mardi, octobre 17, 2006

La bière (2)

C'est ravissant de marcher sur le pavé entre les arbres et les tombes. Il fait un doux soleil d'octobre. Je laisse mes deux amis bavarder ne laissant aucun vide, je manque d'air pour me retrouver avant d'arriver en haut du cimetière. Dès que je suis seule, la poitrine se regonfle de sanglots non libérés. La musique libératrice qui déclenche les grandes émotions était absente de cette cérémonie. Je n'ai rien vu dans ce hublot, ni sarcophage, ni flamme, la lucarne étroite ne permettait qu'à quelques-uns d'assister au pire, une crémation aussi impersonnelle que si nous assistions à l'exécution d'un condamné inconnu. Une copine, Jean-Batiste et moi, nous sommes allés boire un coup, j'ai pensé à ma mère, j'ai bu une bière. (mise en bière) On était bien sur cette terrasse d'un quartier populaire. Pour distraire le peuple je voulais faire une loterie avec quelques livres qui me restait de lui, je les ai distribué à la volée. J'étais partie sans dire au-revoir à la poignée d'amis qui s'était déplacés. J'adore les gens qui ne se salissent jamais les mains, ni au sens propre, ni au figuré. On est sûr que pendant les tempêtes ils se taisent.
Walter Lewino disait que les tragédiennes sont porteuses de vie parce qu'elles vivent leur drame jusqu'au bout, et renaissent. Je n'ai plus de rage, plus d'attente, qu'une santé que l'on m'envie. C'est du travail vous savez! Un prof de l'Actor Studio: Prenez soin de vos dons! Georges Leroy de la Comédie Française: Il faut beaucoup de santé pour jouer la tragédie! Et Jean-Pierre Darras: Je vous en supplie, soyez bon ou mauvais, mais surtout n'ouvrez pas votre robinet d'eau tiède!; Pourquoi êtes vous incapable de vous déculotter dans la tirade amoureuse de la Reine de Ruys Blas (Victor Hugo) alors que vous pouvez jouer Ne te promènes pas toute nue! (Alain Feydau)
Marilyn Monroe usait ses partenaires en exigeant de refaire les prises 10-15 fois, ils étaient vidés, elle était sublime.
Jean-Batiste a été choqué du caractère impersonnel de l'établissement, de l'accueil Bureaucratique. "C'est comme dans "L'Employé" ( édité par Losfeld )- C'est çà!"

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