Sacha Guitry avait raison lorsqu'il disait :"Une femme qui a eu plusieurs maris est forcément plus intéressante qu'une femme qui n'en a eu qu'un seul!"
En écoutant "Les grands du rire" je me rends compte que mon éducation artistique a été forgée par les préférences de mes concubins.
Jacques Loew ne jurait que par Charles Trenet, question sport il m'emmenait a Roland Garros. Nous avons fréquenté tous les grands salons de thé de Paris à défaut de déjeuner, c'était chic! Et le soir, les cinémathèques qui lui étaient ouvertes, car il avait été l'un des premiers animateurs de Ciné-Club avec "Le Parnasse" rue Vavin.
Gilles Durieux m'a fait écouter Boby Lapointe, Petit Bobo, Michel Fanon, Anne Sylvestre, au "Cheval D'or", rue Mouffetard, nous logions dans un petit hôtel rue de la Rue de Lhomond, c'est dire en voisins. J'ai du apprendre à tenir la marque pour ses matchs de basquet le samedi, et regarder le foot qu'il organisait entre journalistes et artistes le dimanche. Nous admirions Jean-Paul Belmondo en goal se jetant sur la balle, Jacques Charrier nouvellement papa, Roger Coggio triomphant au théâtre dans "Le journal d'un fou", Jean-Claude Drouot si célèbre avec son Thierry la Fronde" qu'il fallait la police pour le sortir de sa voiture et l'amener sur le terrain tant les jeunes fans se l'arrachaient.
Ghislain Cloquet m'a fait aimer le cinéma belge, notamment les films d'André Delvaux qu'il éclairait, j'ai eu un choc en découvrant "L'Homme au crâne rasé", autant que pour les films japonais dont "La femme de sable".C'est avec grand plaisir que je l'accompagnais lors des repérages pour les films en extérieurs. Et c'est Ghislain qui m'a mise à l'écriture pour éviter que je m'ennuie en l'attendant durant ses tournages.
Si je peux considérer les chefs de villages du Club Méd tels Gilbert Héron et Mirdieu comme des hommes de notre vie, grâce à eux j'ai appris et donné des cours de yoga, de tir à l'arc, et admiré amoureusement leur savoir faire féodal pour tenir en harmonie des wagons entiers de GM-Go ensemble.
Avec Jacques Sternberg j'ai du tenir le foc de notre Zef acheté de moitié, je n'ai jamais appris à barrer le laissant à sa passion. J'ai campé seule à Trouville en attendant le marin qui m'avait offert un Solex afin que je puisse le rejoindre.
Les après-midi parisiens nous allions voir les grands mélos américains, et Sternberg était amoureux de Marlon Brando. Puis les hôtels de passe "Une chambre pour un moment." Il aimait manger chinois, les whiskies au Sélect, chez Lipp, au Flore qui était son bureau, les dessinateurs Roland Topor- Cardon- Jean Gourmelin- et d'autres, venaient lui montrer leurs dessins que Sternberg éditait dans les anthologies Planète, il les jalousait "On devrait pouvoir écrire une nouvelle comme eux racontent une histoire d'un seul trait!"Dans ces cafés chacun et surtout chacune pouvait l'y trouver c'est dire que nous n'y étions jamais seuls, je me minéralisais en attendant une échappée au lit.
Beaucoup de bœufs, par opposition aux taureaux agissants, m'ont sortie, mais c'était des relations trop elliptiques pour faire mon éducation dans un domaine précis.
Mais chacun le sait, les humoristes ne sont pas les plus aptes à avoir une vie privée gaie pour l'entourage, c'est donc à des inconnus ou des familles d'accueils que je dois d'être restée en vie.
Me reste la télévision pour cultiver la nostalgie de ces personnages.