Je déjeunais avec Jacques Sternberg à la Coupole. A la table côté, Suzanne... la plus aimée des scripts française, elle travaille dans une rue de Montparnasse où se trouve un célèbre immeuble rococo, sur le film de Bertolucci Le Dernier Tango à Paris. Je lui raconte que Marlon Brando est la grande idole de Sternberg. Suzanne nous propose de le rencontrer. L'acteur, entre deux prises de vue, est assis dans un grand fauteuil en cuir marron. Il bavarde gentiment en anglais avec l'écrivain dont il connait l'oeuvre. Je reste à l'écart, trop contente d'avoir réussi par mon intermédiaire à faire plaisir à Sternberg.
Je me souviens de cette anecdote car ce soir, Arté repasse le film, tant et tant de fois vu. Il demeure toujours d'une violence rare. Le premier coït entre les acteurs et si rapide qu'il me fait souvenir d'un accouplement entre un lion et une lionne que j'avais vu au Jardin des plantes: brutal et rapide. Et la lionne se roulait sur le dos pendant que le lion s'éloignait la regardant avec mépris, me semblait-il. La même scène que dans le film, Maria Schneider roule sur elle même, une main entre ses cuisses, et Brando plus loin, lové dans sa solitude.