Le froid me gèle la cervelle, je ne pense rien, je ne fais rien, je regarde tous les documentaires concernant la Shoa, et c'est tellement inimaginable que les récitants eux-mêmes disent ne pas y croire d'avoir subi celà. Seul le physique peut se substituer au corps souffrant de l'autre, quand on est sur le tas, devant les pierres du four, où l'herbe qu'on foulé cette humanité martyre.C'est pour ça que les yeux des enfants à qui on montre l'horreur sur le terrain sont fixes, l'intellect ne peut participer de cet indicible. Eux peuvent imaginer cet air qui a été puant, ses sons d'hommes déjà fantômes accompagnés par la musique d'artistes à l'agonie de devoir jouer. Il faut y aller pour croire, tout passe par les sens, pas par l'ententement.
Un couple d'amis non juif m'a offert ce pélerinage il y a quelques années, j'ai compris qu'aucun film,aucune conférence ne pouvait rendre compte de ce à quoi on a échappé. Nous avons mis nos pas sur ceux de la femme qui nous guidait, elle avait vécu cet internement à l'âge de 14 ans, elle racontait, nous nous taisions incapables de lui demander une explication, tout était froid, comme si nous étions pris dans la gangue d'un cancer, impuissants à exprimer le pathétique, l'inéluctable d'une condition humaine destinée à disparaitre.