mardi, avril 09, 2013

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09 avril 2013

25 ans de subversion carabinée (4) Marius Jacob

Nous célébrons le vingt-cinquième anniversaire de l’Anthologie de la subversion carabinée de notre cher Noël Godin. Pendant vingt-cinq semaines, des auteurs choisis au hasard dans le sommaire du livre sont ici proposés, avec un ou deux extraits pris au hasard dans le chapitre à chacun consacré. L’exercice est gratuit, paresseux et purement incitatif. Pour le reste, démerdez-vous. Réimprimée plusieurs fois, l’Anthologie est encore en vente libre (éditions de l’Âge d’homme), grâce à elle c’est Noël tous les matins. Achetez-la, volez-la, donnez-la ou partagez-la, mais lisez-la.
Aujourd’hui : Marius Jacob (1879-1954)
marius jacob
La guerre aux riches (1905)
« La société ne m’accordait que trois moyens d’existence: le travail, la mendicité, le vol. Le travail, loin de me répugner, me plaît. L’homme ne peut même pas se passer de travailler, ses muscles, son cerveau possèdent une somme d’énergie à dépenser. Ce qui m’a répugné, c’est de suer sang et eau pour l’aumône d’un salaire, c’est de créer des choses dont j’aurais été frustré. En un mot, il m’a répugné de me livrer à la prostitution du travail. La mendicité, c’est l’avilissement, la négation de toute dignité. Tout homme a droit au banquet de la vie. Le droit de vivre ne se mendie pas. Il se prend.
« Le vol, c’est la restitution, la reprise de possession. Plutôt que d’être cloîtré dans une usine, comme en un bagne, plutôt que de mendier ce à quoi j’avais droit, j’ai préféré m’insurger et combattre pied à pied mes ennemis en faisant la guerre aux riches, en attaquant leurs biens. Certes je conçois que vous auriez préféré que je me soumette à vos lois, qu’ouvrier docile et avachi je crée des richesses en échange d’un salaire dérisoire, et que, le corps usé et le cerveau abêti, je m’en aille crever au coin d’une rue. Alors vous ne m’appelleriez pas "bandit cynique" mais "honnête ouvrier". Usant de la flatterie, vous m’auriez même accordé la médaille du travail. Les prêtres promettent un paradis à leurs dupes. Vous êtes moins abstraits, vous leur promettez un chiffon de papier. [...]
« Mais prenez-y garde, tout n’a qu’un temps. Tout ce qui est construit, édifié par la force et la ruse, la ruse et la force peuvent le démolir.
« Le peuple évolue tous les jours. Voyez-vous qu’instruits de ces vérités, conscients de leurs droits, tous les meurt-de-faim, tous les gueux, en un mot toutes vos victimes, s’armant d’une pince-monseigneur, aillent livrer l’assaut à vos demeures pour reprendre les richesses qu’ils ont créées et que vous leur avez volées ? Croyez-vous qu’ils en seraient plus malheureux ? J’ai l’idée du contraire. S’ils y réfléchissaient bien, ils préféreraient courir tous les risques plutôt que de vous engraisser en gémissant dans la misère. La prison... Le bagne... L’échafaud, dira-t-on ! Mais que sont ces perspectives en comparaison d’une vie d’abruti, faite de toutes les souffrances ? »
Posté par charles tatum à 00:05 -  - Commentaires [0] - Permalien [#]

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