samedi, avril 18, 2009


Les rêves mettent à nu les sentiments les plus fous dans une lumière hyperréaliste. D'où cette mémoire implacable du détail. Donc, aucune tricherie possible avec les sentiments de haine, d'amour, ou de désir. Préambule;
C'est une fausse blonde avec des cheveux frisés qu"elle raidit avec des mises en plis mexicaines. C'est dur de dormir avec du Scotch qui colle les mèches pour avoir une chevelure de vamp, une frange cachant le front carré,et tombant sur des paupières naturellement lourdes. Sa séduction est celle d'une danseuse, tout dans les reins. Le mollet un peu fort fait penser à Jazy alors on étire le cou avec une grâce qui se veut hautaine par timidité, son déhanchement chaloupe comme une barque ivre qui s'accoterait aux rambardes, le cerveau vide ne reconnaît pas les gens du lieu. L'habitude scénique n'y peut rien quand il n'y a pas les projecteurs qui protègent du regard d'autrui. Sa seule aisance est sous les draps, yeux fermés, offrant le galbe de ses pommettes de slave à qui y touche du doigt. elle est étale sous les caresses comme une somnambule qui ne doit pas être réveillée. Les sons, les odeurs, l'impact de deux chairs la pénètrent néanmoins sous l'édredon. La frigidité de la danseuse classique se dissout lentement, à regret. Sa cervelle dolente est finalement obligée de prendre conscience du partenaire parce qu'il agace ou émeut son rêve ne devient jamais tout à fait réalité. Elle le poursuit nuitamment, alors même qu'il devient cauchemar, ne se sentant vivre qu'à ces instants de viol, sa journée n'étant qu'un prélude à cette vie fantasmagorique. Elle rêve le jour ce que sera sa nuit.
Quelques amants charmés par cette langueur se sont glissés dans cette vie comme dans une forteresse, ils ont creusés des couloirs qui n'en finissent pas, pour pénétrer cette dormeuse, laquelle savoure silencieusement et égoïstement cet effort pour la jeter bas de son imaginaire Mais, dans un livre blanc offert par l'un d'eux, elle raconte ses hommes, son dégoût, ses peurs, et la délivrance de l'acte consommé. "Intimité du lu et du non-dit", ils savent par ses écritures tout ce qu'elle pense.
Ainsi une aventure sans fin avec ses amants qui sont aussi ses lecteurs.
Plus simplets, ces hommes nourrissent leur libido à d'autres sources, alors qu'elle poursuit son rêve d'eux. Les personnages, comme dans un manège, reviennent de façon cyclique la tourmenter, la hanter, ou lui offrir le bras en vue d'autres partages. Elle arrime ces passants telle une Ophélie noyée dans l'entrelac inexpliquable de ses cheveux d'algues. "Marine" devrait être son nom, elle est du signe des Poissons. Elle en a la goinfrerie, sa bouche avide d'air avale tous les détritus, mais elle reconnait la potion magique de l'amant, seul aimé. Cela respire et nage, en eau qui peut parâtre trouble.
Ce récit commence dans les années 68 Il fallait des havres de hasard contre les gaz lacrymogènes, d'où ces errances dans un Paris plein de détonations des choeurs estudiantins, ouvriers, artistes et bourgeois.
D'un hôtel à un renfoncement de bistrot, Marine suivait la foule et refluait comme chacun sous la lance d'incendie. C'était l'heure du stop, point d'essence pour le Solex. Les couettes marchaient bon train en deux manifestations, et l'impossibilité de regagner son logis. C'était la fête des idées, du cul, rimant surtout à ce moment là avec passion. Que n'en déplaise à Dieu, nous n'avons pas fait de petits. Le mariage c'est pour les autres, ceux qui ont peur de toute façon.


(1)*Je ne voulais pas que Nathan parte en embarquant une autre fille alors je les poursuivais pour les dévêtir tous les deux, afin qu'ils ne puissent ni sortir ni rentrer dans des endroits publics, surtout pas dans un hôtel.

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