mardi, octobre 20, 2009

Vroum vroum! 18 octobre, 2009 Posté par walterlewino dans : POESIE-LITTERATURE, SPORTS

http://walterlewino.unblog.fr— Bonjour… Madame ?…Mademoiselle ?…
— Mademoiselle.
— Bien, Mademoiselle. Alors, voilà, j’aimerais connaître les conditions pour passer le permis moto.
— C’est pour vous ?
— Oui, bien sûr.
— Excusez-moi, Monsieur, vous êtes né en quelle année ?
— Vous désirez savoir mon âge ? Quatre-vingt-cinq ans. Pourquoi ?
— C’est que…c’est que… Attendez, je crois qu’il y a des conditions spéciales pour les gens comme vous. En tout cas une visite médicale. Je ne sais pas trop où sont les instructions. Ça ne nous arrive pas souvent d’avoir des candidats de votre âge, même des plus de cinquante ans. C’est plutôt des jeunes…
— Je sais. Vous voyez, Mademoiselle, ce n’est pas moi qui l’ai achetée cette Yamaha, c’est mon petit-neveu qu’a dix-neuf ans. Seulement au bout de six mois il a eu besoin d’argent, vous connaissez la jeunesse. Alors il me la revendue à un bon prix, il m’a même donné en prime tous les accessoires, deux casques, des gants, des grosses sacoches et puis je ne sais plus quoi. Vous savez, il est orphelin de père et de mère, je ne peux rien lui refuser.
— Je comprends. Une Yamaha ? Vous savez de quel type de Yamaha il s’agit.
— Oui attendez, j’ai les formulaires… Une Yamaha FRJ 1300 AS.
— Puis-je voir le formulaire ?
— Volontiers, Mademoiselle, le voici
— … Mais c’est un monstre. Vous voulez vraiment enfourcher un pareil gros cube. Il pèse au moins 300 kilos.
— Ah ! Je le sais, Damien, mon neveu, m’a à plusieurs reprises fait faire un tour derrière lui. C’était très facile. Et puis il m'a expliqué que sa Yamaha est automatique et qu'il y a des poignées chauffante. Ça m'arrange. Vous comprenez, avec l'âge je ne suis plus très adroit et je suis devenu frileux.
— Oui Monsieur, je comprends. Mais puis-je vous poser une question. Avez-vous déjà fait de la moto ?
— De la moto, pas vraiment, beaucoup de vélo, et puis après la guerre j’ai eu un Solex.
— Un Solex ?…
— Oui. Ils ne les fabrique plus et c’est dommage. Imaginez une sorte de vélo pour femme, avec un petit moteur sur la roue avant, on n’avait pas besoin de pédaler.
— Je vois.
— J’ai aussi le permis auto depuis 1946. J’en ai eu quatre et même une Volvo. Il y a bien longtemps. Maintenant en ville on ne peut plus ni rouler ni se garer.
— Je suis d’accord avec vous.
— Alors que les motards, je les ai bien repérés, ils se faufilent et peuvent se garer un peu partout. C’est ça qui m’intéresse.
— Oui, Monsieur, mais les voitures possèdent quatre roues et les motos seulement deux.
— Je sais, Mademoiselle, ce n’est pas à un homme qui a fait du vélo jusqu’à près de cinquante ans qu’il faut dire cela.
— Excusez-moi. Mais est-ce que vous savez que la moto c’est plus dangereux que l’automobile ? Beaucoup de jeunes, hélas ! y laissent leur vie.
— Ouais, mais il vaut peut-être mieux qu’un vieux comme moi, qui n’a plus beaucoup d’années à vivre, se tue, plutôt qu’un jeune qui a toute sa vie devant lui. Non ? Qu’est-ce que vous en pensez ?
— C’est un point de vue.
— Vous ne m’avez toujours pas dit combien ça me couterait les leçons et le permis.
— Ça dépend. Il faut compter au moins 1000 euros. Dans votre cas, je ne peux pas dire. En attendant, vu votre âge, il vaudrait mieux que vous discutiez avec le patron, je ne suis qu’une employée, il sera là demain matin.
— Bien, Mademoiselle, à demain matin… Vu votre âge… vu votre âge… Il n’y en a plus que pour les jeunes. Nous, on est bon pour la casse. Je vous salue bien, Mademoiselle.
— Bonne après-midi, Monsieur.
La scène s’est déroulée dans une moto-école du 3e arrondissement de Paris. Précision, le NVF ne possède ni petit-neveu orphelin ni Yamaha
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