mardi, septembre 04, 2012

(142)*Je dois rendre son sexe au dessinateur Roland Topor. Comment faire, car nous sommes entourés de gens, dans un lieu public ? D’autant que ce bout de boyau vidé de toute substance est plutôt minable. Je cache ce sexe dans ma main en cherchant de quoi l’envelopper, ne serait-ce que dans un pli de ma robe, pour le remettre à Roland de la main à la main. Quelle est la circonstance qui a provoqué l’affaire, je ne m’en souviens pas. Le plaisir a dû être normal puisque je n’ai aucun sentiment de frustration. C’est probablement la première fois depuis que nous nous connaissons.
Je me rends compte que je n’ai pas dû utiliser de protection, alors je vais me laver le derrière afin de limiter les dégâts, Sida et autres. Puis, attablés au bistrot, nous devisons. Nathan vient nous rejoindre et tout naturellement je m’adosse à lui, la tête dans son cou, comme si cela allait de soi. Cela ne peut vexer Roland qui connaît nos douloureuses et anciennes amours. Le surprenant, c’est que Nathan ne se défend pas de ma lascive tendresse en public.
J’ai toujours le sexe de Topor dans le pli de ma robe chiffonné dans ma main. Sur le sentier bordé de plants grimpants de haricots verts, Roland s’écrie:
« Mais ce sont mes haricots verts ! C’est moi qui les ai plantés ! »
Je me mets à en remplir ma jupe, à défaut de sac. Il est temps de les cueillir car certains pourrissent déjà, tellement ils sont énormes. Au passage je fauche une salade, des bananes, et des poires qui sont étalées sur une claie. Il y a aussi de belles noix à terre, pour les protéines, mais ce serait trop encombrant. J’ai déjà à manger pour plusieurs jours.



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