pas de quel bois elle se chauffait, il lui courut derrière. Je lui dis: Vous êtes ridicule, vous lui passez entre les jambes!

Plus tard, nous sommes attablés à La Coupole, la première D.B. lui et moi, Amanda arrive flanquée d'un prince italien évanescent. Sans nous regarder nous, pauvres filles, d'une voix anormalement grave: "Tu ne m'as pas téléphoné! Tu as peur de moi?. Je dis à ma camarade de banquette: Qu'est-ce qu'on fait ici, de la figuration? -Si c'est dans un Cécile B de Mille, je veux bien!"

lundi, octobre 23, 2006

On ne peut plus monter dans un train en marche


Autrefois nous mettions nos Solex dans le train, il venait de La Porte d'Auteuil, moi de Meudon, et nous arrivions à Trouville devant le garage de Louis Pauwels qui hébergeait notre Zef. Quelques heures de mer et en rentrant sa femme voyant ses chaussettes: Je ne savais pas qu'il y avait du sable au bureau!

Une autre fois, en se rhabillant il mit une chaussette de mon concubin, et toujours sa femme: Je ne savais pas que tu étais devenu pédé!

Je serais bien allée en Belgique avec la nièce belge, il faut réserver 15 jours à l'avance si l'on ne veut pas payer le train plein pot.

Au Port de la Bastille, une merveilleuse péniche me tendait ses flancs "Fleur", elle était pleine et faisait son dernier voyage de la saison vers la Hollande. Quand j'ai vu tous ces beaux hollandais sur la passerelle, je me suis remise à l'anglais.

Depuis douze ans qu'il m'attend, Janot, de La Montagne Noire, n'a pas finit de me préparer ma chambre.

Dans le Square de la Place des Vosges, afin que l'on ne se couche pas dans l'herbe, ils ont mis une pancarte: Pelouse au repos.

Mes écrits n'ont rien à faire avec le chagrin, ça à voir avec la révolte.

Je comprends mieux ma soeur qui disait ne jamais pleurer lorsqu'elle était seule chez elle. C'est dans la rue que le mal être se déclenche, pourquoi?

dimanche, octobre 22, 2006

La fidèlité

La différence qu'il y a entre une maitresse goy et une juive c'est que la goy, quand elle ne vous désire plus, elle n'a plus envie de vous voir. La femme juive si elle aime un homme c'est pour des raisons métaphysiques, même quand c'est fini, elle vous reste attachée sentimentalement! (Jacques Sternberg)

jeudi, octobre 19, 2006

Sophie, la mer et la nuit, (Albin Michel) LeMonde Article paru dans l'édition du 15.10.06


L'écrivain Jacques Sternberg est mort à Paris, mercredi 11 octobre, à l'âge de 83 ans. C'est l'une des personnalités les plus singulières des lettres françaises qui vient ainsi de disparaître.

Jacques Sternberg était né à Anvers, en Belgique, le 17 avril 1923. Après des débuts littéraires en 1945 (La Boîte à guenilles, Jamais je n'aurais cru cela), il lance, en 1955, un fanzine, Le Petit silence illustré, où il publie des textes de la nouvelle vague de la science-fiction française, dont il est l'un des membres les plus éminents (Gérard Klein, Curval, Dorémieux), mais aussi de Pierre Bettencourt ou de Thomas Owen. Il y montre son intérêt pour la science-fiction, à laquelle il consacre une étude en 1957, Une succursale du fantastique nommée science-fiction, et pour l'humour. Il concilia souvent les deux dans ce qui est incontestablement sa grande spécialité : le conte court avec chute au rasoir.

Ces textes de SF, d'un humour souvent très noir, ont été réunis dans plusieurs recueils : La Géométrie dans l'impossible (1953), La Géométrie dans la terreur (1958), Entre deux mondes incertains, Univers zéro, Futurs sans avenir et 188 contes à régler. Il a également signé un roman de SF, La sortie est au fond de l'espace, dans la collection "Présence du futur", et un roman de SF érotique, Toi ma nuit, chez Losfeld, qui le réédita à de nombreuses reprises. Jacques Sternberg a été le scénariste de Je t'aime, je t'aime, le beau film d'Alain Resnais sur le thème du voyage dans le temps. Il a pris par la suite ses distances avec le genre, mais il a gardé tout au long de sa carrière d'écrivain un goût prononcé pour l'insolite et l'étrange.

Parallèlement à ses textes conjecturaux, il a écrit une suite de romans qui confrontent leur protagoniste à l'absurdité du monde et qui sont autant de satires acerbes de notre moderne civilisation : Le Délit (Plon), L'Employé (Editions de Minuit), La Banlieue (Julliard), Un jour ouvrable (Losfeld).

VEINE PSYCHOLOGIQUE

L'humour est un domaine dans lequel Jacques Sternberg a beaucoup oeuvré en éditant des anthologies (Un siècle d'humour anglo-américain, Un siècle d'humour français - 1961) et en dirigeant chez Julliard la collection "Humour secret", où il a publié Thurber, Benchley, Robert Price, mais aussi Cami, Pierre Dac et Cavanna. C'est un territoire qu'il a pratiqué aussi en tant qu'auteur dans ses recueils de contes (Contes glacés, Contes griffus), dans son Manuel du parfait petit secrétaire commercial (1960) ou dans son Dictionnaire des idées revues.

Jacques Sternberg a dirigé en 1973-1974 une revue intitulée Mépris ("la revue qui n'a strictement rien à vendre ou à louer") et a joué un rôle important dans la collection Planète en composant de nombreuses anthologies (Les Chefs-d'oeuvre de l'épouvante, de la science-fiction, de l'érotisme, du crime, du dessin d'humour, du rire, du sourire, du kitsch, du fantastique, de la BD, etc.), qui ont eu en leur temps un retentissement considérable, et un magnifique recueil de dessins, Le Tour du monde en 300 gravures. Son intérêt pour l'art graphique s'est également manifesté par des anthologies : Un siècle de pin-up, Un siècle de dessins contestataires, ou par son essai sur Topor (Seghers), qui avait illustré au Terrain vague l'un de ses textes : L'Architecte.

Dans les années 1970-1980, Jacques Sternberg reprend sa plume de romancier, mais dans une veine psychologique, plus apaisée, moins pessimiste, où transparaît souvent sa passion pour la voile : Le Navigateur, Mai 86, Sophie, la mer et la nuit, Suites pour Eveline, Sweet Eveline.

Pamphlétaire (Lettre ouverte aux gens malheureux et qui ont bien raison de l'être), chroniqueur à France Soir, il a écrit aussi des pièces de théâtre (C'est la guerre, monsieur Grüber, Une soirée pas comme les autres), de nombreuses préfaces pour des oeuvres très différentes, des Aventures de Jodelle au Dictionnaire du diable, d'Ambrose Bierce, en passant par César Birotteau, de Balzac, et des fragments d'autobiographie réunis sous le titre très sternbergien de Profession mortel (2001).

Le titre d'un de ses ouvrages paru chez Tchou est une vraie profession de foi : Vivre en survivant : démission, démerde, dérive.
Jacques Baudou

Jacques Sternberg

Jacques Sternberg est né en 1923, à Anvers, de parents juifs. De ses années d'école il se dira "cancre reconnu, nul dans toutes les disciplines scolaires, je n'ai jamais réussi à passer mon bac". Il se met à à écrire vers l'âge de quinze ans et se lance rapidement dans le fantastique et le burlesque. La science-fiction viendra un peu plus tard. Il commence par exercer le métier d'emballeur dans une cartonnerie et va s'installer à Paris, espérant se faire éditer. Il lui faudra attendre le succès durant sept ans. Son premier ouvrage, La géométrie de l'impossible, paraît en 1953, ainsi qu'un roman, Le délit. A partir de ce moment il publiera régulièrement des essais, des chroniques, deux pièces de théâtre. En 1967, Alain Resnais fait appel à lui pour écrire le scénario de Je t'aime, je t'aime, et c'est également le début pour Sternberg de ses chroniques - corrosives- dans le Magazine littéraire et dans France-Soir. A partir de 1984 il abandonne le roman, arrive aux éditions Denoël où il n'écrira plus que des contes brefs. Le temps que Jacques Sternberg ne consacre pas à la littérature, il le passe dans la solitude des mers, à bord de son bateau.

Toi, ma nuit, écrit en 1965, est une plongée dans le monde des années nonante. Plus exactement en 1995, dix ans après la guerre de 1985. Cette guerre, qui n'a duré qu'une seule nuit, a bouleversé l'humanité et détruit toutes les valeurs sur lesquelles reposait la société. Les hommes, complètement perdus, cherchent un nouvel idéal.

Et cet idéal, c'est un livre qui le leur fournit : Le sexe est notre glaive de von Kieffer, d'où naît le Kiefferisme. La théorie est simplissime : le bonheur, c'est le sexe. Et c'est ainsi que la sexualité devient "non seulement la force motrice qui dirige le monde, mais une véritable métaphysique" (p.35). "Le monde est devenu, peu à peu, une gigantesque chambre à coucher où chacun fait désormais l'amour avec autant de désinvolture que s'il fumait une cigarette"(p.42).

L'amour n'a plus de sens, seul compte le plaisir. Tout le monde couche avec tout le monde et personne ne songe plus à refuser, car un refus, ou même le fait de recommencer plusieurs fois avec la même personne, serait considéré comme pathologique.

Le narrateur, lui, se trouve décalé par rapport à ce système. La surconsommation de sexe le dégoûte, et tout le côté superficiel, voire vide, de cette société. Ce sentimental préfère, plutôt que d'aller voir les films à la mode comme Suzanne, ouvre-toi ou Bonjour Luxure, s'offrir d'éternels classiques qu'il a vu au moins vingt fois. Il écoute de vieux trente-trois tours d'autrefois, méprisant la musique actuelle qu'il trouve obscène et vulgaire. Il n'aime pas la ville et sa pollution, il n'aime pas la vitesse et, plutôt que d'utiliser une voiture comme tout le monde, lui préfère un vieux solex. Il n'aime pas non plus son métier, qui consiste à créer des publicités, car on ne lui demande que de convaincre le consommateur par le sexe.
Et cet homme, différent des autres, va tomber amoureux.

Il va redécouvrir l'amour que, comme tout un chacun, il avait oublié. Il va aimer Michèle, jeune femme si étrange et tellement attirante, sans plus aucun point de repère, mais acceptant la souffrance que cet amour unique implique. Prévoyant depuis le début le danger d'un relation aussi passionnée, il dira oui à ce que les autres refusent, sans jamais faire marche arrière.

Toi, ma nuit, s'il n'est pas à proprement parler un roman d'anticipation, annonce clairement la révolution sexuelle des années soixante et septante et dénonce une certaine banalisation de la sexualité, favorisée au détriment de l'amour plus spirituel.
Est présente également la dénonciation d'un phénomène extrêmement répandu ces dernières années, celui de la surconsommation en général : "Dès que l'on a mis le doigt dans l'engrenage, que ce soit un bar, un train ou un garage, on a immédiatement le bras entier happé dans un redoutable cliquetis qui annonce la goinfrerie rapace de l'époque. Il faut consommer de gré ou de force, à chaque pas, à chaque instant. Consommer, que ce soit du jus de fruit ou de la fesse d'occasion, du steak ou de la littérature hachée" (p.18).
Dans Toi, ma nuit, nous trouvons des phrases simples et concises, un style nerveux et poignant qui nous percute et nous emporte dans un monde angoissant.

Nous retrouvons dans cette oeuvre certains traits caractéristiques de Sternberg : humour noir, cynisme, dérision, pessimisme, lucidité, suspicion vis-à-vis des valeurs imposées par la société. La mort aussi, est fort présente, alliée à un certain nihilisme certainement dû pour une bonne part à l'expérience de la guerre qu'il a connue alors qu'il avait seize ans, expérience de la souffrance, du sadisme et de la mort de son père.
Sternberg est avant tout un écrivain déroutant, qui nous pousse à nous remettre en question.

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Sternberg est mort, c'est absurde

Sternberg est mort, c'est absurde
L'écrivain aux treize romans et 1 500 contes aimait l'étrange et l'insolite.
www.liberation.fr/culture/210323.FR.php - Pages similaires

Hommage de Renaud Donnedieu de Vabres à Jacques Sternberg

Avec Jacques Sternberg, la littérature francophone perd l’un de ses représentants les plus singuliers, le créateur d’un univers déroutant, fascinant, marqué par le fantastique et le monde concentrationnaire.
Sa vision d’un monde déshumanisé se décline à l’infini à travers une œuvre riche d’innombrables nouvelles et de romans uniques en leur genre : « La sortie est au fond de l’espace » ou « La géométrie dans l’impossible » qu’il enchaîne à vive allure pendant près d’un demi siècle.

Entre sa Belgique natale et la France, il avait établi une relation réciproque forte et créative, signant notamment avec Alain Resnais le scénario de « Je t’aime, je t’aime » en 1968 et, surtout, offrant à la
langue française un modèle littéraire et linguistique sans équivalent.

Pour les lecteurs d’aujourd’hui et de demain, pour la pensée philosophique et historique de notre temps, Jacques Sternberg restera le géomètre de l’absurde, l’explorateur de l’inhumanité du monde.

mercredi, octobre 18, 2006

Africa Trek ( Sonia et Alexandre Poussin) 14 000km dans les pas de l'homme

Une nuit je ne dors pas, l'autre je suis si fatiguée que je dors dix heures, ça se régule sans somnifère.
Je suis allée à Caveau voir le film de notre jeune et beau couple d'aventuriers Sonia et Alexandre Poussin. Un sac à dos de sept kilos chacun, une tente transparente pour se laisser voir par leurs 1200 familles d'accueils, le deal; aucune provision, et chaque soir trouver un nouvel hébergement; Ils ont traversé toute l'Afrique du Cap vert au lac de Tibériade en Israël soit 14 000 km.
Cela donne envie de prendre son baton de pélerin

mardi, octobre 17, 2006

La bière (2)

C'est ravissant de marcher sur le pavé entre les arbres et les tombes. Il fait un doux soleil d'octobre. Je laisse mes deux amis bavarder ne laissant aucun vide, je manque d'air pour me retrouver avant d'arriver en haut du cimetière. Dès que je suis seule, la poitrine se regonfle de sanglots non libérés. La musique libératrice qui déclenche les grandes émotions était absente de cette cérémonie. Je n'ai rien vu dans ce hublot, ni sarcophage, ni flamme, la lucarne étroite ne permettait qu'à quelques-uns d'assister au pire, une crémation aussi impersonnelle que si nous assistions à l'exécution d'un condamné inconnu. Une copine, Jean-Batiste et moi, nous sommes allés boire un coup, j'ai pensé à ma mère, j'ai bu une bière. (mise en bière) On était bien sur cette terrasse d'un quartier populaire. Pour distraire le peuple je voulais faire une loterie avec quelques livres qui me restait de lui, je les ai distribué à la volée. J'étais partie sans dire au-revoir à la poignée d'amis qui s'était déplacés. J'adore les gens qui ne se salissent jamais les mains, ni au sens propre, ni au figuré. On est sûr que pendant les tempêtes ils se taisent.
Walter Lewino disait que les tragédiennes sont porteuses de vie parce qu'elles vivent leur drame jusqu'au bout, et renaissent. Je n'ai plus de rage, plus d'attente, qu'une santé que l'on m'envie. C'est du travail vous savez! Un prof de l'Actor Studio: Prenez soin de vos dons! Georges Leroy de la Comédie Française: Il faut beaucoup de santé pour jouer la tragédie! Et Jean-Pierre Darras: Je vous en supplie, soyez bon ou mauvais, mais surtout n'ouvrez pas votre robinet d'eau tiède!; Pourquoi êtes vous incapable de vous déculotter dans la tirade amoureuse de la Reine de Ruys Blas (Victor Hugo) alors que vous pouvez jouer Ne te promènes pas toute nue! (Alain Feydau)
Marilyn Monroe usait ses partenaires en exigeant de refaire les prises 10-15 fois, ils étaient vidés, elle était sublime.
Jean-Batiste a été choqué du caractère impersonnel de l'établissement, de l'accueil Bureaucratique. "C'est comme dans "L'Employé" ( édité par Losfeld )- C'est çà!"

lundi, octobre 16, 2006

Comment gagner sa vie avec un buveur

Je ne prenais jamais qu'un citron pressé. Sans gite et sans couverts, pour ne pas m'énerver sur la molesquine, j'exigeais que l'on me verse l'équivalence des wiskys bus par mon partenaire afin d'avoir de l'argent de poche. André Delvaux à qui je racontais ma rouerie de survie. Vous pourriez allez beaucoup plus vite si vous faisiez comme cet humble paysan chinois qui avait rendu un grand service à l'Empereur. Demandes- moi ce que tu veux!- Je voudrais que vous mettiez des grains de riz sur votre échiquier. Un grain sur la première case, puis deux sur la deuxième, quatre sur la troisième, huit sur la quatrième, en doublant ainsi le nombre de grains sur chaque case. Quand l'échiquier fut plein, l'Empereur fùt ruiné.
C'était trop déprimant d'exiger des petits sous. J'ai fini par acheter une poudre vomitive que je mettais dans son wisky. Cela prenait des heures, que le maitre d'hôtel ne voit rien, ni ses amis agglutinés autour de la table, et lui allant au pipi-room. Le pire c'est qu'il rentrait chez lui pour vomir, ma soirée d'amoureuse était gâchée, j'ai fini par lui dire qu'il n'avait pas le cancer et je me suis exilée en Allemagne.

J'ai aussi gagné ma vie quelques mois avec un ami malheureux? Sa belle venait de le quitter, il m'en parlait des heures durant, m'invitant à diner pour ce faire, je n'en pouvais plus trouvant ces repas indigestes. Chaque fois que vous évoquerez votre mésaventure, vous me payerez, je vais faire le contraire du psychiatre, vous faire payer pour vous empêcher d'y penser.

Parfois les choses tournent rond. Vendredi dernier, Jean-Claude Drouot m'avait offert des places, j'ai cru qu'il savait, que c'était pour me consoler, il n'avait pas encore lu le journal.
Cet après-midi, Nicole, une amie du Club Med dont j'étais sans nouvelles depuis longtemps voulait m'inviter à déjeuner: Est-ce que c'est toujours ton bistrot le Select? -Oui oui oui! Au son de ma voix elle a estimé que ça urgeait, l'instinct de l'amitié.
Jean-Batiste Thiérrée, tel un preux chevalier m'a accompagnée au crématorium bien que fâché comme moi tant de fois avec notre ami défunt. Une copine m'a ramenée chez elle, tout était brouillé tellement nous parlions, et le soir, réponse aux questions, Agnès Varda présentait sur Arté son film Les Veuves de Noirmoutiers, tout restait en famille, tous ces signes... On se dit que l'énergie, affective ou autre, ça circule.
J'ai suivi un inconnu à l'hôtel, il m'a demandé mon âge et depuis combien de temps...J'ai tout dit, il était tendre et plein d'humour, nous avons rit de ne pas réussir au mieux, sans capote on ne pouvait pas aller plus loin. Je pouvais garder la chambre jusqu'au lendemain midi. La partie de jambes en l'air n'a fait que raviver mon chagrin. Telle dans une ville étrangère j'ai un peu trainé à Montparnasse dans le quartier de mes amours défuntes et je suis rentrée piqueniquer dans la chambre pour voir la Pompadour se démener avec la Cour du Roi Soleil. Il est trop beau, trop de charme Vincent Perez, et cette belle histoire qui a duré vingt ans...

Le dernier mot

La dernière phrase qu'un mourrant aurait dite: Je ne suis plus rien! C'est du Sternberg tout craché.

dimanche, octobre 15, 2006

Isabelle Adjani

Adjani s'est toujours starisée, je ne sais pas comment elle fait mais ça marche. Au cinéma je n'ai jamais été convainque, mais dans les retransmissions de La Comédie Française Ondine (Giraudoux) Agnès de L'Ecole des Femmes (Molière) elle est extraordinaire. Ses intervieuws extrèmement pointus, sur le fil du rasoir valent mille fois le look d'une comédienne qui controle son image, d'autant qu'elle rajeunit d'année en année, bientôt ce sera un bébé Cadum. J'attends de la voir dans Mary Stuart.
Une autre, Zouc, qui a aussi une lucidité de sorcière, qu'est-elle devenue celle-là?

Comment ça va?

A une vieille amie qui lui demande: " Comment ça va? une jeune fille répond:" Ca va pas mal!- Mais c'est merveilleux! Tu te rends compte, ça va pas mal! Surtout, n'en demandes jamais plus! J'ai été élevée sans le droit de me plaindre et ne jamais dire du mal d'autrui!

A propos de gens rapides qui parlent comme des mitraillettes: Il vaut mieux avancer lentement dans la bonne direction que très vite dans la mauvaise. (Descartes)

Seule une rivière sépare le héros de celui qui pourrait devenir l'assassin.
(Pascal Blaise)

A propos de la liberté d'expression, entendu au Café des Phares: Ils sont bornés parce qu'ils n'ont pas de limites!

La tendresse est dévolue à tout être humain. L'amour, je ne sais pas ce que c'est, c'est un grand mot, un gros mot.Je me refère toujours au film Et la tendresse bordel!

Nous veillons autour du cercueil. Podda la maitresse de maison, recoit un coup de fil, son interlocutrice demande à parler au mari:
" Mon mari est mort! - Ben alors! Comment qu'je vais faire pour payer les traites de ma voiture?- Mademoiselle, vous n'avez qu'à aller au Bois de Boulogne et faire quelques pipes!"

Le Bouffon est mort, vive la Reine!

Une jeune turque raconte: Chez moi, même le pire ennemi on ne peut pas l'empêcher de voir le mort pour un dernier adieu!

vendredi, octobre 13, 2006

jeudi, octobre 12, 2006

Duras Marguerite

Je dois me cacher des hommes, de mes amants, c'est pour ça que je me réfugie à Neauphle pour écrire, les hommes n'aiment pas les femmes qui écrivent!

mercredi, octobre 11, 2006

Back Street (Basinger Kim)

Il m'avait dit d'aller voir le film de Basinger "Back Street" afin de justifier ses mensonges, que je comprenne toute l'ambivalence des sentiments d'un homme adultère.

N'ai-je pas le droit à la tristesse? Je ne peux pas pleurer, que veiller en regardant la télé, c'est aussi légnifiant qu'un cachet. Aucun sanglot ne veut sortir de ma poitrine. Peut-être que si quelqu'un me parlait, et que je raconte. C'est le troisième homme pour lequel je n'aurai pas le droit d'assister aux funérailles, ai-je tant démérité d'une humble tendresse? Il va me hanter comme les autres l'ont fait des années dans la froidure du vide, sans poitrail où se nicher. La légitime peut pencher sa tête sur un visage mort, y laisser couler ses larmes, rien de charnel ne m'est permis dans ces disparitions. Et l'on s'étonne que je crie sur le papier, trouvant indécent cet acte contre nature, écrire afin que viennent les larmes, écrire pour dénoncer l'injustice que l'on fait à une femme non mariée. J'ai choisi d'aimer sans liens matériels, la société se venge qui tisse les interêts. Les hommes ont peur de la souffrance, ils prennent la main d'une toujours plus jeune. Petite satisfaction d'orgueil, j'ai anticipé de huit jours le dernier baiser. Comme un animal qui ne veut pas se laisser écarter j'ai violé le domicile conjugal et j'ai pris de plein fouet le sinistre de cette fin de vie. Il n'a pas repoussé ma chaste caresse sur sa joue.
Une ex-infirmière rencontrée lors des manifestations durassienne me disait qu'autrefois, dans les hopitaux, lorsque les soignantes étaient compatissantes, les maitresses avaient le droit de visite le matin. Encore fallait-il que l'on sùt quand, et et dans quel hôpital nos hommes étaient soignés, ce qui n'est pas le cas ici. des mois avaient pù s'écouler sans que ses amis ne sachent où le joindre.
Je n'avais pas dormi cette nuit, vers 21h ce soir le fils m'apprit que son père n'était plus. Est-ce une réconciliation ce coup de fil, où pour désamorcer mon goùt du scandale? Savoir c'est mieux que rien, son intelligence m'a calmée, mais contre l'insomnie je griffonne des mots, je tue la mort par des mots. J'aurais dù mourir à trente ans, comme une vieille carne j'ai encore le jarret solide. Est-ce que cela a un sens, tant d'années me sentant damnée à une vie organique avec à peine quelques misères, mais la détresse de ne plus aimer, aucune épaule où se reposer. Ils sont tous partis plus gourmands de vie que moi, à croire que végéter rime avec longévité.

A l'enterrement de François Mitterrand il y avait la femme, la maitresse et la fille cachée. Cette générosité était-elle politique ou politesse du coeur?
Il faut dire que cet homme m'avait reniée dans ses derniers écrits: Certes, j'ai eu une liaison avec une certaine D.B. mais c'était dans les années où je buvais! On ne pouvait être plus muffle. Sa fragilité de vieillard avait recouvert cette cruauté de matamore. J'aurais pù le consoler de ses lâchetés: Ma femme vous venge toutes! me disait-il. elle l'a mis au régime sec, plus de copains, plus de copines.
Une crémation! Je pense à son père mort à Auswitch, c'est d'un goùt. Rien ne vient ni honte ni regret, seulement l'insomnie, le sommeil qui fuit, et ce temps d'oubli qui tarde depuis des temps. Il en a coulé de l'eau sous les ponts depuis notre dernière nuit, mais il disait qu'entre nous le dialogue ne s'était jamais arrêté. Bien qu'étouffé par son mal il a pù me murmurer: Vous êtes encore belle! Je n'ai pas à me plaindre, c'est un bel adieu.

Le scorpion

On espère toujours que les gens auront changés, qu'il faut faire confiance. Et je me rappelle l'histoire du scorpion qui veut traverser l'étang sur le dos d'une grenouille. "Mais si je te prends, tu vas me piquer!- Mais si je te pique on se noie tous les deux!" Convaincue la grenouille laisse monter le scorpion sur son dos. Au milieu de l'étang, celui-ci la pique,au moment de couler, elle demande pourquoi? Parce que je suis un scorpion, c'est dans ma nature!

Désaccord Parfait (Antoine de Caunes)


Charlotte Rampling reste bien sexy en maitresse acerbe, et Jean Rochefort désopilant en amant instable qui veut reconquérir la belle.

Back Street (Kim Basinger) 2

Il m'avait dit d'aller voir le film de Basinger "Back Street" afin de justifier ses mensonges, que je comprenne toute l'ambivalence des sentiments d'un homme adultère.

N'ai-je pas le droit à la tristesse? Je ne peux pas pleurer, que veiller en regardant la télé, c'est aussi légnifiant qu'un cachet. Aucun sanglot ne veut sortir de ma poitrine. Peut-être que si quelqu'un me parlait, et que je raconte. C'est le troisième homme pour lequel je n'aurai pas le droit d'assister aux funérailles, ai-je tant démérité d'une humble tendresse? Il va me hanter comme les autres l'ont fait des années dans la froidure du vide, sans poitrail où se nicher. La légitime peut pencher sa tête sur un visage mort, y laisser couler ses larmes, rien de charnel ne m'est permis dans ces disparitions. Et l'on s'étonne que je crie sur le papier, trouvant indécent cet acte contre nature, écrire afin que viennent les larmes, écrire pour dénoncer l'injustice que l'on fait à une femme non mariée. J'ai choisi d'aimer sans liens matériels, la société se venge qui tisse les interêts. Les hommes ont peur de la souffrance, ils prennent la main d'une toujours plus jeune. Petite satisfaction d'orgueil, j'ai anticipé de huit jours le dernier baiser. Comme un animal qui ne veut pas se laisser écarter j'ai été au domicile conjugal et j'ai pris de plein fouet le sinistre de cette fin de vie. Il n'a pas repoussé ma chaste caresse sur sa joue.
Une ex-infirmière rencontrée lors des manifestations durassienne me disait qu'autrefois, dans les hopitaux, lorsque les soignantes étaient compatissantes, les maitresses avaient le droit de visite le matin. Encore fallait-il que l'on sùt quand, et et dans quel hôpital nos hommes étaient soignés, ce qui n'est pas le cas ici. des mois avaient pù s'écouler sans que ses amis ne sachent où le joindre.
Je n'avais pas dormi cette nuit, vers 21h on m'apprit qu'il n'était plus. Contre l'insomnie je griffonne des mots, je tue la mort par des mots. J'aurais dù mourir à trente ans, comme une vieille carne j'ai encore le jarret solide. Est-ce que cela a un sens, tant d'années me sentant damnée à une vie organique avec à peine quelques misères, mais la détresse de ne plus aimer, aucune épaule où se reposer. Ils sont tous partis plus gourmands de vie que moi, à croire que végéter rime avec longévité.

A l'enterrement de François Mitterrand il y avait la femme, la maitresse et la fille cachée. Cette générosité était-elle politique ou politesse du coeur?
Il faut dire que cet homme m'avait reniée dans ses derniers écrits: Certes, j'ai eu une liaison avec une certaine D.B. mais c'était dans les années où je buvais! On ne pouvait être plus muffle. Sa fragilité de vieillard avait recouvert cette cruauté de matamore. J'aurais pù le consoler de ses lâchetés. Rien ne vient ni honte ni regret, seulement l'insomnie, le sommeil qui fuit, et ce temps d'oubli qui tarde depuis des temps. Il en a coulé de l'eau sous les ponts depuis notre dernière nuit, mais il disait qu'entre nous le dialogue ne s'était jamais arrêté. Bien qu'étouffé par son mal il a pù me murmurer: Vous êtes encore belle! Je n'ai pas à me plaindre, c'est un bel adieu.

mardi, octobre 10, 2006

Rencontre avec Jean-Claude Drouot par Frédéric Vignale

Jean-Claude Drouot est un Orson Welles saisissant de vérité et de justesse, depuis le début de la rentrée 2006, au théâtre Marigny.
Ayant particulièrement aimé la pièce, nous avons souhaité rencontrer son héros ; un homme simple et humble, qui a répondu à nos questions avec une grande générosité et beaucoup de tendresse, directement depuis sa loge.
Jean-Claude Drouot est un grand professionnel exigent et sincère qui place son Art avant tout. Il est le serviteur d’un rôle, pas un acteur à l’ego démesuré qui singerait Welles.

1. Bonsoir Jean-Claude Drouot. J’ai particulièrement apprécié votre interprétation d’Orson Welles et vraiment je pense que vous êtes avec cette pièce, le passage obligé de cette rentrée théâtrale. Comment est arrivée cette pièce dans votre vie ?

C’est une pièce que je n’ai pas sollicité, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Elle est venue à moi par hasard, lors d’un diner à Paris avec Jacques Collard qui s’est écrié à un moment donné mais comment n’ai-je pas pensé à vous avant pour ce rôle ! puis-je vous envoyer un texte s’il vous plaît ?

C’était "Votre serviteur Orson Welles", la version était juste beaucoup plus longue qu’aujourd’hui.

Comme Welles, je suis très touché par la thématique de "Don Quichotte". J’admire l’homme de théâtre et le cinéaste depuis longtemps.

Dans les années 50 alors que j’avais à peine douze ou treize ans, j’avais été subjugué par son rôle dans "Le troisième homme". Ce film fut un très gros succès en Europe à sa sortie, Welles avait une côte énorme à cette époque.

2. Comme je le disais dans la chronique que j’ai faite sur votre pièce, vous n’imitez pas Orson Welles, vous êtes habité par le personnage. Est-ce un rôle difficile à tenir ? Avez-vous eu peur de ne pas être à la hauteur ?

Il est vrai que Welles est un personnage très impressionnant, sa stature, son aura mettent les gens à distance. Il a cette faconde, ce charisme inouï. Mais vous savez, même si je ne me comparerai jamais à lui, j’ai connu à ma petite échelle un succès foudroyant avec "Thierry la Fronde" et moi aussi j’ai du faire face aux sollicitations diverses. Cela a été très formateur et j’ai décidé très vite de refuser de céder aux facilités, au contentement... car je n’avais pas fait le choix de ce métier pour cela.

Je ne me prends pas pour Orson Welles, moi je n’ai jamais fait de publicité de ma vie et je n’en ferai jamais, j’y perdrai mon honneur, mais je respecte l’homme et l’artiste.

On est venu me chercher pour jouer Welles, je fais mon métier avec passion, cela me rend très heureux, j’essaye de faire rencontrer ce rôle avec mon idéal poétique et artistique. Voilà tout ce qui m’intéresse.

3. Qu’est-ce qui vous touche chez Welles ? Avez-vous tout fait pour lui ressembler davantage ?

Welles est un être admirable. Le Welles que j’admire le plus est celui de l’aveu de Falstaff, là il est d’une immense stature. Il prend le pouvoir, il tisse sa toile, il vous entraine dans son labyrinthe et mène le jeu. Il est formidable de justesse dans beaucoup de rôle mais c’est dans la Démesure qu’il révèle tout son talent.

Je n’ai rien fait de particulier à mon physique pour ressembler plus à Welles ; ce qui est troublant sur scène c’est le jeu des lumières, la gestuelle, c’est là que le mimétisme se fait avec des trucs de théâtre, rien d’artificiel sur moi, pas de postiche, juste des costumes sur mesure et un très beau travail d’équipe pour faire de moi un Welles vraisemblable.

4. La construction de la pièce "Votre serviteur Orson Welles" est d’une grande qualité. Les trois plans du décor, Serge Le Lay le personnage qui vous donne la réplique, les jeux sur le son, les costumes, les lumières... voilà un travail rondement mené.

J’ai participé activement à la construction de la pièce, je n’ai pas voulu écrire "metteur en scène" mais plutôt réalisateur, c’est un prodigieux travail d’équipe. Je me sens bien dans les costumes, les lumières sont magiques, Serge est un partenaire de très haut niveau, nous formons réellement un vrai couple, un duo théâtral. Vous savez, c’est une pièce inclassable car elle est le rendez-vous de plusieurs genres.

C’est le Théâtre qui regarde le Théâtre, le Cinéma passe après. Welles était avant tout un homme de Théâtre et de Radio et la pièce transcrit bien cela. Les scènes de studio sont si bien rendues dans le jeu que lorsque je vais parler de cette pièce dans un vrai studio, je le trouve moins vrai que celui que nous avons inventé sur scène (rires).

5. Cela ne rend -t- il pas un peu schizophrène de jouer Welles, de lui ressembler autant sur scène ? Comment est-on porté par un tel personnage ? N’y a t’il pas une vraie rencontre DROUOT/WELLES avec ce spectacle ?

Non, jamais je ne deviens Welles, je reste toujours un acteur qui est au service d’un personnage et je ne me perds pas dans la personnalité si forte d’Orson.

Je ne suis pas son sosie parfait mais cela fait illusion semble t-il pendant la durée de la Pièce. Je parle un anglais acceptable, cela m’a aidé pour le texte même si je me permets de franciser quelques noms propres pour qu’ils soient compréhensibles par le public.

Welles n’est pas un homme beau à la fin de sa vie, il est obèse, marche avec difficulté et souffle fréquemment mais il a la séduction de l’intelligence, le Génie, c’est cela qui faisait son charme extraordinaire.

6. On dirait que ce rôle de Welles est un étape importante dans votre vie et carrière, est-ce exact ?

Je suis si fier de cette pièce et de tout le travail des équipes que se pourrait être mon dernier Show sur scène. Je suis pleinement satisfait de cette aventure, je n’ai aucune rivalité avec Orson Welles, je suis à son service, son serviteur dévoué. Cette composition m’offre une liberté absolue, une grande inventivité d’acteur.

Je veux que rien ne soit totalement fixe, j’aime cette mise en danger.

Welles me guide, m’aide à sortir le meilleur de moi-même, sa figure me porte.

J’éprouve vraiment un sentiment heureux en faisant "Votre serviteur Orson Welles

"Votre serviteur Orson Welles", actuellement au Théâtre Marigny de Paris.

J'ai vu le spectacle à la couturière, je retournerais samedi après-midi le voir avec les petits vieux de la Mairie ( place gratuite) Dorothée Blanck


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lundi, octobre 09, 2006

Fabienne Bergeron- Marguerite Duras-Trouville

Fabienne Bergeron est à la fois l'âme et la cheville ouvrière de cette manifestation durassienne qu'elle a crée il y a dix ans. Son absence pour des raisons de santé a été vivement ressentie affectivement par le public et les intervenants. J'avoue que la soirée du samedi a été indigeste avec quatre courts métrages de Duras précédé par le film de Jérôme Beaujour " La Caverne Noire" où il y avait déjà des plans des dits films. "C'est très bien! m'a dit une durasienne, on comprend mieux!- Pour moi, un film est un objet en soi, s'il faut une note explicative pour y entrer, non!"
Malgré des défaillances techniques, la biographe Joêlle Pagès-Pindon faute de lumière ne pouvait lire ses notes, son envolée passionnelle a traversé la salle. Et gardant patience contre un défaut de projecteur nous avons pù voir le film de toute beauté de Michelle Porte Les Lieux de Marguerite Duras. La cinéaste s'est completement effacée aidant juste l'écrivain par quelques relances faites d'une voix douce de jeune fille, à ciseler la pensée de Duras, telle une vague qui reviendrait polir un galet et creuser le sable. J'aurais voulu noter chaque phrase dite par Marguerite Duras, dans le noir, ce ne fut pas possible: Ce qui est le plus proche de l'assassinat c'est l'accouchement, cris d'égorgé, cris de quelqu'un qu'on tue! Grand alibi le rêve, empêchement à passer à l'action, le rêve c'est la pornographie! Je n'ai jamais rêvé, c'est pour ça que j'écris! Avant la puberté j'allais en forêt, je n'avais pas peur, la forêt c'est la peur de moi! Si je lis du Racine comme le font les acteurs, on n'entend que le balancement des phrases, on n'entend pas les mots! Il n'y avait pas de terre à prendre des juifs, faute de prendre des matériaux on s'est acharné sur leurs corps! Ma mère était occupée par son désespoir, nous étions des enfants libres! Je pense que la fin du monde arrive, ce sera quand les deux grands blocs USA et Russe se regarderont et qu'est ce qu'il restera au milieu, le désert! C'est très longtemps après le film que j'ai réalisé que Nevers en France, c'est never(jamais) en anglais! Le sable c'est le temps! Il est poreux le fou, il n'est rien, donc les choses le traversent!

L'après-midi, au lieu dit Les Roches Noires, ce fût La douleur La comédienne Arlette Téphany, oubliant Duras, s'est complètement appropriée le texte, un grand moment d'intensité dramatique. La femme récupère son mari rescapé des camps, il n'est plus qu'un squelette, il meurt quelques temps après dans ses bras. Elle s'exclame avec une joie féroce: Non! Robert Antelme n'est pas mort dans les camps de concentrations!

Puisque c'était des journées souvenirs, beaucoup de choses je les avais déjà vues dont les extraits La vie Matérielle et Nevers avec Claire Deluca et Sophie Lahayville Mais Claire avait réservé pour la fin de nous faire rire. Claire Deluca a raconté: Marguerite Duras donnait les clés aux répétitions: "Donnez la place à l'auteur! Ce sont des personnages farfelus, jamais tristes, le contraire du théâtre psycologique!" C'est donc avec une fantaisie débridée que Claire à interprêté des extraits Le SAGA et MOA

mercredi, octobre 04, 2006

Mairie 3ième Institut de cancérologie Gustave Roussy Villejuif

Sous l'égide de l'Association Micheline Ortan Des spécialistes en cancérologie nous ont offert un colloque
Mario di Palma a parlé du traitement de la douleur prônant l'utilisation de la morphine moins nocive que des anti-inflamatoires.
Pierre Zimmermann: Faites confiance aux spécialistes! "Un oiseau ne chante juste que dans son arbre!
Sylvie Bonvalot: Du bien fondé d'une nouvelle molécule qui inhiberait la protéine responsable et suite à la nécrose du cancer on pourrait enlever celui-ci avec une chirurgie moins invasive.
Axel Lecesne: Traitements oraux, inhibiteurs de la protéine anormale, depuis 4-5 ans

On trouve plus de cancers parce que la population vieillit, (exemple la glande de la prostate) mais ces docteurs sont très optimistes car ils travaillent en synergie et espèrent que demain les techniques seront moins invasives.Ma voisine me disait: Si vous avez un problème, allez directement à Villejuif, vous serez prise en charge par un groupe, ils se connaissent tous. Et de sa mère qui à 100 ans et dit: Vous savez, la vie est si courte!

Le pouvoir

Ne jamais essayer d'enlever le petit pouvoir de petites gens, ils ne vous le pardonneraient pas. Toujours polie, attendant sagement mon tour, leur montrant du respect et les remerçiant.

lundi, octobre 02, 2006

Le Colonel (Laurent Herbier) joué par Olivier Gourmet

Le Colonel est magnifiquement interprêté par Olivier Gourmet.Un jeune recrue est fasciné par le charme et la dialectique de son supérieur, on le comprend. Je ne sais si c'est le temps passé, les problèmes de colonialisme qui ne sont plus de mise chez nous, malgré le choc violent des images de tortures qui elles ont toujours cours dans tous les pays, j'ai eu le sentiment de voir un vieux film. Peut-être parce qu'on sent trop la patte de Costa-Gravas?
Mon Colonel, de Laurent Herbiet. Avec Olivier Gourmet, Robinson Stévenin et Cécile de France. France/Belgique, 2006. 110 minutes. ****

Algérie, 1957. Guy Rossi, un jeune lieutenant français est envoyé à Saint-Arnaud, où l’armée française tente de reprendre le contrôle de la ville livrée aux rebelles algériens. Il se retrouve sous le commandement du colonel Raoul Duplan, fermement convaincu de la mission civilisatrice de la France en Algérie. S’ouvre alors un débat moral entre les deux hommes, l’un prêt à tout pour vaincre les fellaghas (rebelles algériens), et l’autre, ne voulant agir que dans le respect des lois. Vingt ans plus tard, une série de lettres anonymes envoyées aux enquêteurs permettent de lever le voile sur ce qui s’est réellement passé, cette année-là, à Saint-Arnaud.

Mon Colonel est une adaptation cinématographique du roman éponyme signé par Francis Zamponi en 1999. Le scénario a été co-rédigé par Costa Gravas, à qui l’on doit notamment Amen. Alors que la guerre en Irak bat son plein et que la France réussit doucement à affronter ses démons du passé, Mon Colonel fait surgir des débats encore criants d’actualité. Jusqu’où peut-on aller pour gagner une guerre? Les soldats sont-ils responsables individuellement des crimes commis? Quel est le rôle des politiques dans la chaîne de décisions ayant mené à l’application de la torture.

Un vieil enfant

Il existe des associations pour enfants en détresse, on ne peut obliger à rien un vieux qui s'enferme refusant toute aide.
Je me suis abimée dans l'agonie de ma mère. Je me suis enlisée dans le regard de ma soeur Suzy en décomposition ces jours de canicule où personne ne venait nous l'enlever. J'étouffe d'une tendresse inavouée pour un ex qui n'est plus en mesure de la recevoir. Comment faire son deuil d'un mort vivant?
Un front taché de plaques brunes, une peau aspirée par la maigreur, la voix à peine audible et sans réponse à des questions pratiques. Je n'ai pù m'empêcher d'embrasser cet homme que je ne reconnaissais pas, sa main, son cou, sa bouche. Il ne savait me dire que: "Je vais mal! en pleurant doucement comme un enfant qui a peur d'être battu s'il manifestait plus. Il était sur le pas de sa porte:" il y a quelqu'un déjà!- Est-ce que je peux faire quelque chose, appeler vos amis? - Non! Non! Il y a quelqu'un déjà! -Votre femme? -Oui! Vous êtes toujours belle!" Cette phrase à peine murmurée, plusieurs fois me laissait croire qu'il m'avait reconnue (mémoire ancienne).
Une spy rencontrée dans la rue: Je ne le verrais plus? -Non!
Ce Non! catégorique est tombé comme un couperet, je ne voulais pas y laisser ma tête. Je suis descendue à la station de métro et j'ai téléphoné. "Je suis en bas de votre immeuble!-Montez!" Ne pas affoler cet homme que je n'ai pas vu depuis presque trois ans. Il m'ouvre, je me crois dans un film de science-fiction, l'horreur d'un personnage qui a prit vingt-ans d'un coup, et qui se tient hébété et flageolant dans l'embrasure de sa porte,Il me fait penser à Edmond Dantès sorti de son cachot dans le Comte de Monte-Christo. Nous restons sur le palier, il ne répondra à rien, ni au nom de son médecin, des amis à joindre, du traitement qu'il subit, de quel mal il souffre, rien que son gémissement: Je vais si mal!
De crainte que son épouse ne remonte, et pour le pas l'inquiéter, je suis redescendue par l'escalier: Rentrez et fermez votre porte! Le malade n'en faisait rien me regardant fixement, je ne savais si c'était un regard d'adieu où d'un appel au secours. Le cauchemar entre en moi comme une bête ignoble, je ne peux me résoudre à rester passive, j'appelle le seul ami qui avait ses entrées: Je ne l'ai pas revu depuis avant les vacances, il faut que je retrouve du courage, il me déprime tant! J'avais imaginé pour le rebooster que quelqu'un le filme pour le forcer à sortir de son antre, c'est trop tard, à part photographier un extra- terrestre d'outre tombe si l'on veut du morbide.
je n'ai rien à me mettre sous la dent depuis des décénies. Un jour quelqu'un me dira Tu as vu dans le journal? C'est d'ailleurs ce qu'il m'avait répondu: "Comment je saurais si vous êtes mort? -Vous l'apprendrez par le journal!"
Je pourrais intituler ce texte: Chronique d'un pourrissement avancé.
Il me faut trouver une autre filière pour des renseignements exacts. Je ne me résous pas au deuil tant qu'il y a vie. Ma douleur c'est l'impuissance face au mal des autres.